Argentine: de Buenos Aires au lac Puelo Chili....

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Notre premier voyage

 

20 décembre 2010: Ca y est, c’est parti, le projet devient réalité. Ce matin départ sous la neige pour rallier Le Havre avec Ch’Ti Land pour son embarquement finalement programmé pour le 23 décembre sur le Grande Amburgo ( Cie Grimaldi) au lieu du 18 décembre initialement prévu. En raison des conditions climatiques, du verglas qui limite la vitesse à 30 km/h sur certaines portions d’autoroute dans la Somme, de la fameuse loi de Murphy qui veut qu’au moment précis ou nous passons l’unique poste en service au péage d’Aumale, 2 gendarmes arrêtent la voiture qui nous précède et annoncent qu’ils viennent de recevoir l’ordre de libérer les camions stockés depuis la veille sur les parkings et aires de service….ce qui prend a peu près une heure et demi…, il nous faut 7:30 heures pour parcourir les 316km entre notre domicile et le port du Havre. Seule consolation: Ch’Ti Land se comporte très bien sur la neige .

Nous avons confié les formalités d’embarquement, de passage en douane et la réservation du passage maritime à la société Clasquin ( voir Infos Pratiques); en 10 minutes les papiers sont remplis, la facture payée et un jeune employé nous guide en voiture jusque sur les quais pour la pesée , la prise des dimensions du véhicule ( notre Land ne rentrant pas dans un container, il voyage en Ro Ro, et on paye en fonction de sa longueur) que nous abandonnons sur un parking gardé dans l’enceinte du port, après avoir soigneusement vérifié que le chargement n’a pas bougé. L’employé de Clasquin, très serviable a même le gentillesse de me déposer à la gare du Havre pour reprendre le train….qui aura également quelques retards liés au conditions climatiques.    Que le soleil sud américain va nous faire du bien après cet épisode neigeux.

 

9 janvier 2011: Atterrissage à Ezeiza après un vol sans histoire sur Air France. Notre grand ami José Di Rico, nous a envoyé un de ses cousins qui officie comme « remise » pour nous accueillir et nous emmener directement à Mar del Plata qui sera notre base logistique et ou nous allons attendre l’arrivée de Ch’Ti land.

Grande joie de retrouver tous nos amis argentins, mais ( relativement ) mauvaise nouvelle: le bateau n’a appareillé que le 25 décembre et n’arrivera pas avant le 27 janvier ( au lieu du 11 initialement prévu ) soit plus de 15 jours de retard. Heureusement José a tout prévu et avec Françoise, son épouse française, ils nous accueillent dans un superbe appartement qu’ils viennent de rénover, juste à côté de chez eux, sinon, nous étions bons pour nous trouver un hôtel : mission quasi impossible en janvier à Mar del Plata , pleine époque des vacances d’été pour les argentins, sans parler du surcoût engendré.

Du 10 au 27 janvier:

Il faut prendre son mal en patience, et attendre l’arrivée du bateau; nous essayons tant bien que mal de le suivre sur internet, mais il donne rarement sa position. On nous a prévenu: un bateau prend toujours du retard, jamais d’avance. Il nous faut prés de 4 jours pour retrouver la forme, car le changement a été brutal: 3°C en partant, 37° C à l’arrivée….mais on s’adapte en suivant nos amis à la plage, et en allant faire un peu de voile au large de Mar del Plata.

Playa El Taino

 

 

28 janvier: Le Grande Amburgo s’étant amarré à Buenos Aires le 27 en cours d’après midi, nous prenons l’avion Mar del Plata/Buenos Aires le 28 au matin , et dés 9 heures nous nous présentons aux

