La ville de Gatineau est séparée
d'Ottawa par la rivière des Outaouais. Au centre d'information
touristique on nous remet une carte de stationnement gratuite,
valable 2 jours: excellente initiative touristique. Nous garons
donc Ch'tiland à proximité de l'Office de tourisme et traversons
à pieds le pont Alexandra qui rejoint directement la
Colline du Parlement, siège du pouvoir canadien. C'est la Reine
Victoria qui décida d'établir le siège du pouvoir du "Dominion
du Canada" dans la petite ville de Bytown, au détriment des 3
villes postulantes: Québec, Montréal et Toronto. Choix politique
judicieux, car la ville se trouve à la frontière linguistique
entre le Québec francophone et l'Ontario anglophone. Il fut
facile de trouver les terrains pour y construire les bâtiments
qui allaient abriter les organes du pouvoir: le Parlement, la
Chambre des Députés, le Sénat, la Haute Cour de Justice, les
Archives Nationales....
Parlement canadien: l'Edifice du Centre
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Aujourd'hui, Bytown, rebaptisée
Ottawa
est une ville agréable, offrant de nombreux espaces verts et de
belles vues sur le St Laurent ou sur le célèbre Canal Rideau.
Nous déambulons toute la matinée dans le quartier du Parlement,
et en début d'après midi allons visiter le Musée de la Guerre,
consacré à l'histoire militaire du Canada....depuis les
incursions vikings jusqu'à nos jours. très beau musée, conçu
comme le Mémorial de Caen, qui met en valeur le courage et le
dévouement des nombreux canadiens qui ont combattu et sont morts
pour leur patrie naissante ou pour la liberté dans le monde.
Après les vikings repoussés par les peuples natifs vers 1000
après JC, vinrent les colons français, anglais et hollandais,
les guerres contre les tribus iroquoises, les batailles entre
français et anglais, puis, quand le pays passa totalement aux
mains des anglais, la guerre de 1812 contre les Etats Unis
naissants.
Canon de 12 livres, utilisé pendant la bataille d'Ypres
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C'est durant la Première Guerre Mondiale que le
Canada, intervenant aux côtés de l'Angleterre en tant que
"dominion" ( en réalité: colonie), pris conscience de sa
capacité d'être une nation à part entière , et reconnue comme
telle, après la bataille de la Crête de Vimy. Le musée est
tellement grand, que le temps nous manque pour tout visiter,
dommage!!!
Mercredi 27 août
Nous allons rejoindre Kingston en
suivant la "Rideau Heritage road".La canalisation de la rivière
Rideau avait été décidée dans le contexte d'une guerre entre les
USA et l'Angleterre, pour pouvoir ravitailler les troupes ,
depuis Montréal, sans passer par le St Laurent. La guerre n'a
pas eu lieu, et le canal nous est parvenu intact, avec ses 48
écluses, encore manœuvrées à la main .
Les écluses du canal Rideau à Ottawa
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Il a beaucoup servi au
développement de la région, puis a été supplanté par le rail
puis par les transports routiers. Aujourd'hui, c'est une
agréable voie d'eau où se croisent des centaines de bateaux de
plaisanciers. Quelques kilomètres avant d'arriver à Kingston,
alors que nous roulons tranquillement au milieu de la
circulation, nous ressentons un violent choc à l'arrière du
Land: une voiture vient de nous percuter. C'est un gardien de
prison qui conduisait trop vite et devait penser à autre chose
qu'à sa conduite.....résultat: panier de la roue de secours
enfoncé, je vais devoir jouer du marteau dans les prochains
jours. Nuit sur un parking Walmart à Kingston. Le
lendemain, le WiFi étant excellent, nous passons un bon moment à
appeler la famille et les amis , nous souhaitons un "Feliz
Cumple à notre ami Pepe de Mar del Plata ( désolés, mais nous ne
pourrons pas être à temps en Argentine pour partager les "tallarines
con mariscos" prévus pour samedi soir...) Nous partons ensuite
visiter le Fort Henry à Kingston, forteresse britannique de
l'époque de la guerre de 1812.
