Ch’ti Land est arrivé intact, mais
couvert d’une poussière grasse qui colle
partout. Nous commençons par le vider,
démontons les protections des fenêtres,
rechargeons un minimum vital, et après lui
avoir offert un bon nettoyage haute
pression, nous partons rejoindre toute notre
bande d’amis qui nous attendent depuis le
vendredi au camping de la plage de Mar Azul,
à 100km de Mar del Plata. Arrivée vers 18
heures, juste à temps pour participer aux
préparatifs de l’asado du soir, suivi d’une
veillée autour d’un feu de camp directement
sur la plage .
30 janvier:
En Argentine, certaines plages sont
autorisée pour l’accès des véhicules , ce
qui fait que les familles vont s’installer
au bord de l’eau avec tentes, cannes à
pêche, bateaux…et parilla pour le sacro
saint asado. En ce qui nous concerne, nos
amis ont prévu un « baptême » du sable pour
Ch’ti Land: une ballade sur le sable
jusqu’au phare Kerendi, distant de 15 km.
Nous partons donc à 4 véhicules….Les
premiers kilomètres sur un sable compact se
passent bien, mais brusquement nous nous
ensablons. On dégonfle un peu les pneus et
ça repart….jusqu’à l’enlisement suivant, à
quelques mètres du bord de l’eau, qui à ce
moment est en pleine marée montante. On
dégage à la pelle les roues , on redègonfle
encore plus les pneus, toute la bande pousse
et on repart. Dés qu’on est hors d’attente
de la marée on règle pour la dernière fois
la pression des pneus à 20 psi ( au lieu des
44 et 65 psi de gonflage initial ).
Après un pique nique sous les arbres on
rentre au camping sans plus de
problèmes…..sauf qu’il faut ensuite se
trainer à 30 à l’heure jusqu’à la plus
proche station service pour regonfler les
pneus. Leçon apprise: sur le sable il ne
faut pas hésiter à descendre la pression
jusqu’à 20 psi ( voir moins si nécessaire),
mais il est vivement recommandé d’avoir un
bon compresseur à raccorder sur l’allume
cigares ( pas de ceux à 20 euros en vente
dans les grandes surfaces, qui sont juste
bons pour gonfler des pneus de bicyclettes).
Du 31 janvier au 10 février:
Cette période est mise à profit pour
effectuer divers travaux sur Ch’ti Land:
tout d’abord un nettoyage complet, extérieur
et intérieur, pour enlever la poussière
grasse qui recouvre tout le véhicule,
ensuite installation d’un lanterneau Seitz
Midi Heiki, amené de France, mais que nous
n’avions pas eu le temps d’installer avant
le départ. Pour se conformer à la
réglementation argentine qui veut que rien
ne déborde de l’aplomb du pare chocs, nous
devons faire réaliser un nouveau pare chocs
arrière en polyester par une carrosserie
située dans le parc industriel de Mar del
Plata, car le panier porte roue de secours
dépassait de 4cm l’ancien pare chocs. Compte
tenu que nous allons vers le Sud ou de
nombreuses routes sont en « ripio », nous
préférons faire installer de suite les 4
pneus Michelin 7.5 R 16 que nous avons amené
également de France ( ils coûtent environs
25 euros de plus ici par unité). On fait
également le tour des magasins de
fournitures pour automobiles pour trouver
l’autocollant 110km/h , obligatoire sur les
« camionnettes » et les bandes
réfléchissantes rouges également
obligatoires. Les jours passent à toute
vitesse, et nous sommes enfin prêts à
prendre la route le jeudi 10 février, non
sans avoir au préalable collé sur la
capucine de Ch’ti Land l’autocollant à son
éfigie et notre adresse Web, que nous avons
fait imprimer à Mar del Plata, grâce au
dessin de notre ami Michel et de la
vectorisation effectuée par » Coté Pixel ».