Passage au scanner

bureaux de Grimaldi ou nous réglons les 700 US $ correspondants aux frais de déchargement par Grimaldi et aux frais de port. Le responsable de l’agence: Martin Chapavaloff est un homme très attentionné et très efficace; en 1/2 heure les documents administratifs sont bouclés et nous partons pour le terminal Rio de la Plata distant de 2km. Martin nous a remis une copie du fax qu’il a envoyé au service facturation du Terminal  précisant que tous les frais relatifs à notre importation devaient être envoyés directement à Grimaldi. Commence alors un vrai parcourt du combattant entre les bureaux de la Douane ( EMBA) et ceux des autorités  portuaires. Personne n’y met de mauvaise volonté, mais aucun service n’est capable de vous expliquer quelles sont les différentes étapes à passer ( pour ceux que ça intéresse, voir dans Infos Pratiques). Toujours est il qu’après par mal d’attente, de déplacements au pas de course entre les différents bureaux, bien évidemment disséminés dans différents secteurs du port, des surprises du genre passage du véhicule au scanner….et l’épée de Damoclès qui veut que les services du port ne travaillent pas le samedi et le dimanche…, nous récupérons Ch’ti Land intact, et finissons par sortir du port à 19:30….le bonheur absolu. Route vers Mar del Plata, ou nous arrivons samedi vers 6h du matin , aprés avoir dormi quelques heures sur la route. L’aventure peut enfin commencer.

29 janvier:

Ch’ti Land est arrivé intact, mais couvert d’une poussière grasse qui colle partout. Nous commençons par le vider, démontons les protections des fenêtres, rechargeons un minimum vital, et après lui avoir offert un bon nettoyage haute pression, nous partons rejoindre toute notre bande d’amis qui nous attendent  depuis le vendredi au camping de la plage de Mar Azul, à 100km de Mar del Plata. Arrivée vers 18 heures, juste à temps pour participer aux préparatifs de l’asado du soir, suivi d’une veillée autour d’un feu de camp directement sur la plage .

30 janvier:

En Argentine, certaines plages sont autorisée pour l’accès des véhicules , ce qui fait que les familles vont s’installer au bord de l’eau avec tentes, cannes à pêche, bateaux…et parilla pour le sacro saint asado. En ce qui nous concerne, nos amis ont prévu un « baptême » du sable pour Ch’ti Land: une ballade sur le sable jusqu’au phare Kerendi, distant de 15 km. Nous partons donc à 4 véhicules….Les premiers kilomètres sur un sable compact se passent bien, mais brusquement nous nous ensablons. On dégonfle un peu les pneus et ça repart….jusqu’à l’enlisement suivant, à quelques mètres du bord de l’eau, qui à ce moment est en pleine marée montante. On dégage à la pelle les roues , on redègonfle encore plus les pneus, toute la bande pousse et on repart. Dés qu’on est hors d’attente de la marée on règle pour la dernière fois la pression des pneus à 20 psi ( au lieu des 44 et 65 psi de gonflage initial ).

Après un pique nique sous les arbres on rentre au camping sans plus de problèmes…..sauf qu’il faut ensuite se trainer à 30 à l’heure jusqu’à la plus proche station service pour regonfler les pneus. Leçon apprise: sur le sable il ne faut pas hésiter à descendre la pression jusqu’à 20 psi ( voir moins si nécessaire), mais il est vivement recommandé d’avoir un bon compresseur à raccorder sur l’allume cigares ( pas de ceux à 20 euros en vente dans les grandes surfaces, qui sont juste bons pour gonfler des pneus de bicyclettes).

Du 31 janvier au 10 février:

Cette période est mise à profit pour effectuer divers travaux sur Ch’ti Land: tout d’abord un nettoyage complet, extérieur et intérieur, pour enlever la poussière grasse qui recouvre tout le véhicule, ensuite installation d’un lanterneau Seitz Midi Heiki, amené de France, mais que nous n’avions pas eu le temps d’installer avant le départ. Pour se conformer à la réglementation argentine qui veut que rien ne déborde de l’aplomb du pare chocs, nous devons faire réaliser un nouveau pare chocs arrière en polyester par une carrosserie située dans le parc industriel de Mar del Plata, car le panier porte roue de secours dépassait de 4cm l’ancien pare chocs. Compte tenu que nous allons vers le Sud ou de nombreuses routes sont en « ripio », nous préférons faire installer de suite les 4 pneus Michelin 7.5 R 16 que nous avons amené également de France ( ils coûtent environs 25 euros de plus ici par unité). On fait également le tour des magasins de fournitures pour automobiles pour trouver l’autocollant 110km/h , obligatoire sur les « camionnettes » et les bandes réfléchissantes rouges également obligatoires. Les jours passent à toute vitesse, et nous sommes enfin prêts à prendre la route le jeudi 10 février, non sans avoir au préalable collé sur la capucine de Ch’ti Land l’autocollant à son éfigie et notre adresse Web, que nous avons fait imprimer à Mar del Plata, grâce au dessin de notre ami Michel et de la vectorisation effectuée par  » Coté Pixel ».

