ARGENTINE PARAGUAY BRESIL BOLIVIE PEROU EQUATEUR

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Carnet de route

Octobre 2012 à Mars 2013

 

Préambule:

Nous voici de retour à Mar del Plata, vraisemblablement pour la dernière fois, car cette fois ci nous allons attaquer la longue remontée vers les USA et le Canada. Un vol direct nous a amenés à Ezeiza le jeudi 11 octobre, tôt le matin et le soir même nous étions à Mar del Plata. Le vendredi commence mal, ( pourtant nous ne sommes pas un 13), au cours du petit déjeuner Evelyne se casse une pré molaire en mangeant du pain aux céréales....Une fois de plus l'efficacité imparable de Pepe fait des merveilles, il nous obtient un rendez vous chez un dentiste pour la demi heure qui suit.....Cabinet ultra moderne, un jeune praticien exerce sans temps morts sur 2 cabinets en alternance . Une assistante installe le patient dans le fauteuil, et dès que le dentiste arrive il peut commencer les soins sans perte de temps....mais comme nous sommes en Argentine, il commence par une embrassade accompagnée de solides tapes dans le dos pour les hommes et les femmes ont toutes droit à la bise, et tout se passe comme si on était de vieux amis; pour calmer le stress, c'est très efficace. Il extrait le morceau de dent cassée, et au bout de 4 séances Evelyne se verra parée d'une magnifique couronne en céramique, tout cela pour moins de 550 euros.....

Les "Lanchas Amarillas" dans le port de Mar del Plata

Le radiateur de Ch'ti Land avait commencé à fuir à la fin de notre précédent séjour...son détartrage à révélé qu'il était "mûr", bon pour un échange standard....problème: impossible d'en obtenir un en Argentine, la plupart des produits importés n'entrent plus, à fortiori ceux d'origine britannique. La encore la chance a joué, Solange et Michel (arvi.fr) nous ont mis en rapport avec Christine et Patrick Doudeau, des artisans taxi de La Clusaz qui embarquaient un Toy au Havre pour venir manger de la poussière pendant 2 mois et demi en Argentine avec un groupe d'amateurs de hors pistes, et qui ont gentiment accepté d'embarquer un radiateur neuf dans leur véhicule. Leur bateau est arrivé avec 3 semaines de retard, amputant d'autant la durée du périple et obligeant les participants à faire des coupes dans leur circuit. Quoiqu'il en soit nous avons récupéré notre radiateur qui a ainsi échappé à la confiscation ou aux taxes prohibitives...et qui dès le lendemain de son arrivée à Mar del Plata prenait place sous le capot de Ch'ti Land.  Il nous reste à effectuer quelques travaux " de confort" avant de prendre la route: pose de caméras de recul, de stores sur les vitres latérales du poste de conduite, mise en place de la nouvelle "cubby box" en acier,.....

Nous devions normalement sortir notre véhicule d'Argentine pour le 2 novembre....mais Françoise fête son anniversaire le 3....impossible de ne pas assister à un tel événement ... que faire ? : se rendre à la douane du port de Mar del Plata et demander une prolongation de séjour. Il a juste fallu rédiger une petite note pour justifier de la raison de la demande ( en fait on a argumenté qu'Evelyne était en cours de traitement pour sa dent cassée, ça fait tout de même plus sérieux que de dire qu'on doit assister à un anniversaire...) Résultat inespéré, la douane nous accorde une extension de 3 mois, pour être en phase avec notre visa de touriste accordé à notre arrivée à Ezeiza. Au lieu de foncer vers l'Uruguay pour quitter l'Argentine, nous allons pouvoir prendre la route du Nord à travers ce pays que nous aimons tant.

 

C'est comme ça que l'on danse le tango

L'anniversaire de Françoise a été une fête mémorable: nous étions une bonne quarantaine d'amis, et au cours de la soirée nous avons vu débarquer un couple de professeurs de tango, qui , après une petite exibition, nous ont enseigné les premiers rudiments  de cette danse mythique  ( heureusement que le ridicule ne tue pas ...) . Pour animer le reste de la soirée, c'est un chorégraphe cubain qui est venu mettre le délire chez ces dames, et la partie spectacle s'est achevée avec un Karaoké de chansons sud américaines ( Shakira en première position..). Après les amuses bouches, les mini brochettes de viande, les empanadas, la salade de fruits et les innombrables gâteaux, c'est vers 3 heures du matin que nous avons attaqué, en guise de soupe à l'oignon, un consistant plat de filets mignons à l'oignon et aux petits pois.... On a tous déclaré forfait pour les 4 lomos ( filets de boeuf) que Pepe avait prévu...au cas où....

 Port de Mar del Plata et Lions de mer

  Anniversaire Françoise

On passe encore une bonne semaine à finir les aménagements du Land et à répondre aux nombreuses invitations de nos amis avant le grand départ. Après les ultimes recommandations de Pepe et les embrassades émues de "ma petite soeur" Françoise, nous prenons la route le samedi 10 novembre à 16 heures pour une première étape de ...100 km, jusqu'à Mar Azul où nous nous installons au camping pour finir les rangements du Land,  car lorsque l'on vide un appartement avec beaucoup de place , une partie du rangement, dans l'espace réduit du Land, ressemble plus à de l'empilage qu'à du rangement....

Prêts à quitter Mar del Plata

Alors que nous pensions pouvoir enfin prendre la route sereinement, une série de pépins s'abattent sur nous: la pompe à eau de la cellule ne fonctionne plus: moteur en court circuit, les batteries Optima achetées en janvier se mettent à chauffer, l'alarme se déclenche intempestivement et coupe le moteur alors que l'on roule.....En passant par Buenos Aires on trouve, grâce à Jean Claude, la pompe à eau identique à celle qui nous a lâchés. Le diagnostic du vendeur de batteries est plus sombre: le court circuit de la pompe a déchargé complètement les batteries qui ont sulfaté de l'intérieur...Il faudra faire plusieurs séries de charges lentes et décharges pour voir si elles sont en partie récupérables ou définitivement HS...Le problème de l'alarme se règle provisoirement par téléphone avec l'usine en désactivant la fonction "anti assaut" au niveau du programme. Il faudra, plus tard , changer le boitier de place car il reçoit des interférences de la part de certains composants électriques du Land.

 

Chargement de bois en provenance des iles du delta du Tigre

En quittant Buenos Aires, nous partons nous installer au camping "de l'hirondelle" à Tigre et le lendemain allons visiter le "Puerto de Frutos" où les bateaux déchargent le bois coupé sur les iles du delta, qui va alimenter les usines de pâte à papier.

 Départ de Mar del Plata 

 Puerto de Frutos

 

Du 15 au 17 Novembre: Les problèmes de pompe et d'alarme étant résolus, mais pas celui des batteries, nous prenons tout de même la route de Rosario, la grande métropole de la province de Santa Fe. Nous allons  rendre visite à Carlos et Angela, un couple que nous avons fortuitement croisé quinze jours plus tôt dans un restaurant du bord de plage à Mar del Plata, et avec qui nous avions échangé quelques mots....qui de suite se sont transformés en une invitation à venir leur rendre visite lors de notre passage par Rosario. Nous débarquons le jeudi soir , ils nous attendent avec un superbe asado....Carlos ( dit Charly) est médecin rhumatologue, il parle bien le français qu'il a appris seul, et est passionné par l'hérésie cathare; il est incollable sur le sujet et a sillonné tous les sites du Sud Est de la France ayant trait au sujet. On ne s'attend pas à entendre parler de Simon de Montfort ,de Quéribus et du pape Innocent III à 12000km de Carcassonne.... Angela possède un laboratoire d'analyses spécialisé sur les huiles et les contaminants agro alimentaires ( pesticides, afla toxines, salmonelles...) Ils sont d'une gentillesse incroyable, Charly nous dégotte en 2 minutes l'adresse d'un atelier spécialisé en électricité et nous obtient un rendez vous pour le lendemain matin...Le vendredi matin nous déposons les batteries à l'atelier qui va les passer au banc, et allons voir le monument principal de Rosario: le Monument au Drapeau, érigé à la gloire de la bannière argentine et à son créateur Manuel Belgrano.

Monument au Drapeau

Ce vaste monument sur les bords du fleuve Parana abrite également la tombe su Soldat Inconnu argentin. L'après midi, nous traversons le pont sur le parana pour nous rendre à Victoria, à 60km, de l'autre côté du delta.....C'est une succession de ponts et de routes sur levée de terre, au dessus des iles et cours d'eau qui occupent ce delta, large en certains endroits de près de 80 km...Seules les vaches ont droit de cité dans ce milieu totalement interdit à l'occupation humaine; c'est une immense réserve ornithologique. Au retour nous apprenons que nos batteries doivent être considérées comme "mortes"; il faut une fois de plus ouvrir le portefeuille pour nous équiper d'une nouvelle batterie ( je garde quand même les autres, car je ne désespère pas d'en ramener au moins une à un niveau de fonctionnement acceptable). Le soir nous allons nous régaler avec Charly et sa famille dans un restaurant de poissons de rivière: au menu: surubi, bago et dorado. Le surubi est un poisson énorme qui dépasse souvent les 1,50 m de long et les 50kg.....; comme il ne possède pas d'arêtes, mais une colonne vertébrale centrale, il se coupe en rondelles de 2 à 3 cm d'épaisseur et se fait griller à la parrilla...c'est délicieux.

Samedi, après le petit déjeuner, nous prenons congé de nos hôtes, en espérant nous revoir lorsqu'ils viendront en France. Nous prenons la direction de San Lorenzo, distant d'une trentaine de kilomètres, pour aller visiter le couvent et le Campo de la Gloria. C'est en effet au pied du couvent de San Lorenzo qu'eut lieu la première victoire du héros national: le Général Don José Francisco de San Martin et de son régiment des Grenadiers à Cheval contre les troupes royalistes espagnoles, le 3 février 1813. C'est une des batailles les plus rapides de l'Histoire, puisque le gros du combat dura 3 minutes, le temps d'une charge de cavalerie, et toute la bataille fut terminée en moins de 15 minutes..

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Un "Granadero de San Martin" en grande tenue

Aujourd'hui le Régiment des Grenadiers de San Martin, toujours en uniforme d'époque assure les missions d'honneurs pour les invités de la République Argentine, comme la Garde Républicaine en France. Quelques soldats sont présents en permanence à San Lorenzo et accueillent les visiteurs et les groupes scolaires. C'est le seul endroit où ils ont le droit de parler au public, à Buenos Aires ils sont comme les Horse Guards britanniques: impassibles et silencieux. Nous poursuivons notre route jusqu'à Santo Tome, quartier périphérique de Santa Fe, sur les bords du Parana où nous passons la nuit.

 
 Rosario

 Couvent de San Lorenzo

 Installation de l'air conditionné

Dimanche matin: je fixe la nouvelle batterie pour l'empêcher de se balader, puis nous mettons le cap vers Reconquista; en route nous nous arrêtons pour passer la nuit sur le parking d'une station service à Calchaqui. Lundi midi nous sommes à Reconquista et allons directement au centre technique de Viesa pour l'installation du refroidisseur d'air. Benjamin, le responsable commercial nous reçoit très chaleureusement, et nous guide jusqu'à un autre atelier où l'on va présenter le refroidisseur et voir comment l'adapter sur le toit courbe de la capucine. On se gratte la tête; un technicien vient directement de l'usine et rend son verdict: montage impossible, il faudrait créer un puits en fibre de verre traversant le toit pour que le refroidisseur soit à l'horizontal, de plus, les ventilateurs centrifuges donnent peu de pression et il est impossible de véhiculer l'air refroidi par des canalisations, les pertes de charge sont trop importantes et l'efficacité du système serait proche de zéro. Dernière alternative restante: voir pour installer une clim conventionnelle; on nous recommande l'entreprise Vanoni, nous nous y rendons sans grande conviction car il est déjà 19h45.L' atelier tourne encore à plein et le patron nous dit de l'attendre car il doit s'absenter pour une grosse 1/2 heure....C'est en fait de 20h45 à 21h30 qu'il plongera la tête dans le moteur, avant de nous dire que ce ne sera pas simple, mais que le défi l'intéresse. Rendez vous pour le lendemain matin 8h. En 2 jours, l'affaire est bouclée: le premier jour est consacré a trouver un compresseur qui puisse s'insérer dans l'espace originellement prévu dans le moteur du Land; on essaye au moins une dizaine de compresseur différents: pas le bon entre axe des fixations, poulie qui ne s'aligne pas dans l'axe de la courroie de transmission......On finit pas  dégoter la perle rare: un compresseur ( made in China..) prévu pour les Renault Clio; il faut juste "bidouiller" un peu la fixation. Le mercredi est consacré à installer le condenseur devant les radiateurs du bloc moteur, el l'évaporateur avec le ventilateur  trouve place aux pieds du passager...sans pour autant provoquer de gêne. Les tuyaux sont passés entre les différents éléments, on tire au vide et on injecte le fréon...et , moment de bonheur intense, un air frais envahit l'habitacle...

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Un compresseur de Clio pour un Land...

On va pouvoir attaquer les "pays chauds"...Un grand merci à Mr Vanoni et aux 2 mécanos qui ont travaillé sur le Land, avec une gentillesse et une serviabilité extrême, le tout pour un prix inconcevable en France.... Un dernier petit passage à l'atelier jeudi matin pour vérifier que tout va bien et que la nouvelle courroie de transmission ne patine pas, et nous voilà libres...de passer le restant de la journée dans le Land, sous la pluie qui vient de s'inviter, en attendant de pouvoir embarquer vendredi à 6 h du matin sur la "balsa" ( bac) qui traverse une fois par jour le Parana entre Reconquista et Goya, ce qui va nous éviter un détour de près de 500km pour rejoindre les "Esteros del Ibera".

23 Novembre: Dès le jeudi soir , nous sommes venus nous installer devant les grilles du port fluvial de Reconquista, et à 5:30 h du matin, les portes s'ouvrent..Nous embarquons sur un gros bac avec d'autres camions , camionnettes et voitures particulières.

De bon matin, sur le pont....

A 6 heures on largue les amarres pour une traversée de 4 heures en remontant puis en redescendant le Parana, pour rejoindre Goya, petite ville située juste en face de Reconquista. Il faut remonter assez haut pour trouver les chenaux parcourant le lit du Parana, ayant suffisamment  de tirant d'eau pour notre barge, car en cette époque le niveau du fleuve est assez bas. Navigation assez monotone entre des iles, on en profite pour récupérer un peu car la nuit a été courte. En début d'après midi nous arrivons à Mercedes, agréable petite ville où la vie parait calme....Nous nous baladons, faisons quelques courses, visitons l'église et nous installons sur la place centrale, juste à côté de l'église en pensant y passer une nuit tranquille...Seul "hic", c'est que nous sommes vendredi soir!!!! et qu'à partir de 18 heures, toute la jeunesse de la ville débarque sur la place: ça pétarade, les sonos des voitures sont " à donf", et ça ne se calme que vers 6 heures du matin....