Jeudi 10 février:
Après avoir chargé les dernières provisions,
nous procédons avec quelques amis au « Baptême »
de Ch’ti Land , revêtu de ses nouvelles
décorations. Quelques gouttes de champagne (
argentin) sue le capot , sur les roues…et le
voila prêt à prendre la route de l’aventure. Ca
démarre bien, mais à 7 km de notre départ, en
traversant le village de Batan, gros choc
mécanique au niveau du moteur qui se met à
tourner sur 3 pattes et cale au bout de quelques
secondes, me laissant
juste le temps de rejoindre le bas côté, à
l’emplacement d’un arrêt de bus. Les essais de
redémarrage demeurent sans résultats, mais le
bruit du relais situé sous le siège passager me
laisse deviner l’origine du problème. Démontage
du siège passager, débranchement des fiches
alimentant le boitier de contrôle électronique,
et, surprise: de l’huile noire s’écoule d’une
des prises et du boitier….qui ne comprend que
des composants électroniques…Gros grattage de
crane, mais le mystère reste entier. Nous
appelons l’ami Pepe à la rescousse, et 15mn plus
tard il arrive avec sa voiture et un gros 4×4
pour nous remorquer jusqu’au hangar où nous
remisons notre Land. Personne ne comprend d’où
peut bien venir cette huile. En consultant
Internet le soir même, on découvre sur le site
du Club Land Rover Argentina qu’il s’agit en
fait d’un problème bien connu: la remontée par
capillarité d’huile au travers des câbles
électriques des capteurs de pression des
injecteurs…….Solution: faire ouvrir le boitier
électronique par un pro, et tout nettoyer à la
bombe pour contacts ( alcool iso propylique);
idem pour la fiche de connexion. On profite de
l’intervention du garagiste pour recharger la
batterie , et le samedi 12 en début d’après
midi, on est a nouveau prêts à prendre la route.
Samedi 12 février:
Contact, ça démarre, on retraverse
Batan,…..et on retombe en panne, non plus à 7
km, mais à 20 km de notre point de départ…y’a du
mieux.
Allo Pepe……et nous voici de nouveau remorqués
jusqu’au hangar. Cette fois çi, rien au niveau
du boitier, mais un contrôle de la tension de la
batterie montre qu’elle n’est plus qu’à 11,47
volts au lieu des 12.7 volts de la veille.
Bizarre…. Le dimanche se passe dans l’attente du
lundi matin qui nous voit faire le tour des
garages spécialisés en électricité automobile.
Diagnostique sans appel : c’est l’alternateur
qui ne charge plus, malheureusement le garage
qui a identifié l’origine de la panne ne répare
pas les alternateurs, mais nous dirige vers un
collègue qui est d’accord de nous prendre entre
2 réparations. On y fonce par nos propres moyens
après avoir regonflé la batterie, et le mardi
midi la panne est enfin réparée: l’alternateur
n’a rien, c’était en fait le régulateur qui
était défaillant et ne permettait plus la charge
de la batterie. Les problèmes imputés à l’huile
dans le boitier n’étaient en réalité qu’une
conséquence et non la cause première….Tout est
plus simple quand on connait l’explication.
Mardi 15 février après midi:
Enfin le grand départ, et cette fois çi ,
tout se passe pour le mieux, plus le moindre
problème, Ch’ti Land roule comme une horloge et
nous amène en 2 heures jusqu’à Necochea qui
sera le terme de notre première étape.
16 et 17 février:
Nous allons suivre la côte atlantique jusqu’à
Bahia Blanca avant de piquer plein ouest pour
suivre la vallée du Rio Colorado jusqu’à la
Cordillère des Andes.La route vers Tres Arroyos
traverse la Pampa, ou s’étendent à perte de vue
les champs de soja ( encore vert et dont la
récolte débutera début avril) et ceux de
tournesol prêts à être récoltés . Les pâturages
où paissent tranquillement les futures
« meilleurs steaks du monde » ont cédé pas mal
de place à l’omniprésent soja. Nous rejoignons
la côte à Monte Hermoso , plage branchée crée de
toutes pièces il y a quelques années. La
traversée de Bahia Blanca et de son énorme pôle
chimique et pétrolier n’a rien de passionnant:
friches industrielles, usines énormes recrachant
des fumées plus ou moins toxiques, camions de
toutes parts….vivement la vallée du Rio Colorado
et ses vergers.