Maniement d'armes comme en
1812
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Un coin de la cour de la
citadelle est occupé par une équipe de tournage qui filme un "peplum":
combats de gladiateurs et crucifixion au programme....sur fond
d'exercices et de maniement d'armes par des soldats en costume
1812....c'est un peu anachronique....Le circuit de la visite est
mal fléché, et l'on tourne en rond pour trouver son chemin. En
bref: si vous avez visité la citadelle d'Halifax, ça ne vaut pas
la peine de visiter celle de Kingston.
Nous reprenons la route
pour rejoindre les rives du lac Ontario, et avant Picton, on
prend un ferry pour une traversée de 10 minutes, et rejoignons
l'office du tourisme de Trenton pour récupérer de la
documentation sur l'Ontario. Nous allons nous poser pour 2 nuits
dans un camping superbement situé sur les rives du lac Ontario,
dans la baie de Weller .
Samedi 30 août
Nous
allons rallier Toronto en passant par Brighton, Cobourg,
Bowmanville, et Oshawa en suivant la route 2. Début de parcours
très agréable, route de campagne, tout se passe pour le mieux.
Malheureusement à une cinquantaine de kilomètres de Toronto, il
nous faut prendre l'autoroute, et là, commence l'horreur....On a
beau être un samedi après midi, l'autoroute à 8 voies est bondé,
et les chauffeurs, d'habitude très respectueux du code de la
route, avec qui nous avons cohabité depuis près de 3 mois, ne
vivent pas à Toronto....Ici, on a à faire aux abrutis des
grandes villes: ils roulent pied au plancher, doublent aussi
bien par la gauche que par la droite, et si vous mettez votre
clignotant pour changer de voie, ils forcent le passage. Je
passe une heure, les yeux passant sans cesse du rétro de gauche
à celui de droite, tandis qu'Evelyne essaye de me guider sur la
bonne file, car les sorties ne sont pas indiquées à l'avance. La
seule indication disponible sur les panneaux indicateurs est:
Prochain Echangeur dans X km, sans indication de localité ni
d'embranchement de route. De temps en temps: une
indication: Avenue Untel...., mais le panneau est posté sur la
bretelle de sortie; si vous n'êtes pas sur la bonne voie, tant
pis pour vous, il faut continuer....Conduire dans Santiago, Lima
ou La Paz, à côté de Toronto, c'est de la rigolade. On finit
tout de même par trouver la bonne sortie pour rejoindre la
camping Indian Line à Brampton, nous sommes tous les deux
complètement lessivés....
Après une nuit de repos, nous
décidons d'aller visiter Toronto. On attend le bus à l'arrêt
situé tout près du camping....mais pas de bus à l'horizon...Il a
beau figurer comme fonctionnant le dimanche...pas de bus. Nous
arrêtons donc un taxi qui passe, mais la note est plutôt
salée car nous sommes à 30km du centre ville, et en plus il y a
des embouteillages. Nous nous faisons déposer devant le ROM (
Royal Ontario Museum), un des plus grands musée du Canada. Il
abrite entre autre 4 totems sculptés par les populations indiennes
de la côte ouest; le plus grand mesure 24 m de haut, et
l'escalier qui le ceinture, ainsi que le hall qui l'héberge ont
été construits après que le totem eu été érigé. Magnifique
galerie sur les populations natives du Canada, des indiens des
Grandes Plaines aux Eskimo du grand Nord.
L' Oviraptorosaurus, et le Chasmosaurus belli vivaient il y a
respectivement 66 et 76 millions d'années....