Jeudi 10 février:

Après avoir chargé les dernières provisions, nous procédons avec quelques amis au « Baptême » de Ch’ti Land , revêtu de ses nouvelles décorations. Quelques gouttes de champagne ( argentin) sue le capot , sur les roues…et le voila prêt à prendre la route de l’aventure. Ca démarre bien, mais à 7 km de notre départ, en traversant le village de Batan, gros choc mécanique au niveau du moteur qui se met à tourner sur 3 pattes et cale au bout de quelques secondes, me laissant

juste le temps de rejoindre le bas côté, à l’emplacement d’un arrêt de bus. Les essais de redémarrage demeurent sans résultats, mais le bruit du relais situé sous le siège passager me laisse deviner l’origine du problème. Démontage du siège passager, débranchement des fiches alimentant le boitier de contrôle électronique, et, surprise: de l’huile noire s’écoule d’une des prises et du boitier….qui ne comprend que des composants électroniques…Gros grattage de crane, mais le mystère reste entier.  Nous appelons l’ami Pepe à la rescousse, et 15mn plus tard il arrive avec sa voiture et un gros 4×4 pour nous remorquer jusqu’au hangar où nous remisons notre Land. Personne ne comprend d’où peut bien venir cette huile. En consultant Internet le soir même, on découvre sur le site du Club Land Rover Argentina qu’il s’agit en fait d’un problème bien connu: la remontée par capillarité d’huile au travers des câbles électriques des capteurs de pression des injecteurs…….Solution: faire ouvrir le boitier électronique par un pro, et tout nettoyer à la bombe pour contacts ( alcool iso propylique); idem pour la fiche de connexion. On profite de l’intervention du garagiste pour recharger la batterie , et le samedi 12 en début d’après midi, on est a nouveau prêts à prendre la route.

Samedi 12 février: Contact, ça démarre, on retraverse Batan,…..et on retombe en panne, non plus à 7 km, mais à 20 km de notre point de départ…y’a du mieux.

Allo Pepe……et nous voici de nouveau remorqués jusqu’au hangar. Cette fois çi, rien au niveau du boitier, mais un contrôle de la tension de la batterie montre qu’elle n’est plus qu’à 11,47 volts au lieu des 12.7 volts de la veille. Bizarre…. Le dimanche se passe dans l’attente du lundi matin qui nous voit faire le tour des garages spécialisés en électricité automobile. Diagnostique sans appel : c’est l’alternateur qui ne charge plus, malheureusement le garage qui a identifié l’origine de la panne ne répare pas les alternateurs, mais nous dirige vers un collègue qui est d’accord de nous prendre entre 2 réparations. On y fonce par nos propres moyens après avoir regonflé la batterie, et le mardi midi la panne est enfin réparée: l’alternateur n’a rien, c’était en fait le régulateur qui était défaillant et ne permettait plus la charge de la batterie. Les problèmes imputés à l’huile dans le boitier n’étaient en réalité qu’une conséquence et non la cause première….Tout est plus simple quand on connait l’explication.

Mardi 15 février après midi:

Enfin le grand départ, et cette fois çi , tout se passe pour le mieux, plus le moindre problème, Ch’ti Land roule comme une horloge et nous amène en 2 heures jusqu’à Necochea  qui sera le terme de notre première étape.