Vendredi 18 février:
On profite du Wi Fi de la station Esso pour
rentrer nos mails, mais le débit est insuffisant
pour appeler les enfants par Skype. La vallée
est une alternance de zones désertiques et de
vergers croulant sous les pommes, poires,
abricots, cerises…quand on est prés du Rio ou
des canaux d’irrigation.
En passant par Choele Choel, nous faisons un
détour par Fray Luis Beltran où j’ai eu
l’occasion de travailler à l’aménagement d’une
exploitation agricole de 28000 Ha en 1999 pour
la production de pommes de terre en zone exempte
de maladies phytosanitaires. Nous sommes reçus à
bras ouverts par l’ingénieur agronome et le
chargé des cultures du site, ils nous emmènent
« faire le tour du propriétaire »: le site
compte aujourd’hui 24 cercles d’irrigation de 55
Ha unitaires; un sur quatre étant utilisé par
rotation pour la production de P de T, les
autres pour la production de semences de blé, de
semence d’herbe pour les pâtures….Là encore,
l’irrigation a transformé un désert d’épineux et
de cactus en zone agricole fertile.
Samedi 19 février:
En dehors des oasis de verdure des zones
irriguées, la steppe patagone est d’une
monotonie persistante, seulement entrecoupée par
la traversée de quelques villages reliés entre
eux par une route droite qui se perd à
l’horizon.
Nous traversons Chimpay,
petit village ou est né Ceferino Numuncura, fils
d’un cacique Mapuche capturé par les troupes
argentines pendant « la Conquête du Désert » (
en fait: l’extermination des tribus autochtones
pour les spolier de leurs terres et les
distribuer aux éleveurs et aux futurs immigrants
). Ceferino , mort de maladie à 18 ans, fait
l’objet d’un véritable culte dans une grande
partie de l’Argentine, et il est courant pour
les argentins de placer sous sa protection les
malades ou les gens devant subir des opérations.
( J’ai moi même été recommandé à Ceferino lors
de mon pontage cardiaque en 2000, par mes
collègues de travail argentins).Nous traversons
Villa Regina puis General Roca au milieu des
vergers et des vignes avant de nous arrêter un
peu avant Neuquen, dans la Isla Jordan à
Cipoletti. Cette ile située au milieu du Rio
Negro est accessible aux piétons et véhicules
grâce à une « balsa »: bac mu uniquement par la
force du courant.
Dimanche 20 février:
Après avoir traversé Neuquen, capitale de la
province du même nom, nous retrouvons la steppe
désertique hérissée de ci de là ,de pompes à
tête de cheval qui extraient le pétrole, et font
de l’Argentine un pays auto suffisant en matière
énergétique. La bourgade de Plaza Huincul abrite
un beau petit musée ( ouvert 365 jours/an) ou
sont exposés les répliques de charmantes
bestioles qui gambadaient dans les environs il y
a quelques 150 millions d’années et dont les
restes fossilisés ont été découverts dans les
environs: l’Argentinosaurus Huiculensis ( le
plus grand dinosaure connu à ce jour; les
spécialistes estiment qu’il devait peser à peu
prés 100 tonnes) et le Giganotosaurus Carolini (
cousin sud américain du fameux Tyranosaurus
Rex). Dans la bourgade de Cutral Co, juste avant
Plaza Huincul nous nous étions arrêtés dans un
petit supermarché et avions acheté, entre autre,
du jambon, du salami, le tout emballé sous vide
et un saucisson sec pour les casse croutes des
jours suivants; à la sortie de Plaza Huincul
nous tombons sur un contrôle phyto sanitaire,
qui cette fois çi ne s’intéresse pas aux fruits
et légumes et à la transmission de la mouche des
fruits, mais saisit toute la charcuterie en
déclarant que tous les produits à base de porc
sont interdit pour empêcher la transmission de
la fièvre aphteuse….Nous avons beau expliqué
qu’il s’agit de produits industriels, contrôlés
par les services vétérinaires argentins ( du
moins, on l’espère…), conditionnés sous vide,
rien n’y fait, il faut abandonner la marchandise
« pour destruction » ( via l’estomac des
fonctionnaires chargés des contrôles, a n’en pas
douter), ou faire demi tour. On s’exécute à
regret, poursuivons notre route jusqu’à Zapala
ou nous entrons dans un supermarché de la même
enseigne, achetons les mêmes produits, provenant
de la même entreprise, et là, il n’y a pas de
risque de propagation de la fièvre aphteuse….