 

  De Reconquista à Mercedes

 

24 Novembre: La nuit n'a pas été de tout repos, mais la municipalité de Mercedes fournit sur la place un WiFi du feu de Dieu!!! On en profite pour mettre le site à jour et appeler les enfants par Skype. Peu avant midi nous mettons le cap sur Colonia Carlos Pellegrini, distant de 160 km ( 40 km d'asphalte , puis 120 km de piste en terre.) L'asphalte possède de nombreux trous et des ornières imprimées dans le sol par le passage des camions...., mais quand commence la piste en terre, ça devient beaucoup plus sportif!!! On nous avait prévenus: les 50 premiers kilomètres , tracés essentiellement dans une sorte de sable blanc à grains très fins, sont impraticables en cas de pluie ..et après la pluie; or il y a moins de 48 heures il est tombé 130mm d'eau, heureusement, depuis il y a du soleil et du vent. La piste est labourée, des ornières de 30 à 40cm dans tous les sens, je ne conduis plus, je surf !!!! Le Land se couvre de boue blanchâtre...mais ça passe!!! On profite d'un croisement de pistes juste avant d'entrer dans la Réserve de l'Ibera pour casser la croûte ( il est 14:30h)

 

 Promenade avec maman

Dans l'enceinte de la Réserve , la route est en moins mauvais état ( mais c'est très relatif), par contre le spectacle commence: dans les fossés sur le bas côté on voit des familles de carpinchos avec leur progéniture, quelques "yacarés" et une multitude d'oiseaux. Nous arrivons vers 17 heures au poste des " Guarda Parques" où nous visitons l'exposition consacrée aux Esteros del Ibera et assistons à la projection d'un film très instructif sur les interactions des animaux et de leur biotope. Un seul regret: on n'a pas pris en photo le garde qui nous a reçus très aimablement: une dégaine de Crocodile Dundee et d'Indiana Jones...Nous allons nous installer au Camping Municipal ( un peu cher, mais idéalement placé et très bien aménagé)

25 Novembre: Une nuit de rêve: pas un bruit, réveil au chant des oiseaux...ça fait longtemps que cela ne nous était pas arrivé. Embarquement à 9 heures pour une balade en bateau de 2 heures entre les iles flottantes ( embalsados ) et les berges envahies de roseaux de la lagune Ibera. Le spectacle est partout: tapis de nénuphars aux fleurs jaunes, jacinthes d'eau aux fleurs bleues..., et partout des Yacarés prenant le soleil; certains plongent à notre arrivée, mais la plupart restent immobiles; on les approche à moins de 2 mètres, ils ne bronchent pas et se laissent photographier, souvent la gueule grande ouverte pour nous laisser admirer leur imposante dentition ( en fait, c'est une façon de réguler leur température )

 

Yacaré dans les Esteros del Ibera

Des oiseaux volent dans tous les sens. Grand moment de bonheur: nous voyons de près un cerf des marais ( Ciervo de los Pantanos) qui broute tranquillement les jeunes pousses des roseaux; il peut marcher sur des sols très instables car ses sabots sont fendus et s'écartent pour augmenter la surface  d'appui au sol. Il en reste entre 7000 et 9000 en Argentine, l'espèce ayant été proche de l'extinction à cause de la chasse "sportive", mais la sauvegarde, bien que longue, est en bonne voie depuis l'interdiction totale de leur chasse sur tout le territoire argentin. Nous sommes enchantés par ce passage dans la Réserve des Esteros del Ibera, nous y avons vu des animaux dans leur habitat naturel, pas encore pervertis par le contact avec l'homme ( Le garde nous a d'ailleurs dit qu'il craignait beaucoup la mise en état de la route d'accès, car cela va augmenter le flux des visiteurs et les conséquences néfastes sur l'environnement: augmentation des déchets, emballages, bruit...toutes choses néfastes pour le bien être des premiers occupants du lieu: les animaux). En début d'après midi nous prenons à nouveau la piste vers Santo Tomé: elle est encore plus pourrie que celle prise pour venir: il nous faut 4 heures pour parcourir 128 km. Une consolation: un garde nous avait indiqué un endroit sur cette piste où avec un peu de  chance nous pourrions peut être apercevoir des "Venados de la Pampa"  ( une espèce de cerf, plus petits que les cerfs des marais, mais qui ne sont plus présents que dans 4 endroits en Argentine et dont la survie est très compromise. Ils étaient au rendez vous, à l'endroit indiqué !!!

 

 Sur la route des Esteros del Ibera

 Esteros del Ibera

 

 

26 et 27 Novembre: Après une nuit à Santo Tome, nous allons visiter "El Establecimiento Las Marias", un des principaux producteur de Yerba Maté et de thé d'Argentine. Le fondateur a acheté une estancia de 600 Ha en 1925, aujourd'hui elle en fait 31000...., les affaires ont bien marché..Le maté, boisson nationale argentine est une infusion de jeunes feuilles broyées d'un arbre de la famille du houx: l'ilex paraguariensis. Ces feuilles contiennent de la matéine, un stimulant proche de la caféine et de la théine; les indiens Guarani les consommaient déjà avant l'arrivée des jésuites au XVII ème siècle.

 

Feuilles de Yerba Maté

 

En période de récolte, les feuilles sont broyées une première fois et mises en sacs pour une "maturation" qui va durer de 12 à 14 mois, elles seront ensuite rebroyées plus finement et ensachées. Le terroir influe fortement sur le goût et la richesse en matéine des feuilles; un maté provenant d'arbres poussant sur les sols rocheux du Monte, sera plus fort, plus typé qu'un maté provenant de la pampa. Les argentins sont en général fidèles à 2 choses: leur club de foot, et leur marque de maté..... L'entreprise qui emploie 1900 personnes fonctionne encore de manière très paternaliste: une partie des employés sont logés sur l'estancia dans des petites maisons individuelles, nichées sous les arbres, il y a un collège avec 600 écoliers, et les employés qui le souhaitent peuvent même se faire enterrer dans le cimetière de l'estancia, à côté de leurs patrons....Certains employés d'aujourd'hui sont de la quatrième génération travaillant pour l'entreprise...La route jusqu'à Obera est belle, très vallonnée et l'asphalte en bon état: on se croirait en Europe...La matinée du mardi est consacrée au tri des photos prises à Ibera et à la mise à jour du site. En début d'après midi on se met en route vers El Soberbio, point de passage obligé pour aller voir les Saltos del Mocona. La route est superbe, tout est vert, sauf les pistes en terre de couleur rouge foncé, le climat subtropical se fait sentir, ce ne sont que plantations de maté, thé, tabac, les premiers bananiers apparaissent, il y a un nombre incroyable de petites scieries, car ce qui n'est pas cultivé est occupé par des forêts.

 

Thé et Maté dans la même parcelle

 

Dans la campagne, les maisons sont souvent humbles: faites de bois, des ouvertures sans fenêtres, la porte grande ouverte sur l'unique pièce....Ce qui surprend dans cette région est la grande quantité de gens et d'enfants blonds comme les blés, à la peau laiteuse; cela provient du fait que la province de Missiones et le sud du Brésil ont accueilli une forte immigration venant de Pologne, d'Allemagne, et même de Hollande.

Le soir nous nous installons dans un camping à El Soberbio, sur les bords du Rio Uruguay, la rive en face , c'est le Brésil. Peu avant le coucher du soleil, l'air se remplit d'un bruit strident, assez semblable à l'effet Larsen...renseignement pris, c'est le bruit que fait la Chicharra, un coléoptère local. Nuit d'un calme olympien....

 

28 Novembre:  Après avoir refait, non sans difficultés le plein d'eau, nous attaquons les 75km d'asphalte qui séparent El Soberbio du site des Saltos del Mocona. Ca monte et ça descend sans cesse, mais le paysage est superbe et la route impeccable. A plusieurs reprises nous passons ou croisons des carrioles basses sur roues, faites de grosses planches , montées sur des roues en fer et tirées par des attelages de boeufs.

 

 

 Feuilles de tabac en route vers le séchoir

 

Elles servent entre autre au transport des planches provenant des scieries et au transport des feuilles de tabac entre les champs et les séchoirs installés auprès des habitations.

Le Mocona est une rivière qui se jette dans le Rio Uruguay par l'intermédiaire d'une différence de niveau entre les deux cours d'eau; il tombe directement dans le cours de l'Uruguay, 7 à 8 mètres plus bas par une série de cascades réparties sur près de 3 kilomètres.

Los Saltos del Mocona

 

 

 C'est moins impressionnant que les chutes d'Iguazu, mais ça vaut largement le déplacement et le coup d'oeil. Le parc et la réserve du Mocona renferment encore des Jaguarete ( panthéres) des Tapirs, des Tamanoirs, animaux très difficiles à observer, car ils se déplacent essentiellement la nuit et sont très craintifs. La chasse et la pêche étant interdites dans l'enceinte du parc, il suffit de jeter un morceau de pain dans la rivière pour voir aussitôt arriver une vingtaine de Dorados de belle taille....Nous faisons la ballade en Zodiac le long des chutes et bénéficions d'une brumisation fort plaisante par la chaleur qu'il fait; de plus nous sommes les seuls clients, alors le pilote du Zodiac prend son temps et nous fait profiter au maximum du spectacle ....et des remous. Comme il est interdit de dormir dans le parc, nous reprenons la route jusqu'à San Vicente.

 

 Establecimiento Las Marias: maté et thé

 Sur les routes de la Province de Misiones

 Les "Saltos del Mocona"

 

 

 

Du 29 Novembre au 2 Décembre: Nous allons remonter dans le temps pour aller visiter plusieurs Missions Jésuites en Argentine et au Paraguay. De 1609 à 1768,les Jésuites ont fondé une cinquantaine d'établissements dont 30 se sont développés jusqu'à l'état de gros villages. Chaque "reduccion" comprenait 2 ou 3 prêtres jésuites et de 3 à 4000 indiens Guaranis, qui restaient sous l'autorité de leurs caciques. En 160 ans , ils ont construit  d'immenses églises, avec des collèges attenant pour éduquer les enfants , et des ateliers pour enseigner aux plus grands la musique, la sculpture, la peinture, le travail du bois, du fer... Toutes les "reduccions" étaient bâties sur le même plan: une grande place centrale de 200x200m; un côté de la place recevait l'église, le collège, le cimetière, les ateliers et les 3 autres côtés étaient occupés par les maisons des indiens. Quand les Jésuites ont été expulsés sur ordre du roi d'Espagne en 1768, certaines reduccions ont été détruites ,ou ont servi de carrières de pierres pour la construction des demeures coloniales, mais d'autres sont restées presque intactes jusqu'à nos jours, les Guaranis ayant continué à y vivre en attendant un hypothétique retour des Jésuites.

 

 

 

Ruines de Santa Ana

 

Du côté argentin nous "by passons " San Ignacio Mini que nous avons déjà visité fin 2004 et qui a été restaurée après sa destruction. Nous allons à Santa Ana, juste à côté qui a été sauvegardée dans son état, après avoir été incendiée et "cannibalisée" par les colons alentours pour récupérer des pierres déjà taillées. Nous descendons jusqu'à Posadas, capitale de la province de Misiones où nous quittons l'Argentine en passant le pont sur le Parana entre Posadas et Encarnacion: nous voici au Paraguay. Le passage en douane est une pure formalité.

 

 La nef de l'église inachevée de Jesus de Tavarangue

 

 

Nous allons d'abord visiter les ruines de Jésus de Tavarangüe; l'église est impressionnante, bien que n'ayant pas été terminée. En implantant un site, les Jésuites commençaient par construire une petite  église ( pouvant quand même pour certaines d'entre elles , accueillir plus de 1000 fidèles), ensuite venait la construction des maisons pour les Guaranis, en même temps que la mise en culture des environs. L'église principale devait être la dernière construite, car il avait fallu éduquer les Guaranis et leur laisser développer leur expérience et leur savoir faire dans tous les domaines de la construction et de la décoration, avant de pouvoir attaquer l'oeuvre majeure.

 

Trinidad del Parana

 

Nous visitons ensuite Trinidad del Parana , un site immense, également inachevé. Un groupe folklorique de jeunes du village  se prête à une séance photos pour le développement du tourisme dans la région. Le soir nous assistons à un spectacle son et lumières sur le site, c'est superbe. Pour finir nous rebroussons chemin pour gagner San Cosme y San Damian, un site parfaitement conservé car toujours habité. L'esplanade devant l'église est devenue la place du village, l'église provisoire est devenue l'église du village et abrite des statues en bois de l'époque de la construction.

 

L'astrolabe de San Cosme y San Damian

 

 

Un des deux jésuites qui ont dirigé San Cosme depuis le début de la construction jusqu'à leur exil, Buenaventura Suarez, était astronome et a établi les relevés des étoiles visibles dans l'hémisphère sud, avec un télescope de sa construction, équipé de lentilles en cristal de roche. Le site abrite aujourd'hui un centre astronomique et un planétarium. Dès que les employés du site ont vu que nous étions avec une " casa rodante", ils ont ouvert un portail pour nous faire entrer à l'intérieur du site et nous avons passé une nuit calme, sous la protection du gardien, raccordés à l'électricité, à la WiFi , et avec , à disposition, l'accès à l'eau et à des sanitaires impeccables.... Cerise sur le gâteau, à 21 heures, un animateur est venu nous chercher et nous a fait profiter d'une observation des étoiles et planètes avec le télescope du centre.....Un grand merci  pour leur gentillesse et leur sens de l'hospitalité.

 

Santa Ana

 Jesus de Tavarangüe

 Trinidad del Parana

 San Cosme y San Damian

 

 

Du 2 au 5 décembre: Nous quittons San Cosme, en direction de San Patricio puis de Santa Rosa, malheureusement, aujourd'hui, c'est dimanche, et à la différence de l'Argentine, ici, tout est fermé, même les boutiques et restaurants installés dans les stations services; seuls les pompes sont ouvertes...Nous roulons sur la route n° 1 en direction d'Asuncion..., c'est long et monotone. Une centaine de kilomètres avant Asuncion nous décidons de nous arrêter pour dormir avant d'atteindre les faubourgs de la capitale. On s'arrête dans une station service pour demander si il y a un endroit calme et sûr dans le coin, et le gérant nous fait entrer dans un enclos herbagé, à côté de la station, raccordement électrique et Wi Fi en prime. Comme on n'a pas besoin de carburant, on se sent un peu obligés d'aller manger au "Comedor" attenant, et exploité par le même gérant; c'est basique ( empanadas et sandwichs..) mais bon, on a même pas été malades....

 

 

Vente de crèches de Noël

 

L'entrée dans Asuncion est assez folklorique, quartiers pauvres aux rues défoncées, les trottoirs sont envahis d' étals de bric et de broc où chacun essaye de vendre ce qu'il peut....Il faut atteindre les berges du Parana pour trouver les "beaux quartiers", en fait essentiellement les bâtiments relevant de l'Etat et du Gouvernement. On a du passer devant l'Elysée local, car lorsque j'ai ralenti pour qu'Evelyne puisse prendre une photo, j'ai écopé d'une retentissante volée de coups de sifflets et de grands signes de bras m'intimant l'ordre de "dégager". Selon ce que nous avons pu en juger, la ville ne présente que peu d'intérêts. En quittant Asuncion, nous faisons une halte "supermarché" pour remplir le frigo...Nous prenons la route n° 3 en direction du Brésil; ça continue à être monotone, mais la route est en parfait état, et passe entre les champs de soja, et les rizières en arrivant aux alentours d' Arroyos y Esteros.. A l'approche de cette localité, nous arrive un événement cocasse. Alors que nous roulons tranquillement, feux allumés, ceintures bouclées, nous voyons un policier  nous faire signe d'arrêter...Je me prépare déjà à sortir les papiers du véhicule, mais le policier me demande si je possède un tournevis ou un couteau pointu!!!! Renseignement pris, il se trouve qu'en garant leur voiture pour faire des contrôles, nos "amis" ont bloqué le Neimann....et ne peuvent plus le débloquer; comme ils ne possèdent ni radio, ni téléphone, ils ne peuvent pas demander assistance à leurs collègues.... Je sors donc ma caisse à outils et leur passe un tournevis....et assiste à ce spectacle peu commun de deux policiers forçant le Neimann d'une voiture de police!!!! ( ils ont du être loubards dans leur jeunesse, car ils savaient parfaitement comment faire, ça n'a duré que quelques secondes..). En repartant, devant nous, ils sont obligés de prendre le bas côté pour laisser un "fou du volant" se rabattre après avoir doublé en haut de côte une file de camions; ils ne réagissent même pas, trop contents de regagner leur pénates  sans encombres...Nous passons une nuit horrible à Arroyos y Esteros, il a fait plus de 40°C toute la journée, et ça baisse à peine pendant la nuit; on ruisselle même sans bouger; il n'y a pas le moindre souffle d'air, et en plus il y a un trafic d'enfer; on finira par dormir moins de 2 heures vers 4 heures du matin..

 

 

Camion chargé de sacs de feuilles de mate

 

Le lendemain, la route se poursuit, longues montées puis longues descentes ( ou inversement...), on peine à faire du 50 km/h de moyenne. En arrivant à Curuguaty, on s'arrête au centre d'information touristique. Il n'y a pas de camping à moins de 60km..., mais la jeune préposée nous dégotte une autorisation d'entrée dans un centre privé d'éducation agricole tenu par des missionnaires suisses. Un jeune en moto nous y conduit; quelques frères de la Congrégation du " Verbo Divino" enseignent à 180 élèves de 12 à 18 ans et les mènent jusqu'à l'équivalent d'un Bac Technique en Agriculture.

 

 

 Centre Agricole des Missionnaires du Verbe Divin

 

Les élèves sont tous, fils ou filles de petits paysans locaux, et le but est d'inciter ces jeunes à reprendre l'exploitation familiale et d'en vivre au lieu de faire comme la plupart de leurs parents qui préfèrent louer leurs terres et vivre d'expédients. L'école possède 100 Ha et vit en auto suffisance; même pendant les deux mois de congés scolaires, un groupe d'élèves reste sur place par roulement pour soigner les animaux et assurer les récoltes. Le frère Thomas, directeur du centre nous a reçu avec une extrême gentillesse. On a tellement bien dormi, au calme, sous les arbres, que nous y sommes restés 2 nuits. 