16 et 17 février: Nous allons suivre la côte atlantique jusqu’à Bahia Blanca avant de piquer plein ouest pour suivre la vallée du Rio Colorado jusqu’à la Cordillère des Andes.La route vers Tres Arroyos traverse la Pampa, ou s’étendent à perte de vue les champs de soja ( encore vert et dont la récolte débutera début avril) et ceux de tournesol prêts à être récoltés . Les pâturages où paissent tranquillement les futures « meilleurs steaks du monde » ont cédé pas mal de place à l’omniprésent soja. Nous rejoignons la côte à Monte Hermoso , plage branchée crée de toutes pièces il y a quelques années. La traversée de Bahia Blanca et de son énorme pôle chimique et pétrolier n’a rien de passionnant: friches industrielles, usines énormes recrachant des  fumées plus ou moins toxiques, camions de toutes parts….vivement la vallée du Rio Colorado et ses vergers.

Vendredi 18 février:

On profite du Wi Fi de la station Esso pour rentrer nos mails, mais le débit est insuffisant pour appeler les enfants par Skype. La vallée est une alternance de zones désertiques et de vergers croulant sous les pommes, poires, abricots, cerises…quand on est prés du Rio ou des canaux d’irrigation.

En passant par Choele Choel, nous faisons un détour par Fray Luis Beltran où j’ai eu l’occasion de travailler à l’aménagement d’une exploitation agricole de 28000 Ha en 1999 pour la production de pommes de terre en zone exempte de maladies phytosanitaires. Nous sommes reçus à bras ouverts par l’ingénieur agronome et le chargé des cultures du site, ils nous emmènent « faire le tour du propriétaire »: le site compte aujourd’hui 24 cercles d’irrigation de 55 Ha unitaires; un sur quatre étant utilisé par rotation pour la production de P de T, les autres pour la production de semences de blé, de semence d’herbe pour les pâtures….Là encore, l’irrigation a transformé un désert d’épineux et de cactus en zone agricole fertile.

Samedi 19 février: En dehors des oasis de verdure des zones irriguées, la steppe patagone est d’une monotonie persistante, seulement entrecoupée par la traversée de quelques villages reliés entre eux par une route droite qui se perd à l’horizon.

Rio Negro depuis l'Isla Jordan

 

 

Nous traversons Chimpay, petit village ou est né Ceferino Numuncura, fils d’un cacique Mapuche capturé par les troupes argentines pendant « la Conquête du Désert » ( en fait: l’extermination des tribus autochtones pour les spolier de leurs terres et les distribuer aux éleveurs et aux futurs immigrants ). Ceferino , mort de maladie à 18 ans, fait l’objet d’un véritable culte dans une grande partie de l’Argentine, et il est courant pour les argentins de placer sous sa protection les malades ou les gens devant subir des opérations. ( J’ai moi même été recommandé à Ceferino lors de mon pontage cardiaque en 2000, par mes collègues de travail argentins).Nous traversons Villa Regina puis General Roca au milieu des vergers et des vignes avant de nous arrêter un peu avant Neuquen, dans la Isla Jordan à Cipoletti. Cette ile située au milieu du Rio Negro est accessible aux piétons et véhicules grâce à une « balsa »: bac mu uniquement par la force du courant.

Dimanche 20 février:

Après avoir traversé Neuquen, capitale de la province du même nom, nous retrouvons la steppe désertique hérissée de ci  de là ,de pompes à tête de cheval qui extraient le pétrole, et font de l’Argentine un pays auto suffisant en matière énergétique. La bourgade de Plaza Huincul abrite un beau petit musée ( ouvert 365 jours/an) ou sont exposés les répliques de charmantes bestioles qui gambadaient dans les environs il y a quelques 150 millions d’années et dont les restes fossilisés ont été découverts dans les environs: l’Argentinosaurus Huiculensis ( le plus grand dinosaure connu à ce jour; les spécialistes estiment qu’il devait peser à peu prés 100 tonnes) et le Giganotosaurus Carolini ( cousin sud américain du fameux Tyranosaurus Rex). Dans la bourgade de Cutral Co, juste avant Plaza Huincul nous nous étions arrêtés dans un petit supermarché et avions acheté, entre autre, du jambon, du salami, le tout emballé sous vide et un saucisson sec pour les casse croutes des jours suivants; à la sortie de Plaza Huincul nous tombons sur un contrôle phyto sanitaire, qui cette fois çi ne s’intéresse pas aux fruits et légumes et à la transmission de la mouche des fruits, mais saisit toute la charcuterie en déclarant que tous les produits à base de porc sont interdit pour empêcher la transmission de la fièvre aphteuse….Nous avons beau expliqué qu’il s’agit de produits industriels, contrôlés par les services vétérinaires argentins ( du moins, on l’espère…), conditionnés sous vide, rien n’y fait, il faut abandonner la marchandise « pour destruction » ( via l’estomac des fonctionnaires chargés des contrôles, a n’en pas douter), ou faire demi tour. On s’exécute à regret, poursuivons notre route jusqu’à Zapala ou nous entrons dans un supermarché de la même enseigne, achetons les mêmes produits, provenant de la même entreprise,  et là, il n’y a pas de risque de propagation de la fièvre aphteuse….