Lundi 21 février:
La route désertique se poursuit à perte de
vue jusqu’à Primeros Pinos, ou comme le nom
l’indique apparaissent les premiers pins (
araucaria araucana en latin, pehuen en mapuche)
annonciateurs des montagnes de la Cordillère.
C’est là également que nous abandonnons pour la
première fois l’asphalte pour attaquer le « ripio »,
heureusement en bon état; de plus la route est
large et permet les croisements en évitant les
projections de cailloux.Après 60 km de piste
nous arrivons sur le magnifique site de Villa
Pehuenia sur les bords du lac Alumine. Il y a 20
ans il n’y avait que quelques cabanes;
aujourd’hui c’est devenu un endroit très prisé,
avec des villas cachées sous les pins, des
« cabanas » ou venir passer les fins de
semaines, des hôtels et des restaurants, mais
cela reste très familial, bon enfant; pourvu que
cela dure…..Nous nous offrons un repas de roi à
la « Cantina del Pescador »: truite sauvage,
desserts au chocolat et orange confite, le tout
arrosé d’un Terrazas Malbec: le bonheur absolu,
un de ces moments qui restera gravé dans notre
mémoire pour longtemps.
Mardi 22 février:
La piste suit les rives du lac Alumine qui
sert de miroir aux montagnes environnantes. Nous
croisons un couple de suisses qui bourlingue
depuis prés de 10 ans de par le monde a bord
d’un Toyota équipé d’une cellule. Evelyne se
lance dans la conduite sur ripio et pilote
pendant les 85 km qui nous séparent de Junin de
los Andes. En descendant du Land face à l’office
de tourisme, nous sommes abordés par deux
français vivant en Uruguay et qui viennent
passer ici un mois par an pour s’adonner à leur
sport favori: la pêche à la mouche dans les
nombreuses rivières de la région. Nous allons
nous poser dans le camping Mallin Laura Vicuna
situé sur une petite ile du rio Chimehuin, car
nos amis Di Rico doivent venir nous rejoindre
demain pour faire un bout de chemin avec nous.
Mercredi 23 février:
On profite de la matinée pour faire un peu de
rangement et de nettoyage dans le Land et
partons faire à pied le tour de la ville. Nous
nous arrêtons à l’office de tourisme pour
profiter de la connexion WiFi, et à peine
installés nous voyons débarquer nos amis
Françoise et Pepe avec leurs deux filles. Après
un rapide repas nous reprenons la route en
direction du Parque Nacional Lanin distant de 70
km. Le volcan Lanin dont le sommet est couvert
de neiges éternelles se cache dans les nuages.
Nous descendons sur les bords du lac Tromen et
partageons un maté au bord de l’eau avant
d’aller nous installer dans le petit camping
(très très rustique) géré par la communauté
mapuche du lieu ( c’est gratuit, mais il est
bien séant de laisser une petite gratification
en partant ). Nos amis montent leurs tentes , on
mange autour d’un bon feu de camp et terminons à
peine le repas que la pluie commence à tomber de
plus en plus drue; elle ne s’arrêtera qu’au
matin.