La section des
dinosaures est fabuleuse, les collections sur la Chine, la
Corée, la Rome Antique et l'Egypte des Pharaons, de même. Nous
sortons à regrets de ce musée à la fermeture des portes. Retour
à notre camp de base en prenant le métro puis un bus ( c'est
aussi long qu'en taxi, mais nettement moins cher)
Le
mardi nous quittons la région de Toronto ( en évitant
soigneusement les autoroutes) et partons par la route 10 en
direction de la Baie Georgienne, qui fait partie du Lac Huron,
mais en est partiellement séparée par une large bande de terre.
C'est une région magnifique alternant les zones de cultures
(soja, maïs, fourrage) et les forêts de caduques dont
l'incontournable érable à sucre. C'est paisible et accueillant,
on comprend que les Indiens Hurons se soient installés dans
cette région il y a plusieurs milliers d'années. Nous remontons
la péninsule en suivant l'escarpement du Niagara, longue arête
rocheuse qui délimite la côte est de la péninsule. Nous
profitons de l'excellent WiFi ( payant) du camping de Hope Bay
pour lancer nos recherches de passage aérien pour le retour en
France. Nous pensions laisser le Land en Pennsylvanie et
reprendre l'avion depuis Philadelphie, mais nous ne trouvons pas
de stockage à l'abri disponible, et j'ai peur de laisser
Ch'tiland pendant 6 ou 7 mois soumis aux rigueurs de l'hiver
dans cette région. De plus les tarifs aériens entre les USA et
l'Europe sont prohibitifs. Nous optons finalement pour un
stockage du Land dans un RV store à Oakville, à côté de Toronto
( stockage en bâtiment clos et chauffé) et un vol Toronto Paris
CDG par Air Transat, avec qui nous avons déjà fait le vol aller
à notre plus grande satisfaction. Décollage: dimanche 14
septembre au soir.
L'esprit calme, nous allons visiter le Centre
d'Interprétation de Tobermory, à l'extrême pointe de la
péninsule. Visite très éducative qui met en évidence les
richesses insoupçonnées de cette région: les écureuils volants
qui peuplent les forêts ( une peau unit les pattes avant aux
pattes arrières et leur permet de planer pendant leurs sauts
d'un arbre à l'autre; les serpents à sonnettes, craintifs, les
grosses tortues serpentines qui peuvent vous arracher un doigt
d'un coup de bec.....Une seule grande route dessert la
péninsule: la Highway 6, mais sur le chemin du retour Evelyne,
comme toujours, le nez plongé dans les cartes, déniche des
petits chemins de terre qui longent la côte sur la rive ouest:
du pur bonheur. On roule doucement sous les arbres, sur des
pistes en excellent état, desservant de belles maisons cachées,
posées au bord du lac Huron.
N'ayant plus à aller aux USA pour faire hiverner notre
véhicule, nous nous baladons doucement dans cette belle région
et en rejoignant Waterloo et Kitchener, nous retrouvons les
communautés mennonites que nous avions déjà côtoyées au
Paraguay et en Bolivie. Ici encore, ils vivent comme dans les
années 1900, ne se déplaçant que dans des carrioles à cheval,
n'utilisant pas l'électricité....
Ce sont les descendants
d'immigrants allemands persécutés pour leurs croyances
religieuses, et qui, en s'installant ici avaient nommé leur
village Berlin.....jusqu'à la déclaration de guerre de 1914, où
les autorités canadiennes ont rebaptisé le village du nom de
Kitchener....moins polémique. Excellents cultivateurs et
travailleurs acharnés, ils sont devenus de grands propriétaires
terriens. Nous en verrons plusieurs au marché des fermiers de St
Jacobs, où ils vendent une partie des produits de leurs fermes.
Pour rejoindre la région des Chutes du Niagara nous allons
traverser plusieurs villages aux noms à consonances très
germaniques: Wallenstein, New Hamburg, Baden, Breslau, Bismark...