Lundi 21 février:

 La route désertique se poursuit à perte de vue jusqu’à Primeros Pinos, ou comme le nom l’indique apparaissent les premiers pins ( araucaria araucana  en latin, pehuen en mapuche) annonciateurs des montagnes de la Cordillère. C’est là également que nous abandonnons pour la première fois l’asphalte pour attaquer le « ripio », heureusement en bon état; de plus la route est large et permet les croisements en évitant les projections de cailloux.Après 60 km de piste nous arrivons sur le magnifique site de Villa Pehuenia sur les bords du lac Alumine. Il y a 20 ans il n’y avait que quelques cabanes; aujourd’hui c’est devenu un endroit très prisé, avec des villas cachées sous les pins, des « cabanas » ou venir passer les fins de semaines, des hôtels et des restaurants, mais cela reste très familial, bon enfant; pourvu que cela dure…..Nous nous offrons un repas de roi à la « Cantina del Pescador »: truite sauvage, desserts au chocolat et orange confite, le tout arrosé d’un Terrazas Malbec: le bonheur absolu, un de ces moments qui restera gravé dans notre mémoire pour longtemps.

Mardi 22 février:

La piste suit les rives du lac Alumine qui sert de miroir aux montagnes environnantes. Nous croisons un couple de suisses qui bourlingue depuis prés de 10 ans de par le monde a bord d’un Toyota équipé d’une cellule. Evelyne se lance dans la conduite sur ripio et pilote pendant les 85 km qui nous séparent de Junin de los Andes. En descendant du Land face à l’office de tourisme, nous sommes abordés par deux français vivant en Uruguay et  qui viennent passer ici un mois par an pour s’adonner à leur sport favori: la pêche à la mouche dans les nombreuses rivières de la région. Nous allons nous poser dans le camping Mallin Laura Vicuna situé sur une petite ile du rio Chimehuin, car nos amis Di Rico doivent venir nous rejoindre demain pour faire un bout de chemin avec nous.

Mercredi 23 février: On profite de la matinée pour faire un peu de rangement et de nettoyage dans le Land et partons faire à pied le tour de la ville. Nous nous arrêtons à l’office de tourisme pour profiter de la connexion  WiFi, et à peine installés nous voyons débarquer nos amis Françoise et Pepe avec leurs deux filles. Après un rapide repas nous reprenons la route en direction du Parque Nacional Lanin distant de 70 km. Le volcan Lanin dont le sommet est couvert de neiges éternelles se cache dans les nuages. Nous descendons sur les bords du lac Tromen et partageons un maté au bord de l’eau avant d’aller nous installer dans le petit camping (très très rustique) géré par la communauté mapuche du lieu ( c’est gratuit, mais il est bien séant de laisser une petite gratification  en partant ). Nos amis montent leurs tentes , on mange autour d’un bon feu de camp et terminons à peine le repas que la pluie commence à tomber de plus en plus drue; elle ne s’arrêtera qu’au matin.