Jeudi 24 février:
Il faut laisser sécher les tentes avant de les
replier (pendant le reste de leur séjour Pepe
sera condamné à emmener épouse et filles dormir
à l’hôtel tous les soirs…) On repart en
direction de Junin pour rentrer à nouveau dans
le parc par un autre accès permettant de
rejoindre le lac Huechulafquen. L’entrée du parc
est payante, ce qui est normal, mais nous devons
payer 50 pesos par personne en tant qu’
« étrangers », alors que nos amis payent 20
pesos par personne ( au tarif normal) ? Le
secrétariat au tourisme argentin n’a, à mon
avis, rien compris, au développement touristique
, qui consiste à attirer les clients , et non à
les faire fuir…Ce qui n’empêche que les abords
du lac sont un enchantement permanent, un de ces
lieux ou l’on se dit: » si je pouvais, je
reviendrais bien la semaine prochaine… » Le
retour par la piste est éprouvant: la tôle
ondulée fait vibrer Ch’ti Land à tous les
régimes, mais le pire, c’est dans les virages ou
il faut ralentir: ça vibre de partout et on a la
sensation que la cabine va tomber en morceaux,
le bruit est assourdissant. En rentrant dans
Junin de los Andes, les voitures qui nous
dépassent nous font des signes en montrant le
sol ?? , on s’arrête pour constater qu’un
raccord du réservoir supplémentaire s’est
desserré à cause des vibrations et nous perdons
du gas oil ….Je me couche sous le Land et prends
une bonne douche de gas oil, mais le raccord
s’est complétement ouvert et le joint est parti,
impossible de réparer sur place, il faut laisser
le réservoir se vider jusqu’à la dernière
goutte….Je sais qu’à côté de l’Exxon Valdez ou
de l’Erica c’est une goutte d’eau dans la mer,
mais cette pollution involontaire me met mal à
l’aise. Le raccord sera remonté avec un nouveau
joint et scellé avec de la résine époxy.
Vendredi 25 février:
Nous quittons Junin en suivant la rive
ouest du lac Lacar, car nous voulons passer par
le « vivero » ( pépinière en français)
qu’exploitent des amis belges à la frontière
entre l’Argentine et le Chili à Pucara. Route en
ripio, tôle ondulée…le chemin, large au départ
se transforme peu à peu en chemin de haute
montagne coincé entre la montagne et le ravin
surplombant le lac.Il faut rouler doucement car
la route n’est pas au gabarit de Ch’ti Land, les
branches basses des arbres frottent sur le
toit..Dans une montée abrupte le moteur cale;
vitesse courte, blocage du différentiel, rien
n’y fait, les roues patinent dans les cailloux,
impossible d’avancer. La pente est telle que le
frein à main ne suffit pas à bloquer le Land, il
faut garder le pied sur le frein. Dés que je
lâche le frein, le land recule, mais pas en
ligne droite…le profil de la route taillée au
bulldozer, le fait riper vers le ravin
!!!!Petite sueur froide…Evelyne descend pour
essayer de caler les roues avec des
pierres….mais le poids de Ch’ti land et le
diamètre de ses roues le font passer allégrement
au dessus des obstacles…. Tout doucement on
finit quand même par redescendre la pente, puis
à faire une longue marche arrière avant de
trouver un espace un peu plus large où faire
demi tour. Ouf!!! On finit la journée au calme
sur les bords du Rio Chachin avant de reprendre
la piste pour rejoindre San Martin de los Andes.
Samedi 26 février:
On prend la « route des 7 lacs » au départ de
San Martin de los Andes. Arrêt au niveau du Rio
Partido; cette rivière présente la particularité
de se diviser en 2 cours d’eau distincts, l’un
va se jeter dans l’Atlantique, l’autre préférant
aller se jeter dans le Pacifique.La route longe
plusieurs lacs dans lesquels se reflètent les
montagnes et les forêts: lacs Lacar, Machonico,
Hermoso, Falkner, Villarino, Correntoso, Espero
et pour finir le plus grand de tous: le Nahuel
Huapi qui baigne San Carlos de Bariloche et
Villa La Angostura ou nous passons la nuit après
avoir dégusté un excellent agneau patagonique
grillé.Dimanche 27 février:
Après un court passage par Bariloche que nous
connaissons déjà et qui présente peu d’intérêt (
Peron a accueilli fin 1945 à Bariloche un
certain nombre d’allemands au passé chargé, et
ces nouveaux venus ont recrée sur place une
petite bavière avec winestub, chapeau tyrolien
et culotte de peau…..) nous mettons le cap sur
El Bolson, haut lieu du mouvement hippie dans
les années 60. En route nous nous arrêtons au « Viejo
Almacen del Foyel », ancien comptoir crée au
18ème siècle et resté dans son jus. Le tenancier
est féru d’histoire et connait tout de
l’histoire de l’extermination des indiens locaux
par les troupes gouvernementales. Nous nous
étions arrêtés pour 5 mn, le temps de boire un
jus de fruit…et sommes restés prés de 2 heures.