 

 

 

 De San Patricio à Asuncion

 Chez les missionnaires du Verbe Divin

 

6 au 10 Décembre : Evelyne ayant profité de cette pause au calme pour faire quelques lessives et rangements, c'est en pleine forme que nous prenons congé de Frère Thomas, non sans un petit pincement au coeur, car cet homme irradie la bonté et la gentillesse. Il parle peu, à voix basse, mais on le comprend, rien que par son sourire et son regard; nous ne sommes pas prêts d'oublier une telle rencontre. La route entre Curuguaty et Saltos del Guaira n'est qu'une traversée d'un immense champ de soja; les parcelles se touchent, se suivent à perte de vue, c'est un océan vert sans fin. Cela fait prés d'une semaine que nous n'avons pas trouvé une connexion WiFi, on se dit que l'on va forcement en trouver une à Saltos, mais peine perdue....pas le moindre signal . Au Paraguay, peu de stations services possèdent une cafétéria, alors, pas besoin d'internet....La ville de Saltos del Guaira, autrefois célèbre pour ses 7 superbes cascades ( les fameux Saltos), a du se résoudre à vivre sans eux....ils ont été engloutis sous les eaux du bassin de retenue de la centrale hydroélectrique d'Itaipu....rançon du progrès.....En fin d'après-midi nous reprenons la route pour passer au Brésil. Sur la route qui conduit à la frontière, les policiers paraguayens qui sont censés contrôler la sortie du pays font passer les voitures à toute vitesse; quand on leur demande pour faire viser nos passeports et papier de sortie du Land, ils nous disent que cela se fait "plus loin"..., on arrive à la barrière brésilienne et les policiers brésiliens agissent comme leurs collègues paraguayens..." plus loin"....on se retrouve en territoire brésilien, sans visa d'entrée et sans certificat de douane pour le véhicule!!!!!

 

 

Bienvenue au Brésil

 

 

On s'arrête à un contrôle douanier, mais ils ne s'occupent que des camions, et nous envoient "plus loin" vers un poste de police de la route, où l'on nous dit, que nos passeports relèvent de la Police Fédérale et que nous devons aller les faire viser au bureau de Guaira!!! On fait demi tour et après avoir tourné pendant plus d'une demi heure et avoir demandé notre chemin 3 ou 4 fois, nous finissons par arriver aux bureaux de la Police Fédérale à 18:10, les bureaux fermant à 18 heures... Heureusement le planton de faction va chercher dans les bureaux et revient avec un jeune gars qui colle sans poser de questions les coups de tampon sur nos passeports; en insistant un peu il ajoute le numéro d'immatriculation du Land sur les papiers qu'il nous remet, mais nous dit que cela ne sert à rien, apparemment ils se foutent des véhicules entrant dans leur pays.....Il tient par contre à nous montrer l'autocollant de La Mer de Glace qu'il a ramené de son dernier voyage en France et en Suisse et qui est collé sur sa voiture. Il parle quelques mots de français et assez bien l'anglais, on arrive à bien se comprendre. Il demande si il peut jeter un coup d'oeil dans le Land. On lui demande si il connait un endroit tranquille et sûr pour passer la nuit car on approche des 19 heures...et il nous dit de nous installer sur le parking de la Police Fédérale, juste devant la porte des bureaux pour que le policier de garde de nuit puisse avoir un oeil sur notre véhicule. Nous avons donc passé une excellente nuit, au calme, et sous la protection rapprochée de la Police Fédérale brésilienne.....Qui dit mieux ? .

 

 

 Arbre en fleurs

 

La journée du 7 est consacrée à faire la liaison entre  Guaira et Dourados, et le 8 nous rejoignons sous une pluie battante Bonito  Sur la route entre Jardim et Bonito, alors qu'il tombe des cordes, nous entendons par moments comme un claquement de tôle sous le Land...On décide de se poser et d'attendre lundi pour trouver un garage qui puisse diagnostiquer le problème. On trouve dans Bonito une petite "Pousada-camping" qui fait aussi agence de voyage, et dont le gérant possède 2 Land Rover Defender 110 pour les sorties dans le Pantanal. Dimanche matin, l'orage étant passé, je me glisse sous le Land, secoue toutes les tringleries, amortisseurs, arbre de transmission, supports de la ligne d'échappement....rien ne bouge. Lundi en allant au garage, on constate que le bruit a disparu...; un mécano inspecte tout le dessous du véhicule et ne détecte rien d'anormal. On part faire une grande virée sur la route asphaltée puis sur des pistes en terre...plus aucun bruit suspect..La seule explication que j'ai fini par trouver à ce jour, serait qu'en raison de la très grosse pluie que nous subissions, des paquets d'eau auraient été projetés sur la ligne d'échappement, en particulier sur le silencieux, et que les bruits entendus seraient dus aux chocs thermiques de l'eau froide sur un acier très chaud, mais je n'ai aucune certitude.

 

Jour de repos à Bonito

 

Résultat, nous avons donc passé 2 jours tranquilles à Bonito, jolie petite ville touristique, entièrement vouée à l'éco tourisme, et y avons dégusté du poisson chat, et du traira ( poisson carnivore, aux dents impressionnantes): un régal.

 

 De Guaira à Bonito ( Brésil)

 

 

 

Du 11 au13 décembre: Mardi matin nous passons retirer de l'argent au distributeur et regarnissons le frigo avant de prendre la route de Miranda. Nous voulons aller passer 2 nuits dans la " fazenda " San Francisco qui organise des safaris photos de jour et de nuit pour approcher les animaux du Pantanal. Ils abusent un peu de leur situation de casi monopole, car ils ne proposent qu'un seul "package", vendu exclusivement en agence de voyage.... Nous arrivons à la " fazenda " vers 17 heures après avoir perdu près d'une heure et demi dans l'hôtel-agence de voyage qui vend les séjours à Miranda: la patronne est bavarde (mais seulement en brésilien..), et comme on est au Brésil, tout se fait doucement....Nous nous installons dans notre chambre, et après le repas du soir nous embarquons pour un premier safari photo de nuit. Le guide installé sur le toit du véhicule est équipé d'un puissant projecteur qui lui permet d'illuminer les animaux que l'on va croiser. Nous verrons des carpivaras ( nom local du carpincho ), des cerfs des marécages, mais malheureusement pas de jaguars, ni de tamanoirs....

 

Un arara

Le lendemain, après le petit déjeuner, nouveau safari  qui nous permet de découvrir la fazenda ( plus de 100 000 Ha, dédiés à la culture du riz et à l'élevage) et surtout les milliers d'oiseaux qui nichent le long des canaux qui alimentent en eau les rizières. Les machines agricoles récoltant le riz sont montées sur chenilles, et en passant dans les champs, font remonter quantité d'insectes et de petits poissons qui font le régal des hérons, des canards, des buses, des martins pêcheurs....et des tuiuius ( ça se prononce touyouyou ). Le tuiuiu est le plus gros oiseau volant au monde, il peut mesurer 1.5 m de haut et 2.5m d'envergure; c'est l'oiseau fétiche des brésiliens.

 

 

C'est pas les dents de la mer, mais celles de la rivière

 

En cours d'après midi nous ferons une sortie en bateau sur le rio Miranda pour aller pêcher le piranha....: un hameçon, un bout de viande, et on plonge le tout dans l'eau...et on sent immédiatement qu'à l'autre bout ça mord.....mais seuls les guides furent capables de capturer ces fameux carnassiers . Les dents sont impressionnantes et coupantes comme des rasoirs. Nouveau safari de nuit où nous verrons quelques renards, et un raton laveur.

 

 De Bonito à Miranda

 La fazenda San Francisco 

 Les oiseaux du Pantanal

 Piranhas et jacarés

 

 

Le jeudi matin nous quittons la fazenda et prenons la route en direction de Buraco dos Piranhas, où nous prenons l'ancienne route qui va à Corumba. Après quelques kilomètres nous rejoignons l'hôtel-camping Passo Do Lontra où nous passons la nuit. L' hôtel installé au bord de la rivière comprend tout un circuit de passerelles qui permettent l'observation des zones noyées et des animaux qui y vivent.

 

 

Passerelles de l'hôtel Passo do Lontra

 

Le soir nous bénéficions d'un splendide orage qui va bien détremper la piste...la zone grouille de moustiques qui cherchent par tous les moyens à déguster du sang de touristes français...

 

Vendredi 14 décembre: On décolle à 6:45 h car on voudrait voir un maximum d'animaux sur le chemin  qui nous attend:120 km de piste en terre au milieu de la végétation subtropicale et des fazendas consacrées à l'élevage. La piste compte environ 80 ponts en bois qui enjambent les cours d'eau qui se forment lors des pluies diluviennes qui s'abattent sur la région de novembre à fin février.

 

 

Conseil d'administration de Lacoste....

 

 

Les jacarés pullulent, certaines fazendas en font même l'élevage pour la peau et pour la viande de la queue qui est un met de choix,  ( il parait que c'est tout un art de savoir cuisiner le filet de jacaré).A Porto Da Manga il faut prendre un bac pour traverser en 5 minutes le Rio Paraguay.

 

 

Ch'tiLand passe le bac...

 

Peu avant la fin de la piste nous tombons sur un barrage de l'armée brésilienne; l'officier nous demande si nous transportons des armes ???, il jette un coup d'oeil dans tous les coffres du Land puis nous laisse repartir avec des grands signes de la main.....

En entrant dans Corumba nous rencontrons nos premiers voyageurs au long court: un couple allemand voyageant avec un Iveco équipé d'une cellule et un de leurs amis voyageant seul dans un vieux camion Mercedes équipé également d'une cellule; on échange quelques mots. Ils vont dans la même direction que nous, nous aurons surement l'occasion de les revoir en cours de route .On passe au supermarché faire le plein du frigo, car les approvisionnements risquent d'être un peu plus problématiques en Bolivie.

 

 Piste de Buraco dos Piranhas à Corumba

 

A 16:30h, heure de Bolivie, nous sommes au poste frontière: coup de tampon sur les passeports, ça devient un peu plus compliqué pour la douane: il faut aller à l'extérieur pour faire des photocopies de la carte grise, du passeport, du permis de conduire, de plus le système informatique "rame", il faut près d'une heure pour avoir enfin la "declaracion jurada " pour le véhicule,.....mais ça ne s'arrête pas là, le fonctionnaire des douanes nous dit que nous devons nous rendre maintenant à la police de "transito" à Puerto Suarez à 11 km pour obtenir un Orden de Traslado qui nous autorisera à circuler partout en Bolivie et nous permettra d'acheter du combustible....( en Bolivie, les boliviens paient le gas oil aux environs de 3 bolivianos le litre, les étrangers, 3 fois plus cher...) Après avoir tourné dans les rues défoncées de Puerto Suarez et demandé 2 fois notre chemin nous arrivons au gourbi qui abrite la police de la route....Le policier m'indique très poliment que comme le gouvernement ne leur accorde aucun crédit de fonctionnement, ils sont obligés de demander une "participation" pour les documents qu'ils émettent, 100 bolivianos en ce qui nous concerne (env 11 euros) ; je lui dit que je n'ai pas encore changé d'argent et que je ne dispose que de Réals brésiliens. Je lui propose 20 réals, et l'affaire est conclue. J'ai tout de suite droit à du "Don Maurice" pendant qu'il remplit le papier sur une vieille machine à écrire . Quand je sors du poste, tous les fonctionnaires présents nous font de grands signes "au revoir".

 

 

 

Le Parana à Puerto Suarez

 

Mon brave pandore m'a indiqué où aller retirer de l'argent et où passer une nuit tranquille: en face de la Sub Governacion, à côté de la police nationale et face aux bâtiments de l'armée, sur les bords du rio....A peine installés, un charmant monsieur vient nous voir et nous dit qu'il travaille à la Sub Governacion , que nous sommes les bienvenus, qu'il habite sur place et se tient à notre disposition pour quelque problème que ce soit.....si ça ce n'est pas de l'accueil!!!!! Nous passons une nuit très tranquille.

 

Du 15 au 19 décembre:  Le samedi, en sortant de Puerto Suarez, péage jusqu'à Robore ( 10 bolivianos = 1.1 euro pour 110 km) et premier contrôle de police qui tamponne notre Orden de Traslado. Le policier nous indique qu'actuellement il faut se méfier des " faux policiers" qui cherchent à arnaquer les touristes : pas de contrôle routier sans une voiture officielle de police et des agents en uniforme, et en ville, tout doit se faire dans un commissariat. La route est neuve, en parfait état, et il n'y a presque pas de trafic....sauf les vaches qui pâturent sur les bas côtés et traversent sans crier gare....En début d'après midi nous sommes à Robore, ville de garnison où nous passons une nuit calme sur le parking de la banque "Jésus de Nazareth", juste à côté d'une petite boutique de glaces artisanales, tenue par une dame d'origine brésilienne volubile et très attentionnée; de plus les glaces sont délicieuses.... Evelyne décore le Land en prévision des fêtes de fin d'année: guirlandes et boules sont accrochées autour des fenêtres de la cellule...

Dimanche, nous poursuivons notre route qui en de nombreux endroits, longe l'ancienne piste ...on comprend pourquoi la Bolivie avait la réputation d'être un pays "cassant" pour les véhicules...

 

Mission de San Jose de Chiquitos

 

Vers 12:30, nous arrivons à San Jose de Chiquitos et sommes accueillis à l'entrée de la "ville" par le panneau indiquant l'hôtel Villa Chiquitana que nous ont vanté Solange et Michel.... Jérôme, le propriétaire, un jeune bourlingueur français a construit ici un endroit superbe, en respectant les méthodes de construction locales et les matériaux du cru: une réussite totale. En plus de ses 12 chambres, il ouvre son jardin aux CC et autres 4x4 qui commencent à arriver dans la région. Piscine, Wi Fi 4G, service de laverie,  des petits déjeuners  délicieux, et tout cela à des prix plus  que raisonnables....vous comprendrez pourquoi nous y sommes restés 4 jours, à mettre le site à jour, à faire faire quelques lessives, à plonger dans la piscine...et à profiter de la douceur de vivre....Un excellent moment !! On a quand même sacrifié au culturel en visitant la Mission Jésuite de San José, qui a traversé les siècles sans trop de dommages, car après l'expulsion des jésuites, les indiens sont restés sur place et ont continué à utiliser les lieux et à les entretenir.

 

 De Puerto Suarez à San Jose de Chiquito

 

Du 20 au 22 décembre: N'ayant pu visiter la colonie mennonite, car le guide qui devait nous y emmener était indisponible, nous quittons à regrets l'hôtel de Jérôme et prenons la route vers Santa Cruz de la Sierra. Route impeccable, terminée il y a quelques mois, un vrai billard....mais sans aucune infrastructure: pas de station service ou aire de repos....A certains endroits la nouvelle route longe l'ancienne piste en terre, complètement défoncée; maintenant on peut rouler à 100km/h, alors qu'avant on ne devait pas dépasser les 30 ou 40 km/h. Une cinquantaine de kilomètres avant Santa Cruz, les stations commencent à réapparaitre, mais impossible de charger du combustible: nous avons une plaque étrangère..et les stations n'ont pas les factures " ad hoc", elles ne peuvent vendre qu'aux boliviens...( les boliviens payent le gas oil 3.72 bolivianos le litre, les étrangers: 9.6 bol/l, uniquement dans des stations autorisées...)...Après 3 tentatives infructueuses, et un transfert depuis mon réservoir de réserve, je finis par trouver une station où le gérant compréhensif, accepte de me vendre du gas oil au jerrican, à condition pour moi de me planquer hors de l'enceinte de la station et de remplir mon réservoir avec les jerricans.... sympa, il me prête un bidon et me vend le gas oil au prix bolivien, sans facture..( 52 litres à 40 centimes d'euro, ça vaut le coup d'avoir les mains qui sentent le gas oil..). On arrive tardivement à Cotoca, dernière ville avant Santa Cruz et décidons d'y passer la nuit, avant d'entrer dans la grande ville. On s'installe juste devant la mairie, à quelques mètres du marché qui bat son plein, alors qu'il est déjà 21 heures...On va manger un morceau de poulet grillé dans un troquet chinois sur la place, et à peine rentrés dans le Land, on frappe à la porte!!! Ce sont Sandrine et Hamlet, un couple français, missionnaires des Témoins de Jéhovah, vivant ici depuis 16 ans. On discute un moment, puis ils nous invitent à les suivre jusque chez eux, à quelques centaines de mètres de la place, dans une rue beaucoup moins bruyante. On colle Ch'ti land le long de leur mur, car malheureusement , vu sa hauteur, il ne passe pas sous le porche d'entrée. On passe une nuit calme. Le lendemain matin, Hamlet nous confie à  Samuel, un bénévole de la congrégation, qui va nous servir de guide dans Santa Cruz, car je recherche un garage pouvant effectuer les diagnostiques électroniques, pour faire optimiser les réglages du Land avant d'attaquer la montée en altitude ( en quelques jours, on va passer de 100m à plus de 4000m)  Santa Cruz est une ville de 1.8 millions d'habitants, avec une circulation dantesque....et il n'y a presque pas de panneaux indiquant le nom des rues ou des avenues...