Jeudi 24 février: Il faut laisser sécher les tentes avant de les replier (pendant le reste de leur séjour Pepe sera condamné à emmener épouse et filles dormir à l’hôtel tous les soirs…) On repart en direction de Junin pour rentrer à nouveau dans le parc par un autre accès permettant de rejoindre le lac Huechulafquen. L’entrée du parc est payante, ce qui est normal, mais nous devons payer 50 pesos par personne en tant qu’ « étrangers », alors que nos amis payent 20 pesos par personne ( au tarif normal) ? Le secrétariat au tourisme argentin n’a, à mon avis, rien compris, au développement touristique , qui consiste à attirer les clients , et non à les faire fuir…Ce qui n’empêche que les abords du lac sont un enchantement permanent, un de ces lieux ou l’on se dit:  » si je pouvais, je reviendrais bien la semaine prochaine… » Le retour par la piste est éprouvant: la tôle ondulée fait vibrer Ch’ti Land à tous les régimes, mais le pire, c’est dans les virages ou il faut ralentir: ça vibre de partout et on a la sensation que la cabine va tomber en morceaux, le bruit est assourdissant. En rentrant dans Junin de los Andes, les voitures qui nous dépassent nous font des signes en montrant le sol ?? , on s’arrête pour constater qu’un raccord du réservoir supplémentaire s’est desserré  à cause des vibrations et nous perdons du gas oil ….Je me couche sous le Land et prends une bonne douche de gas oil, mais le raccord s’est complétement ouvert et le joint est parti, impossible de réparer sur place, il faut laisser le réservoir se vider jusqu’à la dernière goutte….Je sais qu’à côté de l’Exxon Valdez ou de l’Erica c’est une goutte d’eau dans la mer, mais cette pollution involontaire me met mal à l’aise. Le raccord sera remonté avec un nouveau joint et scellé avec de la résine époxy.

Vendredi 25 février: Nous quittons Junin en suivant la rive ouest du lac Lacar, car nous voulons passer par le « vivero » ( pépinière en français) qu’exploitent des amis belges à la frontière entre l’Argentine et le Chili à Pucara. Route en ripio, tôle ondulée…le chemin, large au départ se transforme peu à peu en chemin de haute montagne coincé entre la montagne et le ravin surplombant le lac.Il faut rouler doucement car la route n’est pas au gabarit de Ch’ti Land, les branches basses des arbres frottent sur le toit..Dans une montée abrupte le moteur cale; vitesse courte, blocage du différentiel, rien n’y fait, les roues patinent dans les cailloux, impossible d’avancer. La pente est telle que le frein à main ne suffit pas à bloquer le Land, il faut garder le pied sur le frein. Dés que je lâche le frein, le land recule, mais pas en ligne droite…le profil de la route taillée au bulldozer, le fait riper vers le ravin !!!!Petite sueur froide…Evelyne descend pour essayer de caler les roues avec des pierres….mais le poids de Ch’ti land et le diamètre de ses roues le font passer allégrement au dessus des obstacles…. Tout doucement on finit quand même par redescendre la pente, puis à faire une longue marche arrière avant de trouver un espace un peu plus large où faire demi tour.  Ouf!!! On finit la journée au calme sur les bords du Rio Chachin avant de reprendre la piste pour rejoindre San Martin de los Andes.

Samedi 26 février: On prend  la « route des 7 lacs » au départ de San Martin de los Andes. Arrêt au niveau du Rio Partido; cette rivière présente la particularité de se diviser en 2 cours d’eau distincts, l’un va se jeter dans l’Atlantique, l’autre préférant aller se jeter dans le Pacifique.La route longe plusieurs lacs dans lesquels se reflètent les montagnes et les forêts: lacs Lacar, Machonico, Hermoso, Falkner, Villarino, Correntoso, Espero et pour finir le plus grand de tous: le Nahuel Huapi qui baigne San Carlos de Bariloche et Villa La Angostura ou nous passons la nuit après avoir dégusté un excellent agneau patagonique grillé.Dimanche 27 février: Après un court passage par Bariloche que nous connaissons déjà et qui présente peu d’intérêt ( Peron a accueilli fin 1945 à Bariloche un certain nombre d’allemands au passé chargé, et ces nouveaux venus ont recrée sur place une petite bavière avec winestub, chapeau tyrolien et culotte de peau…..) nous mettons le cap sur El Bolson, haut lieu du mouvement hippie dans les années 60. En route nous nous arrêtons au « Viejo Almacen del Foyel », ancien comptoir crée au 18ème siècle et resté dans son jus. Le tenancier est féru d’histoire et connait tout de l’histoire de l’extermination des indiens locaux par les troupes gouvernementales. Nous nous étions arrêtés pour 5 mn, le temps de boire un jus de fruit…et sommes restés prés de 2 heures.