Lundi 28 février: A
El Bolson, il y a de l’eau, des montagnes, des
arbres, du soleil…tout pousse, même l’herbe qui
fait rire…On comprend pourquoi les hippies se
sont installés ici pendant plusieurs décennies.
Aujourd’hui les hippies sont devenus
sexagénaires, certains sont restés et sont
devenus commerçants, les autres sont partis,
mais El Bolson a toujours gardé cette ambiance
de vie sans stress, où l’on prends le temps de
vivre. Nous profitons d’un camping avec
connexion WiFi jusque dans le land pour nous
accorder une journée de calme ( tout relatif
pour Evelyne qui enchaine lessive, rangement et
nettoyages divers). Nous prenons un dernier
repas avec les Di Rico qui reprennent le chemin
du retour vers Mar del Plata, entourés par une
bande de « bandurrias », oiseaux au bec recourbé
qui viendraient bien partager notre repas.
Mardi 1er mars : On
part en direction du lac Puelo, situé dans la
province du Chubut et qui sera le point ultime
de notre descente vers le sud ( pour cette fois
ci ). Bien avant d’arriver on distingue une
colonne de fumée blanche par dessus les
montagnes: un incendie de forêt a pris en
bordure du village et remonte à flancs de
montagne: certains accès au village sont déjà
coupés, les pompiers ne peuvent pas intervenir,
la pente avoisine les 45°, et il n’y a pas de
piste ou de chemins qui montent dans la montagne
dans ce secteur. Seuls 2 petits avions qui
servent aux pulvérisations sur les cultures
viennent larguer quelques centaines de litres
d’eau toutes les demi heures ( chaque avion
embarque entre 500 et 700 litres et doit aller
se poser à El Bolson pour remplir ses réservoirs
avec des tuyaux ); ici les Canadairs n’existent
pas,pas plus que les hélicoptères bombardiers
d’eau ; les moyens sont dérisoires. La montagne
brûlera pendant plus d’une semaine sur des
milliers d’hectares avant que la pluie ne
commence à tomber et n’arrête l’incendie. Nous
remettons cap au nord en direction de Villa La
Angostura d’où nous passerons demain au Chili.
Villa La Angostura abrite l’un des deux seuls
endroits au monde ou existe une forêt « d’arrayanes »;
ces arbres aux troncs couleur miel et aux formes
très tourmentées auraient inspiré Walt Disney
pour créer les arbres qui se transforment en
épouvantails dans certains dessins animés dont
« Bambi ». Là encore les politiques et
fonctionnaires en charge du tourisme ont octroyé
à une « mafia » locale l’exclusivité d’accès au
site qui ne peut se faire que par bateau au
départ de Bariloche: tarif exorbitant, cela va
sans dire.. Pour que cette arnaque ne paraisse
pas trop flagrante, il vous est possible
d’accéder au « Bosque de Arrayanes » sans
prendre le bateau, depuis un parking situé…à 12
km du site ( soit 24 km de marche en forêt aller
retour; c’est bon pour la santé, mais ça limite
sérieusement le nombre de candidats..)
Mercredi 2 mars:
Nous allons passer au Chili par le « Paso Samoré ».
Depuis le matin il pleuvine, mais la route est
belle et en parfait état. On s’arrête pour
casser la croûte un peu avant la douane
argentine car il faut vider le frigo avant de
passer au Chili. Passage de la douane argentine
pour sortir du pays et rendre le papier de
transit temporaire du Land , puis 17 km de route
en lacets dans le magnifique paysage de montagne
du » no man’s land » entre les deux postes de
douane. En 35 mn les formalités sont bouclées
pour les humains et pour le véhicule : à nous le
Chili…. Brusque changement de paysage: ici on se
croirait en Autriche ou en Allemagne: douces
collines vertes se reflétant dans les lacs, au
loin quelques volcans solitaires couronnés de
neiges éternelles, et partout des vaches
broutant paisiblement une herbe dense. On
rejoint par une piste en ripio les bords du lac
Llanquihue ou l’on trouve un camping..dont nous
serons les seuls occupants: on se pose sur le
bord du lac avec une vue imprenable sur le
volcan Osorno.