Bolivienne sur le marché de Santa Cruz

La ville comporte 8 "anneaux"( des périphériques internes ), mais pour un étranger il est impossible de savoir sur quel "anneau " vous vous trouvez.... Grâce à Samuel, nous rejoignons la concession Porsche/Land Rover qui vient juste de changer d'emplacement. Je tombe sur un chef d'atelier, fana de Land ( il a racheté un Def 110 de 2004, accidenté, à un couple de voyageurs français, et l'a complètement retapé).  Le garage est "nickel"; en moins de 2 heures, mon Land est ausculté, les "erreurs" du programme corrigées, le chef d'atelier va même jusqu'à se glisser sous le véhicule pour vérifier l'état général...Bien sûr, toute l'équipe du garage vient visiter l'intérieur de Ch'ti Land...La facture demeure très raisonnable: environ 130 euros, et une attention de tous les instants, tant pour le véhicule que pour ses passagers...

 

Chez le marchand de hamacs

Nous terminons la journée dans un supermarché car il faut remplir le frigo, et dormons sur le parking, au calme, sous la protection des vigiles qui gardent le magasin. Samedi nous prenons la direction de Samaipata, ancien site Inca, situé à 120km de Santa Cruz. La route est superbe, globalement en bon état, sauf quelque passages défoncés....et les inévitables vaches qui traversent à tous moments. Les collines ont remplacé la plaine; ça monte doucement par une route bordée de belles maisons. Les riches habitants de Santa Cruz possèdent des résidences secondaires en altitude pour échapper le week-end aux fortes températures et à la pollution de la ville. On s'installe au camping La Vispera, en pleine nature, et y retrouvons les deux CC allemands déjà rencontrés à Corumba et à San Jose de Chiquitos.

 

  Cotoca et Santa Cruz de la Sierra

 

 Du 23 au 25 décembre: On profite d'un WiFi de bonne qualité pour envoyer nos voeux de Noël et de Bonne Année à tous nos amis et appelons les enfants par Skype, puis prenons la route en direction de Sucre. Les 100 premiers kilomètres sont asphaltés, et le paysage magnifique, puis l'asphalte disparait  et est remplacé par un mauvais ripio alors que l'on commence à monter de plus en plus, jusqu'à 3013m.

 

Sur la Route Nationale 7

En changeant de vallée dans la descente, on tombe sur un banc de nuages denses, on roule à 15 km/h car on voit à peine le bout du capot, on enchaine virage sur virage et le précipice n'est jamais loin... Heureusement à un certain moment une petite moto portant 2 hommes nous double et nous ouvre le chemin. Quand enfin on sort des nuages, il est déjà 18:30 h et le jour commence à tomber. On a beau s'être juré de ne pas rouler de nuit, ici, pas moyen de s'arrêter, il n'y a que la route étroite coincée entre la montagne et le vide...C'est vers 20h, à la lumière des phares, qu'on arrive enfin à Pojo, un petit village qu'on atteint après une descente "raide". Un autochtone un peu "imbibé" nous guide jusqu'au fond du village, prés du marché couvert où nous nous installons dans le noir le plus complet. Pas le moindre bruit ne vient déranger notre nuit. Au réveil on découvre enfin le fond de la petite vallée entourée de montagnes où nous venons de passer la nuit. Je transfère le restant de mon réservoir supplémentaire dans le principal, il va falloir trouver du carburant aujourd'hui.....On remonte " les doigts dans le nez" les 250m de dénivelé de la route sinueuse que nous avions descendu hier soir " en serrant les fesses". On reprend la piste, toujours aussi défoncée ( on met 5 heures pour parcourir 130 km..).

Ici le tracteur n'a pas sa place

Arrivés à Epizana, lieu où l'on va quitter la "grand route" Santa Cruz Cochabamba, pour prendre une petite route vers Sucre, on trouve une station service....qui sans problème nous charge 95 litres ....au prix de 3.72 bolivianos le litre....C'est Noël..un peu avant l'heure. On trouve même un petit morceau d'une quinzaine de kilomètres d'asphalte en parfait état, jusqu'à Totora, ensuite une centaine de kilomètres de route faite de galets parfaitement assemblés....un travail de titan; on ne roule pas beaucoup plus vite, car ça tourne énormément, mais on est un peu moins secoués, et il n'y a pas de trous....Arrivés à Aiquille, ....on nous envoie dans le lit de la rivière...pendant 60 kilomètres , car on refait la route...c'est "sportif", mais on ne va pas se plaindre..on est venu pour ça !!!!  De Puente Arce à Sucre la route est asphaltée, bien que parfois entrecoupée par des coulées de cailloux descendus de la montagne. Une fois de plus la nuit tombe bien trop tôt...et nous rejoignons Sucre vers 20 heures, crevés...On décide de se trouver un hôtel, car ce soir c'est Noël...et coup de chance, celui que l'on dégotte grâce au "Routard" est superbement placé, a des chambres disponibles, et Ch'ti Land peut se garer juste devant , sous la fenêtre de notre chambre...

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Hostal de Su Merced à Sucre

 Après une bonne douche, nous allons déambuler dans les rues avoisinantes et sur la place principale de Sucre pour profiter des illuminations et de la foule. Le  jour de Noël nous récupérons de nos 2 jours de route éprouvants, et allons nous balader tranquillement dans la ville, mais aujourd'hui tout est fermé, sauf les restaurants et bars qui réouvrent dans le courant de l'après midi.

Le Pique Macho

Le soir, nous allons goûter au plat national bolivien: le Pique Macho, une couche de frites recouverte de légumes ( oignons, poivrons, carottes...) et de viande de boeuf et de poulet, le tout baignant dans un bouillon assaisonné.. C'est roboratif, mais attention: parmi les légumes se cache du locoto, un piment vert extra fort. On avait choisi la version "medio picante"; vu ce que nos langues et lèvres ont endurées, on frémit en pensant à ce que nous aurions subi si nous avions pris la version "picante"....

 

 De Samaipata à Sucre

 Culture en altitude

 Sucre

 

 

 26 et 27 décembre 2012: Nous quittons Sucre en direction de Potosi et allons passer de 2700m à 4000m. Il pleut par moments, mais nous roulons sur un bon asphalte. En arrivant à Betanzos, je décide de charger du gas oil...mais en voyant ma plaque française le pompiste me dit qu'il n'en a plus. Un camion, puis un tracteur viennent se garer à côté de la deuxième pompe, le pompiste discute avec les deux chauffeurs qui repartent pour aller se garer.... 20m plus loin . Cet enf...é  ne veut pas me vendre de carburant. Je décide donc de jouer au con ( et ça, je sais faire...) et ne bouge pas de devant la pompe , ça dure bien 5 minutes. Les chauffeurs commencent à s'impatienter....le pompiste revient et me dit qu'il a du gas oil, mais que pour les étrangers le prix est différent, et qu'il doit faire une facture. Je lui réponds que je suis tout à fait d'accord de payer le prix de 9.6 bolivianos le litre. Il appelle un chef qui arrive avec son carnet de factures et je peux enfin remplir mon réservoir. Bien sur, pour la facture je donne mon nom et prénom, mais refuse de donner mon numéro de passeport, y'a pas de petites vengeances...

 

 

La montagne d'argent de Potosi: le Cerro Rico

 

Les faubourgs de Potosi sont tristes, sales, la vie doit y être dure pour les mineurs sans emploi, car l'exploitation minière n'est plus ce qu'elle a été. Dans la ville, les rues sont étroites, tortueuses et en forte pente, ça klaxonne sans arrêt, les trottoirs dans certaines rues ne dépassent pas les 30 cm de large, et ça grouille de monde. Le portail du Residencial Tarija où nous pensions nous garer est trop bas pour Ch'ti Land, heureusement le gérant nous indique 100m plus loin un autre établissement avec un portail de près de 4m de haut. On s'y installe, mais c'est vraiment basique: pas d'électricité, 1 seul wc, mais il faut aller puiser de l'eau avec un broc en plastique dans un bidon de 200 l à l'extérieur pour faire fonctionner la chasse....bien sur, pas de WiFi, mais dans le Land nous accrochons un excellent WiFi gratuit. Les ballades dans les rues de Potosi sont agréables, bien que l'on s'essouffle vite, 4000m dans le Pas de Calais, c'est pas courant.

 

 

 Une cholita potosienne

 

On dort mal, souffle court et mal de tête. Jeudi matin, après le petit déjeuner arrosé au thé de coca et prise d'une gélule de Sorochji Pill, nous allons visiter La Casa Nacional de Moneda.

 

 

 La fonderie d'argent, actionnée par des esclaves...

 

C'est ici qu'à l'époque de la Colonie Espagnole était fondu l'or et surtout l'argent extrait du Cerro Rico , qui étaient ensuite expédiés vers l'Espagne ( on oublie souvent de dire, en parlant des puissances coloniales aujourd'hui tant décriées, que l'Espagne fut de loin la plus impitoyable en pillant sans vergogne une grande partie des richesses d' Amérique du Sud, et en faisant mourir plusieurs millions d'autochtones réduits en esclavage par le système de la "mita") . On y frappait également la monnaie. Visite très intéressante, uniquement en groupes avec guide, et omni présence de policiers dans toutes les salles.

 

  De Sucre à Potosi

  Potosi

  Casa Nacional de Moneda

 

 

 

 28 et 29 décembre: La route entre Potosi et Oruro est magnifique, elle serpente d'abord entre des montagnes de toutes les couleurs: rouge, ocre, verdâtre..., on voit réapparaitre les lamas, gardés par des enfants qui se précipitent vers la route en tendant la main dès que passe une voiture. On monte jusqu'à 4297m, Ch'ti Land assure sans faiblir.

 

 

Cabanes à flanc de montagne

 

Quand on atteint l'altiplano, la route devient plate, et on "tape" même des pointes à 80 km/h. Certains endroits de l'altiplano sont désertiques, il n'y a que des touffes de "paja brava", mais en d'autres endroits où l'eau est présente, il y a de grands champs où les tracteurs remplacent la traction animale. En milieu d'après midi nous arrivons à Oruro: ville minière qui ne présente aucun intérêt touristique. Les faubourgs sont d'une saleté repoussante. On finit par trouver à se garer dans la rue, dans le secteur de la gare routière, face au centre culturel municipal, et ne sommes réveillés qu'une fois vers 3 heures du matin par le passage du camion des éboueurs ( en réalité, des éboueuses, car ici ce sont des femmes qui effectuent les travaux les plus pénibles...).

 

 

Enfants dans une décharge à Oruro

 

 

La sortie d'Oruro est aussi triste et sale que l'entrée...papiers et plastiques volant en tous sens, cloaques pestilentiels....C'est pas ici que je viendrais passer mes vacances. A Konani, avant d'arriver à La Paz, je recharge du carburant, et cette fois ci le pompiste me le fait payer le double du prix bolivien, sans facture..;même comme ça, c'est une bonne affaire. En approchant de Patacamaya, nous avons une belle vue sur le volcan Sajama que nous irons voir de plus près dans quelques jours. L'arrivée sur La Paz par El Alto est spectaculaire:  la ville la plus haute du monde, et qui compte plus de 3 millions d'habitants occupe le fond d'un profond canyon et les flancs des montagnes alentours. Les quartiers populaires sont situés sur les hauteurs à 4000m d'altitude, alors que le centre historique et les quartiers résidentiels sont établis dans le fond de la vallée à 3200m. La descente est impressionnante, ça tourne sans arrêt, et les taxis et bus doublent à toute vitesse.

 

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La Paz , capitale de la Bolivie

 

 

On atteint le fond de la vallée et allons nous installer à quelques kilomètres de La Paz, à Mallasa, dans le "Parking Camping" de l'hôtel Plaza Oberland, point de stationnement de tous les voyageurs au long cours dans la région. Deux camping-cars français y sont déjà stationnés; nous faisons la connaissance de Bernard et Gisèle Kusmiersz ( des ex Pas de Calaisiens, installés en Côte d'Or) qui rentrent juste de France après avoir laissé leur CC Laika garé ici quelques temps. L'autre véhicule, également un Laika , appartient  à Michel et Murielle Mistral, des provençaux, qui voyagent avec leur fils Matisse, et qui sont actuellement rentrés en France pour les fêtes de fin d'année. L'hôtel, comme son nom le laisse présager appartient à un suisse, et tout y respire La Suisse, y compris une propreté irréprochable. Le parking peut accueillir quelques véhicules et est pourvu d'un local "Douches" impeccable ( le plus chic que nous ayons rencontré à ce jour)

 

 

  De Potosi à Oruro

  Arrivée sur La Paz

 

 

 

30 et 31 décembre 2012: Après nous être confortablement installés, nous allons faire quelques emplettes dans le village, et en début d'après midi nous prenons un taxi pour nous rendre dans le centre de La Paz. On se fait déposer sur la Plaza San Francisco, la place centrale de la ville, et partons explorer les rues avoisinantes, en commençant par la rue Sagarnaga, réservée à l'artisanat. Ca monte et on s'essouffle vite. On a beau être dimanche, une bonne partie des commerces sont ouverts et des travaux de voirie sont en cours: ce sont essentiellement des femmes qui poussent les brouettes, mélangent le béton et posent les pavés....

 

 

Une "cantonnière" dans les rues de La Paz

 

De retour dans notre " Home Sweet Home", on s'affale sur les banquettes, vannés par notre ballade. Comme nous allons passer la Saint Sylvestre ici, nous nous inscrivons pour le repas de fin d'année organisé par l'hôtel, au menu: buffet de diverses fondues....quand je vous disais qu'on étaient en Suisse....

 

 Première ballade dans La Paz

 

Le dernier jour de l'année est consacré à faire un peu de rangement, à mettre le site à jour..., nous pensions aller visiter quelques musées, mais ils sont tous fermés le lundi. Nous sommes une bonne trentaine de personnes à fêter le changement d'année au restaurant de l'hôtel: cocktail de bienvenue, puis fondue bourguignonne "améliorée" ( viande de boeuf, porc, poulet, lama, gambas et noix de St Jacques), et à minuit: champagne bolivien ( correct), embrassades et multitude de feux d'artifices tirés dans les rues et jardins alentours.

 

Au revoir 2012, vive 2013!!!!!

 

 

 1 et 2 janvier 2013: Comme tout est fermé en ce premier jour de l'année, nous avons décidé d'aller visiter le Parc Sajama, situé à 280 km de La Paz. La sortie de la ville est longue, car la route est encombrée de véhicules et de promeneurs qui se rendent à divers fêtes. Nous croisons plusieurs groupes folkloriques avec leurs costumes bariolés qui dansent dans les villages traversés. La route entre Patacamaya et Sajama est superbe; on dit que c'est l'une des plus belles de Bolivie. Nous sommes sur l'altiplano, entre 3700 et 4000m d'altitude, par moments c'est plat, puis soudain des formations rocheuses se dressent , vestiges des énormes mouvements de terrain provoqués par la formation de la Cordillère des Andes . On voit également des chullpars, petites tours en adobe qui servaient de sépultures aux populations précolombiennes; inutile de dire que toutes ont été pillées depuis fort longtemps...  L'entrée dans le Parc se fait par une piste en assez bon état. Au poste de garde: personne, c'est jour férié..

 

 

Place de l'église à Sajama et le volcan, au soleil couchant

 

 

On s'installe sur la place, juste devant le campanile de l'église. On fait quelques emplettes dans une mini épicerie et discutons avec la tenancière. je la prend en photo avec sa petite fille, imprime la photo et lui offre, elle est surprise et extrêmement contente. On s'apprête à passer une soirée tranquille quand on entend les accords d'une fanfare: grosse caisse, caisses claires et "tarka", grosse flûte taillée dans du bambou, au son rauque. Des danseurs avancent dans la rue et entrent dans la salle des fêtes...on suit le mouvement et assistons à la cérémonie de passation de pouvoirs entre les notables de la communauté Aymara du village.

Tous les ans, une nouvelle équipe est mise en place pour diriger la communauté et veiller au respect des traditions et coutumes. Entre l'équipe sortante et la nouvelle équipe a lieu tout un cérémonial avec offrandes à la Pachamama: feuilles de coca, alcool...ça picole pas mal...