Lundi 28 février: A El Bolson, il y a de l’eau, des montagnes, des arbres, du soleil…tout pousse, même l’herbe qui fait rire…On comprend pourquoi les hippies se sont installés ici pendant plusieurs décennies. Aujourd’hui les hippies sont devenus sexagénaires, certains sont restés et sont devenus commerçants, les autres sont partis, mais El Bolson a toujours gardé cette ambiance de vie sans stress, où l’on prends le temps de vivre. Nous profitons d’un camping avec connexion WiFi jusque dans le land pour nous accorder une journée de calme ( tout relatif pour Evelyne qui enchaine lessive, rangement et nettoyages divers). Nous prenons un dernier repas avec les Di Rico qui reprennent le chemin du retour vers Mar del Plata, entourés par une bande de « bandurrias », oiseaux au bec recourbé qui viendraient bien partager notre repas.

Mardi 1er mars : On part en direction du lac Puelo, situé dans la province du Chubut et qui sera le point ultime de notre descente vers le sud ( pour cette fois ci ). Bien avant d’arriver on distingue une colonne de fumée blanche par dessus les montagnes: un incendie de forêt a pris en bordure du village et remonte à flancs de montagne: certains accès au village sont déjà coupés, les pompiers ne peuvent pas intervenir, la pente avoisine les 45°, et il n’y a pas de piste ou de chemins qui montent dans la montagne dans ce secteur. Seuls 2 petits avions qui servent aux pulvérisations sur les cultures viennent larguer quelques centaines de litres d’eau toutes les demi heures ( chaque avion embarque entre 500 et 700 litres et doit aller se poser à El Bolson pour remplir ses réservoirs avec des tuyaux ); ici les Canadairs n’existent pas,pas plus que les hélicoptères bombardiers d’eau ; les moyens sont dérisoires. La montagne brûlera pendant plus d’une semaine sur des milliers d’hectares avant que la pluie ne commence à tomber et n’arrête l’incendie. Nous remettons cap au nord en direction de Villa La Angostura d’où nous passerons demain au Chili. Villa La Angostura abrite l’un des deux seuls endroits au monde ou existe une forêt « d’arrayanes »; ces arbres aux troncs couleur miel et aux formes très tourmentées auraient inspiré Walt Disney pour créer les arbres qui se transforment en épouvantails dans certains dessins animés dont « Bambi ». Là encore les politiques et fonctionnaires en charge du tourisme ont octroyé à une « mafia » locale l’exclusivité d’accès au site qui ne peut se faire que par bateau au départ de Bariloche: tarif exorbitant, cela va sans dire.. Pour que cette arnaque ne paraisse pas trop flagrante, il vous est possible d’accéder au « Bosque de Arrayanes » sans prendre le bateau, depuis un parking situé…à 12 km du site ( soit 24 km de marche en forêt aller retour; c’est bon pour la santé, mais ça limite sérieusement le nombre de candidats..)

Mercredi 2 mars: Nous allons passer au Chili par le « Paso Samoré ». Depuis le matin il pleuvine, mais la route  est belle et en parfait état. On s’arrête pour casser la croûte un peu avant la douane argentine car il faut vider le frigo avant de passer au Chili. Passage de la douane argentine pour sortir du pays et rendre le papier de transit temporaire du Land , puis 17 km de route en lacets dans le magnifique paysage de montagne du  » no man’s land » entre les deux postes de douane. En 35 mn les formalités sont bouclées pour les humains et pour le véhicule : à nous le Chili…. Brusque changement de paysage: ici on se croirait en Autriche ou en Allemagne: douces collines vertes se reflétant dans les lacs, au loin quelques volcans solitaires couronnés de neiges éternelles, et partout des vaches broutant paisiblement une herbe dense. On rejoint par une piste en ripio les bords du lac Llanquihue ou l’on trouve un camping..dont nous serons les seuls occupants: on se pose sur le bord du lac avec une vue imprenable sur le volcan Osorno.