Des poivrons de toutes les couleurs au St Jacobs Farmers
Market
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Nous rejoignons Niagara Falls le 6 septembre en fin d'après midi
et nous nous installons dans un des campings de la ville. Le
lendemain nous prenons le bus juste à la porte du camping et il
nous dépose à Table Rocks, juste en face des chutes d'eau. Tout
est "clean", tiré au cordeau. Le soleil resplendissant
ajoute à la beauté des lieux. La tumultueuse rivière Niagara se
divise en deux bras à cause de l'ile de Goat Island et donne
naissance aux 2 chutes d'eau, une du côté américain, et la plus
grande, la Horse Shoe fall du côté canadien.
La longue promenade
qui borde la chute permet de pleinement apprécier le spectacle.
C'est beau, mais excessivement touristique, car la ville veut se
donner des airs d'un petit Las Vegas: casinos, salons de
massages ( non remboursés par la Sécurité Sociale..), et les
nombreuses attractions du genre: Maison de Frankenstein, Maison
Hantée, .....
Ayant du temps devant nous pour rejoindre
Toronto , nous longeons la rive du Lac Erie, mais elle est
beaucoup moins abordable que celle du Lac Huron: beaucoup de
propriétés privées. Par contre la campagne est très agréable et
aux traditionnelles cultures de soja, maïs , blé et fourrage
pour les animaux, s'ajoutent les champs de tabac et d'immenses
champs d'asperges ( mais ça n'est pas la saison). Le mardi , en
remontant vers Toronto, nous traversons Paris...., mais ici, pas
de périph, ni d'embouteillages, allez savoir pourquoi. Nous
passons la nuit dans un camping aménagé dans un parc de
Conservation de la Nature: immense et superbe, au milieu des
lacs et des bois, des écureuils gambadant dans tous les
coins...un petit paradis. Le plus surprenant, c'est qu'à
l'entrée du parc il n'y a personne: devant la guérite, une boite
en bois renferme des enveloppes et le tarif d'accès au parc
et/ou au camping, et chacun dépose scrupuleusement le montant de
son séjour dans une enveloppe qu'il glisse dans une petite boite
métallique, déjà pleine à ras bord....Sans être mauvaise langue,
je ne pense pas que ce système fonctionnerait en France.....
En passant par Oakville, nous allons visiter l'entrepôt où
Ch'tiland va passer 6 ou 7 mois. Arrivés à l'adresse communiquée
par la société de gardiennage, il y a bien des commerces, mais
aucun panneau indiquant la société ECCS...., au numéro indiqué,
il y a les bureaux d'une entreprise de modules en PVC.....on se
renseigne et apprenons que ECCS a bien un dépôt là, mais n'en
fait pas mention. On frappe à la porte, un jeune homme nous
ouvre, et quand nous voyons les véhicules garés dans l'entrepôt,
on comprend qu'ils ne veuillent pas attirer l'attention de
quelconques voleurs. Il y a bien quelques camping cars, mais
aussi une Bentley, une Porsche et 5 vieilles voitures de
collection, cachées sous des protections en toile qui épousent
parfaitement les courbes des belles qu'elles protègent. Le site
est sécurisé, alarmes sur toutes les ouvertures et vidéo
surveillance. En hiver, le local est chauffé et on nous garantit
une température minimum de +10°C.
Nous déposerons donc Ch'tiland
ici dimanche à 19h, et le jeune homme qui nous a ouvert, viendra
nous déposer directement à l'aéroport. Le service est à la
hauteur du tarif, rien à redire. Nous repartons en direction de
Milton où nous allons passer les 4 dernières nuits de notre
séjour canadien, en nettoyant et préparant le Land et en faisant
nos valises....
En 3 mois de promenade tranquille nous avons parcouru 10000
kilomètres, et juste visité un tout petit bout d'un immense pays
qui nous a conquis par la beauté des sites que nous avons vus,
et par la gentillesse de ses habitants. Nous prévoyons de
poursuivre notre virée canadienne à compter de Juin l'an prochain....si l'hiver est bien
fini....