 

Passation de pouvoirs au sein de la communauté Aymara de Sajama

 

 

Tout le village assiste à la cérémonie, même ceux qui ont quitté le village et habitent en ville; on voit donc se côtoyer des chollas en costumes traditionnels, et leurs filles ou petites filles vêtues à l'européenne et accrochées à leur portable...

Après une nuit très calme, sous un soleil resplendissant, nous partons en virée dans le parc au pied du volcan Sajama ( 6540m, le plus haut sommet de Bolivie), et des deux volcans jumeaux Payachatas. On passe quelques gués puis prenons la piste qui va vers les geysers, malheureusement, à un certain moment, nous devons faire demi tour car la piste à flanc de montagne n'est pas assez large pour laisser passer Ch'ti Land en sécurité. Nous croisons de nombreux troupeaux de lamas de plusieurs centaines de têtes.

 

 

Un jeune lama égaré

 

 

On tombe même sur un très jeune lama perdu qui pousse des petits cris pour essayer de retrouver sa mère; on s'arrête et il se précipite vers nous, il est habitué au contact avec l'homme. Il se laisse caresser, on dirait une peluche. Le paysage est  superbe, les couleurs des montagnes presque irréelles. C'est à regrets que l'on s'apprête à quitter le parc quand nous croisons un groupe de vigognes; nouvelle séance photo.... Le soir nous retrouvons notre emplacement à l'hôtel Oberland....et les deux CC allemands que nous croisons régulièrement.

 

 En route vers Sajama

 Passation de pouvoirs chez las Aymara

 Dans le parc national Sajama

 

 

 Du 3 au 6 janvier 2013:Ce jeudi 3, nous avions prévu d'aller visiter quelques musées dans La Paz.....mais, en faisant le lit, Evelyne fait un faux mouvement, et se fait un lumbago...Les médicaments à disposition ne faisant pas effet , et la douleur augmentant, je demande à l'hôtel d'appeler un médecin..., et moins d'une demi heure plus tard, une jeune médecin débarque :massage et piqûre n'arrivent pas à soulager Evelyne qui est totalement bloquée. La toubib repasse le soir même avec un appareillage de vibrations pour essayer de détendre les nerfs, rien y fait. En discutant fortuitement avec notre "voisin allemand" du CC d'à côté,..il me dit qu'il est chirurgien traumatologue, et fait prendre à Evelyne une dose médicamenteuse de cheval pour au moins soulager la douleur: elle dort comme un bébé et au réveil la douleur a un peu diminué. On poursuit le traitement le jour suivant, et dans le courant de l'après midi, nous pouvons aller faire une petite ballade dans La Paz, car il faut qu'Evelyne marche.

 

 

Y'a pas d'âge pour être gourmandes....

 

Le samedi, Evelyne allant mieux, nous repartons visiter l'église San Francisco et son musée, puis nous allons faire un tour au marché aux sorcières...L'église San Francisco est un pur chef-d'oeuvre d'art baroque: façade presque entièrement sculptée, intérieur  orné de retables de chaque côté de la nef centrale, tous bien sûr, recouverts de feuilles d'or.....Le musée présente entre autre,  une superbe collection de peintures des 16ème, 17ème, 18ème et 19ème siècles, uniquement dédiée à la Vierge Marie, oeuvres réalisées par des artistes indiens. La visite de la crypte et du campanile sont d'un grand intérêt. Ce fût une visite superbe qui restera dans nos mémoires. Comme chaque samedi, le parvis de l'église grouille de monde, nous avons droit à un rassemblement de membres d'églises de toutes les provinces de Bolivie: un cortège de plusieurs milliers de personnes.....Le dimanche, après les derniers rangements et la mise à jour du site, nous prenons la route vers Tiwanaku, un site pré-incaïque situé à 75km de La Paz.

 

 

Têtes sculptées dans le temple semi-enterré de Tiwanaku

 

La civilisation des Tiwanakos a duré de 1500 avant JC à 1200 après JC et s'est éteinte avec la domination des incas sur la région. Ils ont construit, entre autre, d'immenses pyramides et des temples de pierres et d'adobe, dédiés au soleil et à la lune. Au fil du temps les édifices en adobe se sont effondrés et ont tout recouvert  d'une couche de terre qui a protégé le site pendant des siècles.. Le site est d'une immense valeur archéologique et culturelle, mais nous sommes restés un peu sur notre faim, car il n'est pas mis en valeur comme il le mériterait...: fléchage inexistant, pas de brochures disponibles pour en savoir un peu plus sur cette civilisation, un musée consacré aux poteries et céramiques retrouvées sur place, mais présentées dans des vitrines sans aucune explication...et un deuxième musée ( plus récent, mais qui commence déjà à tomber en morceaux..) qui n'abrite que 2 ou 3 statues, là encore sans la moindre explication...dommage, peut mieux faire...

 

  Ballade dans La Paz

  Le temple de Tiwanaku

 

 

 

7 janvier 2013: Après une nuit au grand calme sur le parking du site, nous reprenons la direction de La Paz et bifurquons au niveau de El Alto vers Copacabana  ( pas la plage brésilienne, mais la petite ville bolivienne située sur les bords du lac Titicaca). La traversée de El Alto est toujours aussi homérique: un trafic monstre, des mini bus dans tous les sens, et des gens qui essaient au péril de leur vie de traverser n'importe où...Sortis de la ville, la route redevient très belle. Au niveau de Batallas, on découvre enfin ce lac dont le nom  a fait éclater de rire tant d'enfants...C'est un moment un peu magique; on est à un endroit où pendant longtemps on a pensé ne jamais mettre les pieds.... En arrivant à Tiquina, la route s'arrête: il faut traverser le lac sur un bac afin de poursuivre jusqu'à Copacabana; jusque là, rien d'anormal...ce qui l'est moins, c'est l'état des bacs en question: de grosses barquasses en bois, propulsées par un moteur hors bord de 60CV, et pilotées par des gamins...Deux soldats de la Marine Bolivienne surveillent les opérations...( pour mémoire, la Bolivie a une marine de guerre...mais n'a pas d'accès à la mer, et donc , pas de bateau ...., nous avons à faire à de vrais "marins d'eau douce") , uniforme bleu, bob style US Navy sur la tête, gilet de sauvetage bouclé....alors qu'ils sont sur la terre ferme, à plus de 50 mètres de l'embarcadère....

Chaque "bac" peut charger 2 véhicules. On roule sur des planches posées sur les varangues du fond du bateau, les roues sont plus ou moins bloquées avec des pierres.....on est monté en marche avant, on descendra en marche arrière.

 

Traversée du lac Titicaca

 

 

Dès qu'on quitte la berge, ça commence à "rouler" sérieusement, les barques n'ont pas de quille et les petites vagues du Titicaca engendrent un gentil "roulis" qui n'affecte pas sérieusement les voitures particulières, mais qui crée sur les véhicules hauts sur pattes des mouvements de grande amplitude. Une fois de plus, on "serre les fesses" et on prie en silence pour vite arriver de l'autre côté...Le pilote de notre bac me dit qu'il est déjà arrivé plusieurs fois que des barques se retournent et envoient véhicules et passagers par le fond....On se rassure en regardant un autre bac qui est en train de transborder un autobus,....mais les passagers sont sur un autre bateau. On accoste enfin après un petit quart d'heure de traversée, avec un petit "ouf" de soulagement. Le restant de route jusqu'à Copacabana est vite avalé. En cherchant un endroit pour nous garer pour la nuit sur l'esplanade qui borde la plage, nous apercevons un camping car... français. Nous faisons ainsi connaissance des "Cigognes en vadrouille", Eric et Nathacha Moio, accompagnés de 3 de leurs enfants et de leur chien. Ils sont là depuis une semaine à attendre l'arrivée des cours du CNED, qui ne sont toujours pas là. De guerre lasse ils ont décidé de passer ce soir même au Pérou. On discute pendant une bonne heure, visite réciproque des véhicules, puis on se sépare, en se disant que nous nous retrouverons sans doute quelque part au Pérou ou en Equateur...

 

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Etals de fleurs sur la place du Sanctuaire de la Vierge de Copacabana

 

 

On part se balader à pied vers le centre; la place centrale est occupée par des étals, et de nombreux groupes de femmes sont assis en ronds en plusieurs endroits, et ça picole dur: la bière coule à flots..On se renseigne: aujourd'hui, c'est la Fête des Rois...et nos braves chollas ne laissent pas passer une occasion de faire la fête et de s'humidifier le gosier..; les hommes ne semblent pas faire partie de la fête ???

 

8 janvier 2013: A 8:15 h nous sommes sur l'embarcadère car nous allons visiter l'Ile du Soleil, haut lieu cérémoniel de la civilisation inca. La traversée aller dure 2 heures. A peine débarqués, il commence à pleuvoir . On visite le petit musée, puis traversons le village pour monter vers les ruines . Les parcelles sont minuscules, mais parfaitement entretenues; on y cultive la pomme de terre ( plus de 40 variétés différentes), le maïs, les fèves.., tout est régi de façon communautaire. Chaque parcelle est cultivée pendant 5 ans, puis laissée au repos pendant 7 ans; pas d'engrais chimique, tout le monde participe aux travaux des champs. Plus on monte, plus on peine ( le lac est déjà à 4000m d'altitude, et les Incas ont jugé bon d'installer leurs temples sur les points culminants de l'île, sans penser qu'un jour de malheureux touristes non entrainés devraient gravir ces pentes...), et, de plus, la pluie augmente...on n'est plus sur l'île du Soleil, mais plutôt sur l'île de la Pluie.

 

 

Le labyrinthe du Temple du Soleil sur le lac Titicaca

 

On décide d'annuler la traversée nord sud de l'île que nous avions prévu de faire et redescendons au port pour reprendre le bateau qui va nous ramener à Copacabana....petit "hic", le vent s'est levé et de grosses vagues se sont formées sur le lac. Il ne reste que 2 petits bateaux, et celui de notre agence a disparu . Les deux premiers bateaux partent et on les voit s'éloigner, ballottés comme des bouchons sur les vagues. Nous sommes une bonne trentaine , bloqués sur le quai....après quelques tergiversations, le responsable du port décide de mettre en oeuvre un des bateaux de la communauté, ancré dans une petite crique près du port. Le temps de trouver un pilote, d'aller récupérer le bateau et de l'amarrer à quai, de faire le plein, et nous pouvons enfin embarquer. Bonne chose: pendant que nous attendions, le vent s'est calmé et la force des vagues a faibli; nous sommes un peu secoués en début de parcours, puis ça se calme et nous rejoignons Copacabana sans encombres. Petite précision: les normes de sécurité péruvienne sont inexistantes, ou alors, elles ne sont pas appliquées: pour un bateau de 30 personnes, il n'y avait qu'un seul membre d'équipage: le pilote, et bien sûr, pas le moindre gilet de sauvetage sur le bateau....

 

  De Tiwanaku à Copacabana

  L'île du Soleil sur le lac Titicaca

 

 

9 et 10 janvier 2013: De bon matin nous quittons Copacabana et passons sans problème  la frontière boliviano-péruvienne à Kasani. Dès les premiers kilomètres le changement de paysage est frappant: les villages se succèdent, la route asphaltée est impeccable, pas le moindre trou, les bas côtés sont propres, pas de bouteilles ou de plastiques jetés depuis les voitures..et les équipes de cantonniers que l'on croise travaillent effectivement ( alors qu'en Bolivie, elles avaient plutôt tendance à tester les endroits les plus propices à la sieste..) Pourvu que ça dure....

 

Bienvenue au Pérou

 

 

Dans les villages, les rues sont balayées, et dans les champs, tous les membres de la famille travaillent ensemble. Il semble que les autorités péruviennes fassent un gros effort au niveau de l'hygiène, car, même dans le plus petit village, chaque maison est dotée d'un WC installé à l'écart de la maison, dans des petites cabanes, toutes identiques. Nous faisons halte à Puno pour tirer de l'argent et faire un plein au supermarché, mais nous évitons la traditionnelle visite des îles Uros, devenue un piège à touristes ( du moins à notre point de vue). Nous poursuivons jusqu'à Juliaca, mais il est totalement impossible de trouver à stationner dans la ville pour passer la nuit. Heureusement, à la sortie de la ville en direction de Cusco, il y a au moins une douzaine de stations services sur quelques kilomètres, certaines avec de grands parkings  ( essentiellement chez Petroperu et Pecsa). La nuit est calme car le trafic s'arrête presque totalement entre 22h et 6 h du matin; c'est le train Puno Cusco qui nous réveille vers 6:30h. La route vers Cusco se poursuit, toujours aussi agréable: paysages magnifiques, route en parfait état, nombreux postes de péages, mais ils sont grand-ouverts...nous n'avons payé qu'une fois 3.9 NS ( nuevo sol) pour le trajet Puno Cusco.

 

C'est jour de lessive...

 

 

Il y a de la police dans chaque village, mais nous n'avons jamais été contrôlés. La route continue à monter, et Ch'ti Land passe le cap des 4355m sans sourciller....En entrant dans la vallée de Cusco, nous retrouvons la pluie, qui tombe ici quotidiennement depuis plusieurs semaines...En arrivant au camping de Cusco, nous y retrouvons Gisèle et Bernard qui stationnent à l'extérieur du terrain car la pelouse est totalement gorgée d'eau, et leur camping car ne peut pas s'y aventurer au risque de s'y  embourber. On monte la pente en petite vitesse et nous garons en haut du terrain...non sans avoir laissé quelques belles ornières.

 

Du 11 au 13 janvier 2013: Vers 4h du matin, la pluie commence à tomber, et ce jusqu'à 8:30; le soleil a ensuite du mal à percer....Sous un ciel couvert on part visiter le site de Saqsayhuaman, distant de moins de 200 mètres de notre camping. Les prêtres incas et les architectes ont construit la ville de Cusco en lui donnant la forme d'un puma dont la tête est représentée par la colline de Saqsayhuaman où ils ont édifié un immense temple ( qu'on a longtemps pris pour une forteresse, à cause de ses murs massifs). L'enceinte du temple est immense et comporte 3 niveaux de terrasses délimitées par des murs en zig zag faits d'énormes rochers ( les plus gros pèsent au moins 120 tonnes et ont été amenés ici à force de bras) Sur la terrasse la plus haute s'élevaient 3 grands bâtiments qui devaient abriter les prêtres et le personnel préposé au culte du Soleil

 

 

Le site de Saqsayhuaman

 

 

Les conquistadores espagnols ont pillé toutes les richesses accumulées ici, puis ont détruit les bâtiments pour récupérer les pierres qui ont ensuite servi à la construction de la cathédrale et des nombreuses églises et couvents de la ville.

 

Vers 500 après JC, les Mochicas tiraient déjà la langue

 

 

L'après midi nous descendons à pied à Cusco et visitons le Musée d'Art Précolombien, puis nous nous baladons dans le centre du vieux Cusco. Le lendemain nous reprenons notre visite de la ville, qui est en fait un immense musée en plein air. Chaque pierre a une histoire à raconter, ici, on touche l'Histoire du doigt.; les Incas, c'était il y a seulement 500 ans....avant hier pour ainsi dire....Sur les murs incas, on cherche à reconstituer les animaux sacrés que les bâtisseurs ont implantés, l'assemblage des blocs de pierre entre eux  est un chef d'oeuvre de précision: pas de mortier, chaque bloc s'emboite  avec ses voisins.

 

 

La pierre des 12 angles, un verrou anti sismique

 

 

La pierre des 12 angles est en fait une sorte de verrou qui empêche les pierres qui l'entoure de glisser  et de bouger en cas de tremblement de terre. Un fort séisme en 1650  a détruit bon nombre des bâtiments érigés par les Espagnols....alors que les bases incas de ces édifices n'avaient pas bougé... On pourrait encore rester plusieurs jours pour visiter cette ville très attachante, mais il faut se résoudre à poursuivre le chemin, si on veut pouvoir rentrer en France fin mars....

 

 Entrée au Pérou

 Saqsayhuaman

 Balade dans Cusco 1

 Balade dans Cusco 2

 

 

 

14 et 15 janvier: Le lundi matin on finit de mettre le site à jour et avons prévu de quitter le camping en tout début d'après-midi, pour aller faire un plein de provisions au supermarché, puis aller faire recharger la bouteille de gaz  qui est presque vide et enfin de rejoindre Pisac, pour entamer mardi le tour de la Vallèe Sacrée des Incas. La recharge du gaz qui ne devait être qu'une simple formalité, tourne presque au cauchemar..Ma bouteille argentine ne possède pas de soupape de sécurité...., et le concessionnaire refuse de me la remplir. Il peut remplacer ma vanne par une autre vanne munie d'une soupape.., il a la vanne ad hoc, mais ne connait pas son prix...On marche sur la tête...Heureusement, un gars plus dégourdi finit par m'indiquer un autre dépôt qui me remplit ma bouteille sans problème. On y a passé plus de 3 heures....Nous restons donc dormir sur Cusco.