Jeudi 3 mars: Nous partons en direction de Puerto Montt, ville qui présente peu d’intérêt, mis à part sa cathédrale  qui date de la fondation de la ville et qui est construite uniquement en bois. Un petit tour en ville puis nous partons vers le quartier « touristique » d’Angelmo où les femmes des pêcheurs exploitent des petits restaurants regroupés dans des bâtiments au bord de l’eau. Chaque tenancière essaye de vous attirer dans son local, où elle cuisine elle même au vue des clients dans une cuisine minuscule. Nous essayons le plat local: le « curanto »: des moules et des praires cuisinées dans leurs jus avec du poulet, du porc et de la saucisse…surprenant, mais très bon. Nous remontons par Llanquihue et Frutillar, petite bourgade au bord du lac qui abrite chaque année un festival de musique réputé. Une piste en terre étroite, sinueuse et très vallonnée relie Frutillar à Puerto Octay où nous frappons à la porte du camping ( fermée, car la saison est déjà terminée ) du club de chasse et de pêche. Le jeune couple qui assure le gardiennage nous ouvre, et nous voici une fois de plus les seuls occupants d’un lieu idyllique au bord d’un lac, avec vue sur les volcans…Nos hôtes, ravis que l’on vienne rompre leur solitude, nous invitent à une ballade en bateau pour le lendemain..

Vendredi 4 mars: Fernanda nous emmène pour une ballade de prés de 3 heures sur le lac Llanquihue; je m’essaye ( sans succès ) à la pêche à la mode locale: un hameçon plombé que l’on tente d’envoyer le plus loin possible et que l’on enroule ensuite sur un bout de tuyau de PVC…si on veut manger du saumon, il va falloir en acheter!!! Heureusement la ballade le long des rives du lac nous console de nos déconvenues piscicoles..On rejoint la fameuse Panamericana ( route n° 5) qui traverse du nord au sud l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud depuis les USA ( voie stratégique pour insuffler l’American Way of Life aux Hispano Americains). On rejoint le Pacifique à Niebla, et on pousse jusqu’à Molinos pour trouver un front de mer accueillant pour passer la nuit. Le ressac des vagues sur la plage, c’est Zen pendant 5 minutes…mais pendant toute la nuit, ça finit par devenir gonflant…

Samedi 5 mars: On se lève tôt, et avant de prendre le petit déjeuner on va se balader le long de la plage. Retour sur Niebla ou l’on va visiter le Fort de la Pura y Limpia Concepcion..qui date de l’occupation espagnole. Des batteries de canons d’époque défendent l’accès à Valdivia qui ne sera jamais attaquée…Le marché de poissons et de légumes sur les bords du Rio Valdivia vaut le détour: couleurs, odeurs fortes sont au rendez vous, ainsi que les « lobos marinos » qui se régalent des déchets  que les poissonniers jettent directement dans la rivière. On poursuit en direction de Villarica, sur les bords du lac du même nom. Le volcan Villarica domine la région et est toujours en activité: des fumerolles s’échappent en permanence du sommet et la ville de Pucon ou nous passons la nuit est équipée de sirènes et de feux tricolores spécifiques qui donnent en permanence le niveau d’alerte; les lieux de rassemblement et les routes d’évacuation sont très clairement balisées…

Dimanche 6 mars:

Direction Temuco ou nous pensons visiter la ville et se faire un petit restau. On dégote un parking en centre ville et partons à la découverte….d’une ville manquant totalement d’attrait; pas de bâtiments anciens, rien que du béton; tous les restaurants et bars sont fermés, c’est dimanche, et de plus l’école a repris il y a une semaine…la saison touristique est finie. Il ne nous reste plus qu’à retourner au Land et à nous rabattre sur le contenu du frigo. Pas moyen non plus de trouver une connexion internet. Nous reprenons donc la Panamericana vers Victoria puis Los Sauces. Du blé à perte de vue, même sur des toutes petites parcelles.