Jeudi 3 mars: Nous
partons en direction de Puerto Montt, ville qui
présente peu d’intérêt, mis à part sa
cathédrale qui date de la fondation de la ville
et qui est construite uniquement en bois. Un
petit tour en ville puis nous partons vers le
quartier « touristique » d’Angelmo où les femmes
des pêcheurs exploitent des petits restaurants
regroupés dans des bâtiments au bord de l’eau.
Chaque tenancière essaye de vous attirer dans
son local, où elle cuisine elle même au vue des
clients dans une cuisine minuscule. Nous
essayons le plat local: le « curanto »: des
moules et des praires cuisinées dans leurs jus
avec du poulet, du porc et de la
saucisse…surprenant, mais très bon. Nous
remontons par Llanquihue et Frutillar, petite
bourgade au bord du lac qui abrite chaque année
un festival de musique réputé. Une piste en
terre étroite, sinueuse et très vallonnée relie
Frutillar à Puerto Octay où nous frappons à la
porte du camping ( fermée, car la saison est
déjà terminée ) du club de chasse et de pêche.
Le jeune couple qui assure le gardiennage nous
ouvre, et nous voici une fois de plus les seuls
occupants d’un lieu idyllique au bord d’un lac,
avec vue sur les volcans…Nos hôtes, ravis que
l’on vienne rompre leur solitude, nous invitent
à une ballade en bateau pour le lendemain..
Vendredi 4 mars:
Fernanda nous emmène pour une ballade de prés de
3 heures sur le lac Llanquihue; je m’essaye (
sans succès ) à la pêche à la mode locale: un
hameçon plombé que l’on tente d’envoyer le plus
loin possible et que l’on enroule ensuite sur un
bout de tuyau de PVC…si on veut manger du
saumon, il va falloir en acheter!!! Heureusement
la ballade le long des rives du lac nous console
de nos déconvenues piscicoles..On rejoint la
fameuse Panamericana ( route n° 5) qui traverse
du nord au sud l’Amérique Centrale et l’Amérique
du Sud depuis les USA ( voie stratégique pour
insuffler l’American Way of Life aux Hispano
Americains). On rejoint le Pacifique à Niebla,
et on pousse jusqu’à Molinos pour trouver un
front de mer accueillant pour passer la nuit. Le
ressac des vagues sur la plage, c’est Zen
pendant 5 minutes…mais pendant toute la nuit, ça
finit par devenir gonflant…
Samedi 5 mars: On
se lève tôt, et avant de prendre le petit
déjeuner on va se balader le long de la plage.
Retour sur Niebla ou l’on va visiter le Fort de
la Pura y Limpia Concepcion..qui date de
l’occupation espagnole. Des batteries de canons
d’époque défendent l’accès à Valdivia qui ne
sera jamais attaquée…Le marché de poissons et de
légumes sur les bords du Rio Valdivia vaut le
détour: couleurs, odeurs fortes sont au rendez
vous, ainsi que les « lobos marinos » qui se
régalent des déchets que les poissonniers
jettent directement dans la rivière. On poursuit
en direction de Villarica, sur les bords du lac
du même nom. Le volcan Villarica domine la
région et est toujours en activité: des
fumerolles s’échappent en permanence du sommet
et la ville de Pucon ou nous passons la nuit est
équipée de sirènes et de feux tricolores
spécifiques qui donnent en permanence le niveau
d’alerte; les lieux de rassemblement et les
routes d’évacuation sont très clairement
balisées…
Dimanche 6 mars:
Direction Temuco ou nous pensons visiter la
ville et se faire un petit restau. On dégote un
parking en centre ville et partons à la
découverte….d’une ville manquant totalement
d’attrait; pas de bâtiments anciens, rien que du
béton; tous les restaurants et bars sont fermés,
c’est dimanche, et de plus l’école a repris il y
a une semaine…la saison touristique est finie.
Il ne nous reste plus qu’à retourner au Land et
à nous rabattre sur le contenu du frigo. Pas
moyen non plus de trouver une connexion
internet. Nous reprenons donc la Panamericana
vers Victoria puis Los Sauces. Du blé à perte de
vue, même sur des toutes petites parcelles.