Mardi matin, nous quittons notre stationnement et prenons la route de Andahuaylillas, petit village situé à 37km de Cusco, sur la route de Puno, et qui abrite une église considérée , dans les guides comme la "Chapelle Sixtine" des Andes.

 

 

Eglise de Andahuaylillas, la "Sixtine" des Andes

 

 

Les guides n'ont pas menti: dès qu'on passe le porche de l'église, on a le souffle coupé. C'est du baroque flamboyant: le retable du Maître Autel qui occupe tout le fond de l'église du sol au plafond est recouvert de feuilles d'or, ainsi que tous les autres retables qui couvrent les côtés de la nef; plafonds à caissons entièrement peints, nombreux tableaux de l'école de Cusco dans des cadres sculptés et dorés à l'or fin... Tous les murs ont été peints par des artistes quetchuas au temps de la Colonie Espagnole. Heureusement qu'à l'entrée , nous nous sommes adjoint les services d'un guide sinon nous n'aurions pas pu profiter des explications nécessaires pour comprendre pourquoi et comment un tel bijou a été édifié dans ce petit village. Nous ne pouvons malheureusement pas vous montrer de photos de cette merveille car les photos sont interdites dans cette église ( entre autre pour des raisons de sécurité, car l'église est sous protection anti vol , compte tenu de la valeur de tout ce qu'elle contient )

Nous rejoignons enfin Pisac par une très belle route. La place principale que nous avions connu il y a 10 ans avec quelques étals d'artisanat authentique, quelques marchandes de choclo et de chicha, est maintenant totalement occupée par des allées de stands de commerçants vendant tous les mêmes articles de pacotille. Les bus déchargent les touristes directement devant les stands, et chaque guide emmène son groupe vers le stand où il a sa commission.... Nous retournons vite casser la croûte dans Ch'ti Land et en tout début d'après midi nous montons en taxi jusqu'à l'entrée du site inca de Pisac, situé sur les hauteurs à 13km de la ville actuelle.

 

 

Temples sur la crête entre 2 vallées

 

La visite est superbe, des centaines de terrasses s'accrochent aux parois des montagnes. Des "agronomes incas" vivaient au milieu des cultures et recherchaient les meilleures variétés de maïs, de pomme de terre, de quinoa, en fonction des conditions climatiques liées à l'altitude, à l'ensoleillement....Ils ont fait des croisements de variétés et crée des hybrides, bien avant Monsanto....La visite dure un bon 2 heures, et ce n'est qu'une succession de montées et de descentes...un excellent exercice....

Nous quittons Pisac assez tard et décidons de passer la nuit à Calca,  à une trentaine de kilomètres. La place principale de la ville est vaste et nous nous garons en face du commissariat , dans un emplacement parfaitement balisé. A 1 heure et demi du matin nous sommes réveillés en sursaut par un violent choc à l'arrière du véhicule. Je me précipite dehors: une moto taxi vient de percuter de plein front l'arrière de Ch'ti Land !! Le chauffeur de la moto est ivre mort, il ne tient pas debout, il empeste  l'alcool. Cet abruti a sans doute voulu faire un  demi tour en plein milieu de la chaussée, qui fait pourtant bien 20 mètres de large à cet endroit, et a fini dans notre pare-chocs. Il a un mal de chien à dégager  sa mobylette à 3 roues, encore plus de mal à la remettre en route, mais finit par y arriver et repart en zigzaguant.....Inutile de lui demander son assurance, il n'en a pas...Ch'ti Land y laisse  au passage du gel coat, un peu de fibre de verre et une partie de la porte extérieure de la cassette WC... On se recouche et terminons notre nuit. Au matin, alors que nous venons de terminer de déjeuner,.....nouveau choc à l'arrière...., cette fois , c'est une moto qui à pris trop vite son virage et a dérapé sur le sol mouillé, se couchant et venant s'encastrer sous le panier de la roue de secours...Le pilote arrive en boitillant, suivi d'un homme plus âgé, ils dégagent la moto, ramassent le rétroviseur et le clignotant qui n'ont pas résisté à la glissade et à la rencontre avec la panier de Ch'ti Land, l'homme plus âgé enfourche la moto, redémarre, le jeune monte derrière et tous les deux s'en vont sans une parole, ni même regarder si il y a des dégâts.. Nous décidons de vite quitter notre place de parking avant qu'un troisième engin ne vienne nous rendre visite....

 

 La "Sixtine des Andes" et le site de Pisac

 

 

 

16 et 17 janvier 2013: Nous mettons le cap sur Ollantaytambo. Cette petite ville est restée "dans son jus" depuis l'époque inca. C'était un "tambo": un village regroupant une garnison militaire, des dépôts de vivres ( en cas de disette), d'armes, de vêtements....En cas de mauvaises récoltes dans une région, les "tambo" voisins pouvaient envoyer en peu de temps des vivres ( maïs, P de T déshydratées, fèves...) aux régions en difficultés. En cas de conflit, ils pouvaient armer et équiper les hommes des villages alentours pour rejoindre l'armée de l'Inca. Le site d'Ollantaytambo possède de plus un temple dédié au Soleil, mais qui ne fût jamais achevé du fait de la Conquête Espagnole.. Le site se compose de plusieurs dizaines de terrasses entre le village qui occupe le fond de la vallée et les hauteurs où sont situés les bâtiments de la garnison, des prêtres ...

 

Un villageois d'Ollantaytambo

 

 

Sur les hauteurs, accrochés à flanc de montagne, se situaient également les silos où étaient entreposées les réserves alimentaires. Là encore, des blocs de pierre de plusieurs dizaines de tonnes ont été amenés d'une carrière distante de plus de 10 kilomètres, de l'autre côté de la vallée...Pour faire traverser la rivière Urubamba à ces énormes blocs les Incas avaient une astuce: ils stockaient les pierres au bord de la rivière, puis , après la saison des pluies, ils détournaient le cours de la rivière, la faisant passer derrière le stock  de pierres , et créaient un chemin sur le lit asséché pour faire passer leur cargaison... Notre visite se déroule sous la pluie..., dommage pour la qualité des photos....

En quittant Ollantaytambo, nous souhaitons rejoindre les sites de Maras et Moray, situés près de la ville d'Urubamba, malheureusement le pont sur la rivière Urubamba est fermé, ce qui nous oblige à un petit détour d'une centaine de kilomètres pour traverser au prochain pont, situé  à Pisac et à repasser par Cusco. Comme l'heure avance, nous décidons de retourner passer la nuit au camping de Saqsayhuaman....

 

Rue pentue à Chinchero

 

 

Le lendemain , nous partons vers Chinchero, beau petit village qui a conservé ses rues étroites, pentues à souhait. Nous allons visiter l'église  qui mériterait une sérieuse restauration....mais les crédits manquent... Là encore, de l'or partout sur les retables, des peintures des 16éme et 17 éme siècles qui partent peu à peu en lambeaux. Le marché artisanal sur la place de l'église est beaucoup plus authentique qu'à Pisac....et les prix beaucoup plus bas...Visite du petit musée qui regroupe les pièces trouvées sur le site et une section consacrée aux instruments agraires utilisés par les populations locales: très intéressant. Nous poussons vers Maras et allons visiter les "terrasses de Moray".

 

 

Les terrasses de Moray

 

 

C'est un lieu en pleine montagne où la configuration du terrain a permis aux incas d'installer des terrasses circulaires, empilées les unes au dessus des autres pour tester les cultures en fonction des différents micro-climats. En arrivant sur le site, nous repérons de loin le CC de Gisèle et Bernard que nous avions quitté il y a quelques jours à Cusco et qui reviennent du Machu Picchu. Ils se joignent à nous ( ou vice versa) pour aller aux salines de Maras.

 

 

Les salines de Maras

 

Là encore il faut descendre au fond d'une étroite "quebrada" ( gorge) emprisonnée entre 2 montagnes pour découvrir près de 4000 bassins édifiés bien avant l'ère inca pour récupérer le sel provenant d'un petit ruisseau salé sortant de la montagne...Ca descend raide, et il pleut...mais ça passe, idem pour la remontée....Nous retournons passer la nuit sur le parking du site de Chinchero.

 

  Ollantaytambo

 Chinchero 

  Terrasses de Moray

  Salines de Maras

 

 

18 et 19 janvier 2013: Nous quittons Chinchero et allons rejoindre en 2 jours Nazca, distant de 680 km par la route ( moins de la moitié à vol d'oiseau...). Nous passons devant le marché aux bestiaux de Anta, et croisons sur la route de nombreux paysans qui se rendent à pied au marché, emmenant en longe la vache ou le cochon qu'ils veulent vendre...

 

Le marché aux bestiaux d'Anta

 

 

Sur la route, nous avons la chance de voir un "gato montes" ( chat sauvage) traverser juste devant notre véhicule..., pas le temps de prendre une photo, hélas... La route est magnifique, on descend de 4000 à moins de 2000 mètres, puis on remonte à 3700, avant de redescendre à 2000 et de remonter à 4500, avant de terminer à Nazca à 600mètres.....heureusement, la route est en parfait état, large, et les pentes sont relativement douces, par contre, on ne compte pas les virages.....et il faut faire attention aux chauffeurs péruviens, en particulier ceux des mini bus, ils conduisent comme des fous, doublant n'importe où, et coupent systématiquement leurs virages....De plus il y a beaucoup de camions sur cette route, on les doublent dans les montées, mais ils nous redoublent en trombe dans les descentes....Le paysage est superbe, on passe au fond de gorges étroites, dominées par des parois de parfois plus de 1000 mètres; au fond il n'y a de place que pour le torrent et la route....Tous les animaux circulent sur la route: vaches, ânes, chevaux, cochons....Nous couchons à mi parcours à Chalhuanca. La deuxième partie de la route est toute aussi belle, mais on monte haut: Ch'ti Land bat son record d'altitude à 4553 mètres....En début d'après midi, on subit 2 mini tempêtes de neige....heureusement de courte durée et assistons à un superbe arc en ciel pendant plus de 20 minutes. 55kilomètres avant Nazca le paysage devient brusquement désertique, et en une petite quarantaine de kilomètres, on descend de 4500 à 600 mètres...,

 

Descente vers Nazca

 

 

on enchaine les virages en épingle à cheveux..., sur des montagnes pelées. Nous, on descend, mais les camions qui montent, se trainent péniblement et crachent de grosses volutes de fumée noire, on les laisse passer premiers dans les virages, car compte tenu de leurs longueurs, ils occupent parfois les 2/3 de la largeur de la route... Vers 18 h , nous arrivons à Nazca, ville construite en plein désert, dans une oasis créée par les Nazcas qui ont amené l'eau de la Cordillère dans la vallée par une trentaine de canaux souterrains, toujours en service... Nous allons nous installer à "La maison suisse", un hôtel situé juste en face de l'aéroport, et qui accueille dans son parc les véhicules des voyageurs au long cours... A peine installés , nous faisons connaissance avec Mauro et Marina, un jeune couple de brésiliens qui sont remontés jusqu'en Alaska, avant d'entreprendre la descente du continent en direction d'Ushuaia...on échange des adresses de bivouacs et de transitaires, car ils ont passé leur véhicule de Carthagena à Galverstone...( ça m'intéresse..). On réserve directement à l'hôtel nos places pour le survol des lignes de Nazca pour le lendemain matin...

 

  De Cuzco à Nazca

 

 

 

20 janvier 2013: A 9 heures, comme convenu, un taxi passe nous prendre et nous dépose à l'aéroport de Nazca. L'aéroport est bondé, il y a une dizaine de compagnies qui assurent le survol des fameuses lignes de Nazca, avec des petits avions Cessna allant de 4 à 12 places. Nous embarquons à 10:30 pour un vol d'une quarantaine de minutes. Nous sommes 6 à bord: le pilote, le co-pilote et 4 passagers. Ca secoue pas mal, mais le spectacle est au rendez vous, les figures tracées par les Nazcas il y a environ 1700 ans sont là, pas toujours faciles à discerner, car entrecoupées par d'autres traces. A chaque figure, le pilote fait 2 passages: un en inclinant l'appareil du côté droit, l'autre en l'inclinant du côté gauche, afin que tous les passagers puissent bien voir les pétroglyphes.

 

 

Lignes de Nazca: le colibri

 

Filmer ou prendre des photos est assez sportif, car il y a peu de place dans l'avion, et il faut calculer chaque geste; de plus on a peu de temps pour repérer la figure, cadrer et prendre la photo, car l'avion vole à 220 km/h et a seulement 350 mètres d'altitude, ça défile vite....Ce vol nous a laissé un souvenir impérissable...et quelques belles photos, mais aussi beaucoup de questions sur ces hommes vivant il y a près de 2000 ans dans un milieu hostile et qui ont été capables de dessiner ces "temples à ciel ouvert" pour implorer l'aide de leurs divinités.

 

 Les lignes de Nazca

 

 

21 janvier 2013: Lundi en tout début d'après-midi nous quittons Nazca et prenons la route en direction de Pisco et de la réserve nationale Paracas, située à 220 km. En sortant de Nazca et pendant plus de 100 km, on traverse le désert, sable  et cailloux de chaque côté de la route, végétation inexistante et nuées de sable traversant la route....Par moments, au milieu de "rien": une pauvre maison d'adobe protégée du vent et du sable par quelques panneaux de paille tressée; on se demande de quoi peuvent bien vivre les gens qui habitent là ?  Peu avant Ica, la végétation réapparait, et on voit nos premiers champs de coton...puis apparaissent de grandes exploitations agricoles qui produisent essentiellement des fruits et du raisin...pour la production du vin péruvien et du Pisco, alcool réputé dont le Pérou et le Chili se disputent la paternité....Peu avant la ville de Pisco, on prend la direction de Lagunillas, une petite plage située dans la réserve de Paracas.

 

 

Le Pacifique à Lagunillas

 

 

Les gardes parcs nous conseillent de dormir à côté de leur local, mais avant, nous décidons de pousser jusqu'aux quelques bâtiments que l'on aperçoit en face, de l'autre côté d'une petite anse....Il s'agit en fait de quelques petits restaurants; avant même que le moteur de Ch'ti Land ne soit arrêté, nous sommes entourés par les serveuses des restaurants qui viennent nous vanter la qualité, la fraîcheur et les prix de l'établissement pour lequel elles travaillent.... Il est tôt ( à peine 19 h) , mais on se décide pour "La Tia Fela": Comme nous sommes les seuls clients, on nous installe une table dehors, devant le restau, face au Pacifique, et la serveuse vient nous présenter dans un grand plat en inox, les grosses crevettes, les petites coquilles St Jacques et l'énorme "corvina" pêchée du matin qu'elle nous recommande....On se laisse tenter, et on se régale comme jamais: camarones à l'ail et St Jacques gratinées au parmesan et au Pisco, en entrée, suivies d'une darne de "corvina a la plancha", le tout arrosé, bien-sûr de Pisco...un grand moment de bonheur....Le patron du restaurant qui fête ce soir ses 43 ans vient discuter un bon moment avec nous et nous présente la moitié de sa famille....On passe un excellent moment avant de rejoindre de nuit, en suivant scrupuleusement les poteaux équipés de bandes réfléchissantes qui balisent la piste, le local des gardes parcs...

 

 

Retour de pêche

 

 

Le lendemain matin nous assistons au retour des bateaux de pêche qui sont partis traquer l'anchois toute la nuit . Les cales sont pleines et les camions frigo attendent pour transporter les caisses vers les usines de filetage et les conserveries.

 

  Parque Nacional de Paracas

 

 

22 et 23 janvier 2013:  Après l'épisode " retour de pêche", nous prenons la route en direction de Lima. Nous nous arrêtons sur la belle petite plage de Cerro Azul pour le repas du midi. La route côtière   serpente dans le désert: dunes de sable et de cailloux des 2 côtés de l'asphalte...Parfois nous traversons une petite zone verte, quand un cours d'eau venu de la Cordillère permet un peu d'irrigation. Tout le long de la côte il y a un nombre incalculable de bâtiments d'élevage de poulets...c'est vrai que les péruviens en mangent beaucoup... En milieu d'après midi nous arrivons à Lima et nous nous installons dans la cour de l'hôtel Hitchhikers, en pleine ville. Le parking est tout petit, mais suffit à notre bonheur. Le lendemain nous partons en taxi faire un petit tour dans le centre historique de la ville. Nous tombons sur un chauffeur érudit, qui lit du Zola en attendant le client...La circulation dans Lima est énorme, et, pour tout arranger, les péruviens conduisent très mal.. Les policiers aux carrefours jouent du sifflet, et les automobilistes, du klaxon, c'est une vraie cacophonie...

La Plaza Mayor et la Présidence de la République

L'accès à la Plaza Mayor est bloqué, car il y a une manifestation, et les autorités  ne veulent pas de manifestants face à la Présidence de la République. Nous allons visiter le musée (gratuit) de la Banque de Réserve du Pérou, très belle collection de céramiques de toutes les tribus ayant occupé le territoire péruvien. Malheureusement la section réservée aux bijoux en or et en argent est fermée pour cause de travaux de rénovation.

 

Bouteille siffleuse à double corps ( civilisation Moche)

En repassant devant le palais présidentiel, nous assistons à la relève par les hussards de la garde: uniformes anciens et marche au pas de l'oie....un peu désuet, mais haut en couleurs...De retour à l'hôtel, un jeune espagnol vivant depuis 7 ans à New York, et qui descend vers Ushuaia en moto vient discuter avec nous des routes à prendre et des endroits à visiter. Le soir, nous nous offrons un repas au restaurant de poissons installé à moins de 100 m de notre hôtel.

 

   Lima

24 et 25 janvier 2013: La sortie de Lima n'est pas une partie de plaisir: il nous faut une heure et demi pour nous extirper des embouteillages du centre puis de ceux de la périphérie...Ce n'est qu'à partir de Santa Rosa que le trafic redevient normal. Le désert, toujours le désert......Nous décidons de passer la nuit sur la place principale de Casma. A peine arrêtés, nous voyons arriver un cycliste: c'est un jeune suisse allemand qui vient de commencer son voyage à Cusco et envisage d'aller jusqu'au Canada. Il voyage seul, et ça lui pèse, il cherche à qui parler. On discute pendant plus d'une heure...en espagnol car il vient de passer 2 mois à Cusco à apprendre l'espagnol avant d'entamer son voyage. Le lendemain, avant de reprendre la route vers le nord, nous allons visiter le site de Sechin.

 

Pierres gravées du site de Sechin

Le sanctuaire date d'environ 1600 ans avant JC et est entouré par un mur d'enceinte fait de grandes pierres gravées représentant les guerriers Sechin, vainqueurs, entourés de leur ennemis, vaincus, proprement coupés en morceaux: amas de têtes, de bras, de jambes d'où jaillit le sang....Ca devait être des gens charmants....Le petit musée attenant permet de comprendre un peu mieux le site, il expose entre autre la momie d'une jeune femme qui a été enterrée vivante vers les années 700, après JC, sur la fin de la civilisation de Sechin....vraisemblablement pour attirer la bienveillance des divinités sur les habitants du lieu.... Nous prenons la route de Trujillo, à nouveau dans le désert; il y a peu de villages côtiers, parfois quelques barques ancrées dans une petite baie, mais pas de maisons...Les élevages de poulets, posés en bord de mer sont de plus en plus nombreux...En traversant Chimbote puis en arrivant à Trujillo, nous avons droit à la bonne odeur de farine de poisson qui s'échappe des usines...Avant d'arriver à Trujillo, le paysage redevient vert grâce à l'irrigation: nous sommes ici en pleine zone de culture de la canne à sucre et les champs s'étendent à perte de vue....

Transport de canne à sucre

D'énormes camions transportent les tiges vers la sucrerie. Nous pensions visiter, peu avant l'entrée de la ville, le site des Huacas del Sol y de la Luna, mais nous arrivons juste après la fermeture des caisses...,nous poussons donc jusqu'à Huanchaco où nous nous posons au camping Gardens RV Park. Le soir, petite balade le long du bord de mer avant de déguster un bon plat de grosses crevettes grillées et de la "corvina" a la parrilla.....

 Site de Sechin

 Route vers Trujillo

26 janvier 2013: Un taxi nous emmène jusqu'au site de Chan Chan, à 7 km. C'est l'ancienne capitale de l'empire Chimu, une ville toute en adobe qui finit par s'étendre sur plus de 24 km2 . Chaque roi, en accédant au pouvoir faisait construire son palais où il vivait avec sa famille et ses proches dignitaires.

 

Bas reliefs vieux de plus de 900 ans

C'était un peuple apparemment pacifique, de pêcheurs et d'agriculteurs, experts en hydraulique ( les réseaux de captation d'eau, les puits et les réseaux d'évacuation des eaux après les fortes pluies sont toujours en service actuellement et fonctionnent parfaitement....) Un seul des 9 palais est actuellement en cours de conservation, un deuxième devrait bientôt s'ouvrir au public après fouilles et restauration, les autres n'ont pas encore fait l'objet de fouilles archéologiques; il faudra probablement plusieurs siècles pour fouiller l'ensemble du site.. L'après midi, balade sur la plage qui est noire de monde ( c'est samedi), c'est un "spot" réputé pour la pratique du surf . On peut louer des "caballitos de totora" ( petites pirogues en roseau) pour aller s'essayer aux rouleaux du Pacifique...

Vous êtes devant un roi Chimu, dans toute sa splendeur

Nous assistons enfin à une reconstitution de cérémonies "Chimu", avec personnages en costumes; ces festivités marquent la fin des réjouissances liées aux fêtes de fin d'année.

 Site de Chan Chan

 Spectacle de culture vivante Chimu

 27 et 28 janvier 2013: Nous revenons sur nos pas pour aller visiter les Huacas del Sol y de la Luna où nous étions arrivés trop tard samedi. Nous commençons par la visite du superbe musée; ici encore: photos interdites, et bien sûr, pas de fascicule sur le musée. Nous avons été impressionnés par la maîtrise des céramistes "moche", entre autre par 3 grandes jarres à têtes humaines criantes de réalisme; elles ont été retrouvées sur le site, dans la tombe d'une "potière". On a l'impression de se trouver devant des êtres humains qui vont se mettre à parler.....Seule la huaca de la luna a été fouillée et les fouilles se poursuivent quand des crédits sont débloqués par les mécènes, car le gouvernement ne finance rien... La huaca de la luna, n'a absolument rien à voir avec le culte lunaire, c'était un lieu cérémoniel où les élites mochicas pratiquaient des sacrifices pour leurs divinités.

 

Ai Apaec, dit " l'égorgeur", divinité suprême des Mochicas

 

Ce sont les "archéologues" des 18 ème et 19 ème siècles qui l'on ainsi dénommée par assimilation aux pyramides de Theotihuacan au Mexique. La huaca du soleil était un centre administratif; entre les 2 huacas distantes de 500m prenait place le village où résidaient les artisans. Tous les 80/90 ans, les moche reconstruisaient leurs pyramides en y ajoutant un étage supplémentaire, enterrant l'ancienne pyramide sous une couche de 4 à 5 mètres de briques d'adobe, et ce dans les 3 dimensions. La "nouvelle " pyramide était la réplique exacte de l'ancienne à quelques détails décoratifs près.. La façade principale de la pyramide est orientée au nord et est recouverte de fresques sur toute sa surface. Il y a juste 3 ans que les archéologues ont dégagé un mur dénommé "mur des mythes" qui reprend toute la symbolique et les croyances des mochicas. Un mur identique existe sur un autre site et a été dénommé lors de sa découverte: le calendrier , mais rien à voir avec un calendrier. Le fait de recouvrir les anciennes constructions par de nouvelles a permis de protéger les fresques et leurs couleurs d'origine.

 

Frise sur la Huaca de la Luna: araignée bicéphale avec dans sa patte le couteau sacrificiel..

Une superbe visite de plus à enregistrer dans nos mémoires... Nous passons la nuit sur une station service à Guadalupe. Le lundi nous avions l'intention de rejoindre Lambayeque pour visiter le musée des Tombes Royales de Sipan, malheureusement ce musée est fermé le lundi..., nous obliquons donc vers le site de Sipan, au nord est de Chiclayo. C'est sur le site de la Huaca Rajada, qu'en 1987, suite à l'arrestation de "huaqueros" ( pilleurs de tombes) et à la récupération de têtes en or, que  l'archéologue Walter Alva a mis à jour le "Seigneur de Sipan", puis le "Sacerdote" et le "Viejo Senor": la plus importante découverte archéologique des 50 dernières années. Le trésor et les squelettes ont été transportés dans un musée spécialement construit à Lambayeque.

Reproduction de la tombe du "Senor de Sipan" lors de sa découverte

Les fouilles se poursuivant, on a exhumé de nouveaux trésors qui sont maintenant exposés sur le site même de leur découverte, dans un superbe musée...auquel on accède seulement par une piste complètement défoncée, ce qui limite très sérieusement le nombre des visiteurs... La tombe du Senor de Sipan dans la huaca Rajada a été réaménagée et présente une reproduction exacte de son état lors de la mise à jour du Senor.

Nous rejoignons Chiclayo puis Lambayeque où nous terminons la journée en visitant le musée Brüning: beaucoup de beaux objets, entre autre des maques en or, mais présentation un peu froide, sans réelle mise en valeur des objets exposés.

 

Masque funéraire Moche, en or...

Nous partons passer la nuit sur la plage de Pimentel...à une vingtaine de kilomètres de Chiclayo...pas terrible, un peu "craignosse "même, mais les restaurateurs sur le port de pêche emploient un vigile qui reste de faction toute la nuit, il gardera un oeil sur Ch'ti Land pendant que nous dormons....

 Huaca de la Luna

 Huaca Rajada de Sipan

 Musée Bruning

 

29 janvier 2013: Le musée des Tombes Royales de Sipan à Lambayeque est tout simplement magnifique. La visite commence par un petit film sur les Mochicas et la découverte des tombes, puis nous nous offrons les services d'une guide parlant français pour la visite, c'est beaucoup plus facile à comprendre. La présentation des centaines d'objets et des personnages retrouvés dans les 3 premières tombes est tout simplement parfaite, c'est sublime. C'est la plus belle présentation que j'ai vue depuis l'Exposition Toutankamon  à Paris....du temps de ma jeunesse...Les Moche avaient développé un art et une maitrise parfaite, tant dans la céramique, que dans l'orfèvrerie, pour ne pas dire la joaillerie de très haut de gamme: couronnes en or , boucles d'oreilles en or et topaze, colliers d'or et d'argent...chaque pièce exposée est une oeuvre d'art . Après avoir fini la visite avec notre guide...nous recommençons la visite depuis le début pour être vraiment sûrs de n'avoir rien loupé..Nous aurons mis plus de 3 heures à visiter cette exposition et en sortons avec les yeux encore remplis d'étoiles....Malheureusement, ici encore photos interdites, et grande pauvreté de la boutique du musée....

Nous avons programmé une autre visite de musée, cette fois-ci sur le site de la civilisation de Sican ( ne pas confondre avec Sipan...) Sont exposées les pièces extraites de 2 tombes provenant de deux pyramides sur les vingt que comporte le site, c'est dire que les archéologues ont encore du pain sur la planche pour plusieurs générations...

Le Gran Tocado et ses 80 plumes d'or

Ce site est d'ailleurs fouillé par un archéologue japonais... Même si ce musée comporte de très belles pièces, et est bien agencé, on en sort un peu déçu, car le musée des Tombes Royales de Sipan a placé la barre si haute, qu'il est maintenant "la" référence.

  Musée du site de Sican

Du 30 janvier au 5 février: Après une mauvaise nuit sur une place de Lambayeque, due à la ronde incessante des motos taxis et à leurs infernaux coups de klaxons, nous attaquons de nouveau le désert pendant 200 km jusqu'à Piura. Avec beaucoup de mal, nous finissons par trouver une station service où nous pouvons refaire le plein d'eau et celui de gas oil. Dans les stations sur la route côtière, hors des grandes villes, il n'y a que de l'eau saumâtre....quand il y a de l'eau. Nous nous apprêtons à passer la nuit sur la place de Tambo Grande, quand un vigile vient frapper à notre porte et nous dit de venir nous installer juste en face de la mairie pour profiter de la protection du gardien de nuit; il nous présente même au responsable de la sécurité municipale qui de suite avertit ses "troupes" , nous serons bien gardés...pour notre dernière nuit au Pérou. Le lendemain, en approchant de la frontière équatorienne, le paysage redevient vert, les quelques petits villages traversés exposent, de chaque côté de la route des montagnes de limettes et de mangues dont l'odeur doucereuse envahit l'habitacle du Land. Le passage de frontières s'effectue sans aucun problème au poste de Macara. L'agent des douanes qui me fait le papier de transit temporaire pour le Land m'indique 2 compagnies d'assurance à Macara où je pourrais souscrire une assurance Responsabilité Civile pour la durée de notre séjour. Affaire réglée en une heure de temps: 5,68 US$ pour une durée d'un mois....

 

Rizière équatorienne

Notre GPS cafouille et nous nous retrouvons sur une petite route de montagne; elle va bien en direction de Loja...mais nous pensions la rejoindre par la grand route. On profite au moins du paysage: montagne verdoyante ( nous entrons dans la zone de forêt humide), grandes vallées profondes , ça grimpe dur, en quelques kilomètres on passe de 500m à plus de 2000 m; on roule souvent dans la brume qui couvre tous les sommets , la moyenne s'en ressent , à peine du 40km/h, mais la route est en parfait état et bien balisée. Seul danger: les conducteurs équatoriens qui conduisent aussi mal que leurs homologues péruviens...

 

Découpe du cochon en plein air

Nous décidons de nous arrêter à Catamayo pour passer la nuit , dans une rue calme près de la place centrale. Le vendredi, juste à l'entrée de Loja, nous voyons un CC belge arrêté sur le bord de la route, feux de détresse allumés...on s'arrête, supposant un quelconque problème mécanique, mais non, c'est juste le plus jeune fils de la famille qui vient de "rendre" son petit déjeuner au beau milieu du CC...Nous faisons donc connaissance avec  Nadine et Benjamin, un jeune couple bruxellois qui voyage depuis 6 mois avec leurs 3 enfants de 10, 7 et 3 ans. Comme ils ne disposent que d'un an, ils ont directement débarqué au Mexique en provenance de Zeebrugges . On discute un moment, échangeons des infos utiles pour le voyage, et le fiston ayant repris des couleurs, chacun poursuit sa route. A Loja, bonne surprise en faisant le plein de gas oil, il coûte 1,03 US $ le gallon soit environ 20 centimes d'euro le litre. Puis c'est Cuenca : une vieille ville coloniale aux rues étroites , toutes à sens unique où il est impossible de se garer.

 Cornets de crème "type chantilly", avec fruits et copeaux de noix de coco

Sur les conseils d'un chauffeur de taxi  très serviable, nous allons nous installer au parc El Paraiso, stade où  les habitants de Cuenca viennent courir, jouer au foot...Le parking est gardé jusqu'à une heure avancée de la nuit, et les activités sportives redémarrent dès 5 heures du matin....nuit courte, mais on profite d'un excellent WiFi gratuit. A 8:30 on quitte les lieux pour aller faire recharger notre bouteille de gaz qui est vide, ça tombe bien car des ouvriers montent une estrade et installent une puissante sono, il y a un meeting  politique prévu ce matin en vue des élections présidentielles qui auront lieu le 17 février. Le dépôt de gaz est situé à une quinzaine de kilomètres du centre ville, et accepte de recharger les bouteilles des camping caristes. Le préposé m'annonce qu'il m'en coûtera 12 US$ pour remplir ma bouteille de 10 kg, le prix ne me fait pas sursauter car il est en ligne avec les prix affichés au Pérou ( 33 soles pour 10 kg), en 5 minutes ma bouteille est remplie, je paye, mais le préposé ne me donne pas de facture, me disant que pour les recharges de bouteilles "étrangères" la facture doit rester à l'entreprise pour des questions de TVA... J'apprendrais plus tard que le prix officiel du gaz en Equateur est de 1.2 US$ pour une bouteille de 14 kg....je me suis fait avoir comme un bleu....seule consolation: un couple de suisses que nous rencontrons au camping nous avouent avoir payé également 12$ pour recharger leur bouteille de 8 kg.... Etant confortablement installés au camping Cabanas Yanuncay, nous décidons de rester quelques jours à Cuenca pour visiter la ville et nous reposer de la longue route monotone du nord du Pérou.

Panamas en train de sécher

Le samedi après midi et toute la nuit nous entendons des explosions de pétards....on met ça sur le compte des élections à venir, mais le dimanche matin, Humberto, le propriétaire du camping nous dit qu'il s'agit des festivités du "Paseo del Nino", une fête qui marque la fin des fêtes de fin d'année, juste avant le début des fêtes du Carnaval....De tous les quartiers et des environs affluent des groupes d'enfants déguisés, à cheval, ou montés sur des voitures ou des camions et qui vont défiler dans le centre ville de 11h à 14h.

 

Défilé pour la fête del "Paseo del Nino"

Des groupes folkloriques et des fanfares accompagnent chaque groupe d'enfants, c'est coloré et bruyant...Au passage les passants offrent des cadeaux : boissons, friandises, fruits..., certains déposent même des enveloppes contenant de l'argent pour l'organisation de la fête de l'année prochaine. Lundi, il pleut sans discontinuer, et comble de malchance tout le quartier est privé d'internet, car la compagnie de téléphone procède au recablage complet d'une grosse armoire  téléphonique dans la rue. Je voulais contacter les transitaires pour commencer à organiser le passage de Ch'ti Land aux USA, ça sera pour un autre jour....Le mardi matin, internet n'étant toujours pas rétabli, nous quittons le camping et allons passer quelques heures dans le parc El Paraiso pour profiter de l'internet, avant de prendre la route jusqu'au site d'Ingapirca.

 Entrée en Equateur

 Cuenca

 Paseo del Nino

6 et 7 février: Arrivés en fin d'après midi sur le site d'Ingapirca, par une "route" complètement défoncée ( 10 km depuis El Tambo) et dans la brume, nous décidons de passer la nuit sur place et d'effectuer la visite le lendemain matin. Le parking est un vrai bourbier car en cours de rénovation. Nous nous garons dans 10 cm d'eau, le long du "deck" de la billetterie pour pouvoir descendre à pieds secs....Il pleut toute la nuit, mais heureusement, au matin le soleil fait une timide apparition, qui nous permet de découvrir la surprenante beauté du site.

Le site d'Ingapirca

Il s'agit de 2 temples de forme elliptique construit initialement par les indiens Canar, avant d'être remodelés et agrandis par les Incas. Un des temples était dédié au Soleil, l'autre à La Lune. La visite s'effectue obligatoirement avec un guide, ce qui facilite grandement la compréhension de la fonction de chacun des bâtiments, terrasses, dépôts et bains rituels.  Nous terminons à peine notre visite que la brume réapparait...nous avons eu de la chance. La descente jusqu'à El Tombo est aussi épique que la montée la veille ( 25 minutes pour 10 km). Nous prenons la direction de Riobamba et effectuons les 2/3 de la route dans une brume qui souvent limite la vision à une dizaine de mètres....ce qui n'empêche pas les bus et camions de doubler n'importe où et n'importe comment; on se paye quelques petites frayeurs... Riobamba est une grande ville active, mais nous n'apercevons pas le Chimborazo, ni aucun des grands sommets qui entourent la ville, ils sont perdus dans les nuages et la brume...Nous nous garons dans une grande avenue du centre, mais à peine installés, une escouade de supporters de l'actuel président équatorien envahit le secteur avec drapeaux, sifflets, sono montée sur voiture , et nous assistons pendant une bonne heure à la distribution de prospectus aux automobilistes, sur fond de chansons toutes à la gloire de "Rafael" ( Rafael Correa, président en titre). Pour la nuit nous nous déplaçons et allons nous installer dans une autre avenue, juste en face d'un poste de police. Nuit très calme.

Ca fait tout de suite moins "baroudeur"

Le lendemain, dès 8 heures nous sommes dans un garage pour faire remplacer les plaquettes de frein, car sur les derniers 50 km de la descente hier, j'ai commencé à entendre un bruit "de ferraille" à l'arrière quand je freinais. Les plaquettes avant sont encore bonnes, par contre , celles de l'arrière sont "HS". Bien sûr, ce modèle de plaquettes n'est disponible qu'à Quito..;qu'à cela ne tienne, en moins de 2 heures le garage a fait "recharger" en résine mes plaquettes arrière, ça tiendra jusqu'à Quito. J'en profite pour faire changer les ampoules halogène de phares un peu faiblardes, régler le frein à main, vérifier l'état des pneus..., plus la recharge de résine et les 8 heures de main d'oeuvre, tout cela pour 56 dollars ( 42 euros, à peine 2 h de MO en France..)  Nous partons en direction de Banos par une belle route de montagne...qui au bout de 25 km laisse place à une piste en terre, longeant une rivière.

 

Tirs de mines pour ouvrir une route en montagne

Comme ils construisent une nouvelle route dans la montagne sur l'autre rive, nous assistons à des "tirs de mines" pour ouvrir la voie et purger les parois des rochers instables. On voit dégringoler d'énormes rochers de plusieurs tonnes, de plus de 400 m de haut, pour finir dans le lit de la rivière. On poursuit notre route...jusqu'au moment... où il n'y a plus de route!!  Pas un seul panneau depuis Riobamba qui est à 40 km, n'indique que la route est fermée, et qu'il faut rejoindre Ambato par la Panaméricaine avant de pouvoir rejoindre Banos...Demi tour jusqu'à Riobamba....80km et 3 heures perdues pour rien.... retour "à la case départ".  Ambato est une très grande ville accrochée à flancs de montagne, pas une seule rue à l'horizontal..on met près d'une heure pour la traverser...et trouvons refuge pour la nuit dans une station service à une dizaine de kilomètres de la sortie de la ville.

  Le site d'Ingapirca

  Les aléas de la route...

 

 Du 8 au 10 février: Avant de rejoindre Quito, nous souhaitions aller faire un tour dans le parc du volcan Cotopaxi...mais la brume couvre tous les sommets de "l'Allée des volcans". On va quand même jusqu'à l'entrée du parc: c'est totalement bouché, et de plus il y a obligation d'embarquer un guide dans chaque véhicule....et nous n'avons que 2 places....L'arrivée sur Quito est un peu "folklo" car la carte de notre GPS ne comporte pas la cartographie des rues...En cherchant un bureau d'info touristique, on se gare au hasard dans une petite rue près de l'endroit supposé, et en levant les yeux, on se rend compte que l'on s'est arrêté juste en face d'un vendeur de pièces de rechange..Land Rover ( je commence à avoir des doutes sur la fidélité d'Evelyne...) En moins de 10 minutes, j'ai mes nouvelles plaquettes de frein..Le vendeur m'indique un garage homologué Land pour les faire poser, à moins de 4km de là.

 

Un "cochon d'automobiliste" sur une avenue de Quito

Sur l'avenue 10 de Agosto, alors que nous roulons en plein trafic, je vois un passant me faire depuis le trottoir de grands signes en pointant ma roue avant droite....20 mètres plus loin, juste avant un feu tricolore,  c'est une dame puis un autre homme qui me font signe en criant "llanta" ( roue) Evelyne descend ..et ne voit rien d'anormal. Le premier passant nous rejoint et me dit que ma roue bouge très fort.. Je me serre à droite, au milieu d'un concert de klaxons, et à peine arrêté mon passant plonge la main sous l'aile et me montre un bout de caoutchouc et un ressort cassés. Il me dit être mécanicien chez Mercedes, et que la sécurité de la fusée de la barre de transmission est cassée et qu'à tout moment ma roue peut se mettre de travers et s'arracher... Il est effectivement vêtu d'un "bleu" avec plusieurs logos de marques automobiles...Il me dit que le garage où il travaille est à peine à 200m et propose de m'y emmener; il monte devant tandis qu'Evelyne passe dans la cellule. On repart doucement et à l'approche d'un garage Mitsubishi, il me dit que c'est là qu'il travaille...mais me fait tourner de l'autre côté et prendre une petite rue à contre sens qui débouche sur une minuscule place en cul de sac !! Il me dit qu'il va aller chercher des outils et réparer ici, que ça me coûtera moins cher qu'au garage ..et il s'éclipse!! Je regarde à mon tour au niveau de ma roue et ne vois rien d'anormal. Une minute après, mon "mécano" revient accompagné d'un deuxième type portant une petite caisse à outils. Je leur dis qu'il n'est pas question de réparer quoi que ce soit dans la rue, et que si il y a une réparation à faire, elle doit s'effectuer dans un garage et faire l'objet d'une facture. Mon mécano insiste, mais nous sommes déjà remontés dans le Land et entreprenons de faire demi tour pour sortir du "piège" de cette rue en cul de sac. Le "mécano" tente de me convaincre  de le laisser faire la réparation, qu'il peut me faire une facture!!,mais j'ai réussi à faire mon demi tour et nous partons sans plus attendre..Je ne saurais jamais si il voulait seulement démonter la roue, et ensuite nous faire payer le prix fort pour la remonter, ou si il attendait l'arrivée d'autres "renforts" pour nous "braquer" et  "piquer" notre argent et les choses de valeur contenues dans le Land... La dépose des roues au garage Land Rover pour installer les plaquettes de freins a révélé que ma direction était en parfait état et qu'il ne manquait aucune pièce. Cette tentative d'arnaque, heureusement sans dommages pour nous, a quand même  nécessité la participation de 5 personnes: le faux "mécano", le deuxième "mécano", la femme et l'homme au feu rouge, et le "placier" qui "surveille" les voitures dans la rue et sur la petite place en cul de sac et qui a arrêté la circulation pour nous permettre de remonter la rue en contre sens.. Au garage Faconza , mes plaquettes sont montées en moins d'une heure, et l'esprit plus tranquille nous rejoignons grâce aux coordonnées GPS données par les jeunes brésiliens rencontrés à Nazca, l'hôtel Zentrum, situé en plein coeur du Quito moderne. C'est un petit hôtel tenu par un allemand de 82 ans, en pleine forme, et qui peut accueillir dans son jardin 2 véhicules...de moins de 2.66m de haut. Nous nous garons donc le long du trottoir, et en quelques instants nous sommes raccordés sur l'électricité, et il nous donne une clé pour entrer dans l'hôtel quand nous le souhaitons pour profiter de la douche ou du WiFi. La rue est en zone bleue, sauf le samedi et le dimanche...ça tombe bien. On devrait même être tranquille lundi car ici, c'est férié jusqu'à mercredi pour cause de Carnaval...Nous sommes à moins de 500m de la Plaza Foch, haut lieu des restaurants et boites de nuit...Nous nous remettons de nos émotions de la journée en allant manger un super "bife de lomo" argentin dans un restaurant tout proche. Il pleut toute la nuit....

Masque funéraire  représentant les rayons du Soleil

Samedi matin, nous partons visiter le Musée de la Banque Centrale d'Equateur: encore un musée superbe, rempli de céramiques pré colombiennes et de bijoux et ornements funéraires d'une beauté à couper le souffle. Certaines poteries sont d'un modernisme stupéfiant, d'autres d'une beauté irréelle, et semblent neuves, alors que parfois elles dépassent les 3000 ans d'âge... Les artisans métallurgistes avaient atteint des sommets de savoir faire et étaient capables de réaliser des oeuvres d'une complexité incroyable. Nous poursuivons par un tour dans le centre ville du Quito colonial: rues étroites, en pente, beaucoup de maisons anciennes, ornées de balcons en fer forgé..;quantité d'églises, de cloitres et de couvents....Sur la place de l'Indépendance, la Présidence de la République parait bien humble: elle est entourée par 4 petites rues grouillantes de monde; pas de périmètre de sécurité, ni de garde d'honneur: seuls 4 policiers veillent, un à chaque coin du bâtiment...Les balustrades qui ferment la terrasse du premier étage viennent du Palais des Tuileries à Paris où elles ont été vendues peu après la Révolution de 1789, au titre des Biens Nationaux...Dimanche, nous restons dans le Land: mails, mise à jour du site,..de toute façon, il pleut une bonne partie de la journée...

  Musée de la Banque Centrale et visite de Quito 

 

11 et 12 février: Lundi en début de matinée, nous quittons Quito sans aucun problème, les rues sont désertes..pour cause de carnaval: c'est férié jusqu'à mardi inclus. Nous nous dirigeons vers Mitad del Mundo: un site de loisirs construit sur la ligne de l'équateur, qui en ce jour férié est plein de visiteurs.

 

Un pied dans chaque hémisphère

Nous allons visiter le pavillon français, car c'est sur ordre du roi Louis XV qu'une équipe de savants français et espagnols conduits par Charles Marie de la Condamine est venue mesurer de 1736 à 1739 la longueur d'un arc de 3° pour déterminer si la Terre était parfaitement ronde ou renflée aux Pôles. Ils ont par la même occasion déterminé la position de la ligne d'équateur ( avec une erreur de seulement 300m, par rapport à la position actuelle précisément établie par des mesures de GPS) . Une partie de l'exposition relate cette mission géodésique, alors que le premier étage du musée est consacré aux fusées Ariane et aux satellites Spot. Dans le petit musée Inti Nan situé juste à côté du site..et où passe exactement la ligne d'équateur, nous assistons à quelques expériences intéressantes: ici, juste sur la ligne, l'eau d'un évier se vide sans créer de vortex, il suffit de déplacer l'évier d'à peine 2m vers le sud pour que se crée un vortex en sens horaire, et si on place l'évier vers le nord, le vortex tourne en sens anti horaire, on l'a vu, de nos yeux vu, et c'est flagrant. Autres expériences : ici on arrive plus facilement qu'ailleurs à faire tenir un oeuf sur la tête d'un clou...., par contre il est plus difficile de marcher en ligne droite les yeux fermés. Nous poursuivons notre route jusqu'à Otavalo où nous attend une mission très spéciale confiée par Isabelle et Patrick, un couple de Landistes que nous avions rencontré au Chili et avec qui nous sommes devenus proches amis. Lors de leur passage à Otavalo voici près de 2 ans, ils avaient rencontré sur le marché une indienne de l'ethnie Otavalo avec qui ils avaient sympathisé et avaient ensuite passé plusieurs jours "en immersion " chez elle et avaient été "adoptés "par sa famille. Depuis leur retour en France: pas moyen d'établir le contact, le téléphone ne passe pas, le courrier n'arrive pas dans les villages de montagne, et bien sûr, ces indiens n'ont pas Internet, et bien peu possèdent un ordinateur. Notre mission: retrouver Olga ( c'est son prénom) et rétablir le lien.

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Le costume traditionnel des femmes Otavalo

Après avoir parcouru en tous sens la place du marchée réservée aux tisserands nous ne trouvons pas Olga. On tente de téléphoner, et "Eureka" , elle est chez elle...et nous rejoint une heure plus tard accompagnée d'une de ses soeurs sur la place du marché. Comme il y a un point WiFi sur la place d'Otavalo, nous appelons Isa et Pat par Skype.  Moments émouvants grâce à la technologie moderne. Nous partons dans le village d' Iluman où réside Olga et faisons connaissance de toute la famille, puis partons dans un des deux "cyber" du village où nous créons un compte Skype à son nom. Maintenant, en convenant à l'avance des jours et heures d'appel, elle pourra se connecter avec ses amis toulousains. De retour chez elle, nous leur passons sur l'ordi le DVD de films et photos réalisés par Pat et Isa lors de leur passage, toute la famille rie, s'exclame....et par moment n'est pas loin des larmes, c'est émouvant.

 

A l'heure du repas, chacun s'installe où il peut...

Nous partageons leur repas: épi de maïs choisi le matin même au marché, des fêves, et une assiette de bouillon contenant des P de T , des pâtes et des os pour parfumer le bouillon. La maman d'Olga nous ayant rejoint, et son mari Luis étant rentré du travail  nous passons une deuxième fois le DVD... Le lendemain, nous partons faire une petite balade sur les collines entourant le village et couvertes de cultures: maïs, P de T, tomates, fêves... Tout est cultivé, pas un mètre carré de perdu.., mais il n'y a aucun chemin carrossable, Luis me dit que quand il va cultiver un petit champ qu'il possède en haut d'une colline, il lui faut marcher pendant une heure et demi...et ramener la récolte à dos d'homme. Le moment du départ approchant, toute la famille se resserre autour de nous et tiens à nous offrir un petit souvenir, puis Olga et ses soeurs emmènent Evelyne hors de vue...et me la ramène quelques instant plus tard, vêtue du costume traditionnel des femmes Otavalo: chemisier brodé, longue jupe bleue  retenue par une large ceinture...Je dois enfiler le poncho bleu des hommes et coiffer le chapeau de feutre...Alors que nous nous apprêtons à monter dans le Land, toute la famille décide de nous accompagner jusqu'à la ville suivante distante d'une vingtaine de kilomètres. Olga, ses soeurs, ses enfants s'entassent dans la cellule du Land avec Evelyne, la maman vient s'installer à côté de moi dans la cabine, et Luis suit avec sa voiture. Nous allons ainsi jusqu'à Ibarra où nous nous séparons après maintes embrassades, recommandations et promesses de rester en contact.

 Site Mitad del Mundo, là où passe la ligne de l'équateur...

 Chez Olga Diaz, à Otavalo